C'est le 7 mars. Qu'est-ce qui a marqué le théâtre québécois aujourd'hui? Lisez plus bas.
1945: Naissance de Raymond Bouchard
Né à Lauzon (maintenant fusionnée avec Lévis) en banlieue de Québec, Raymond Bouchard a reçu sa formation du Conservatoire d'art dramatique de Montréal (cohorte 1970). Il commencera sa carrière dans la Vieille Capitale, jouant tour à tour des créations et des classiques, avec de petites compagnies débutantes et la troupe institutionnelle, le Trident qui fait ses débuts. Il est d'ailleurs de la création de Goglu de Jean Barbeau du Théâtre Quotidien de Québec (été 1970) et de 0-71 du même auteur, première production du Trident (printemps 1971). Il jouera beaucoup au Trident, multipliant les productions et variant les répertoires: Charbonneau et le Chef de McDonaugh, Le Cirque Badaboum 1 de Pierre Fortin, La Mort d'un commis-voyageur d'Arthur Miller, Pygmalion de George Bernard Shaw, La Vie exemplaire d'Alcide 1er le pharamineux et de sa proche descendance d'André Ricard, Six personnages en quête d'acteurs de Pirandello, Une Brosse de Jean Barbeau et The Shadow Box (Le Jardin des ombres) de Michael Cristofer. À Montréal, il jouera partout: La Licorne, Duceppe, le Rideau Vert... et sera recruté par Olivier Reichenbach pour être de la troupe permanente du TNM, aventure qui durera deux ans. Il sera de Cul-de-sac au 7e ciel de Caryl Churchill, Arlequin, serviteur de deux maîtres de Goldoni, Amadeus de Peter Shaffer, Le Tartuffe de Molière et Othello de Shakespeare. En plus d'être le premier Alex II du Vrai Monde? de Michel Tremblay, il est un Argan mémorable dans Le Malade imaginaire de Molière mis en scène par André Montmorency au TNM, le Marc-Antoine Petit de la création du Gars de Québec de Tremblay d'après Gogol, Mioussov dans Je veux voir Mioussov chez Duceppe et Sganarelle dans Le Médecin malgré lui de Molière au Rideau Vert. Il prendra un congé de théâtre pendant un moment, occupé par une multitude de contrats à la télé et au cinéma (L'Or et le Papier, Scoop, Réseaux, Annie et ses hommes, Bunker, le Cirque, la Grande Séduction, La Vie avec mon père, Bluff, De père en flic, Funkytown...) mais reviendra à ses premières amours pour jouer le rôle titre dans L'Oratorio de Noël de Michel Tremblay chez Duceppe, deviendra Louis le Juste dans En cas de pluie, aucun remboursement de Simon Boudreault par le Petit Théâtre du Nord lors de la reprise chez Duceppe, Lady Bracknell (!) dans L'Importance d'être constant d'Oscar Wilde au TNM, le père dans Le Schpountz d'Emmanuel Reichenbach d'après Pagnol dans une mise en scène de Denise Filiatrault au Rideau Vert et en tournée ainsi que dans Le Placard de Francis Veber au Théâtre de Rougemont des Productions Jean-Bernard Hébert en 2023 et en tournée en 2024. Bonne fête, Raymond !
1985: Création de Le Facteur Réalité de René Gingras dans une mise en scène de Daniel Roussel au Théâtre d’Aujourd’hui, rue Papineau (Montréal)
Après ses études en interprétation à l'École Nationale de Théâtre et en traduction à McGill, René Gingras a écrit sept pièces (dont Syncope qui a remporté le Prix du Gouverneur Général), mais est surtout devenu un de nos grands traducteurs de théâtre, adaptant Williams, Miller, Stoppard, Elton et Strickland de l'anglais au français, et Gorki et Tchekhov du russe au français en collaboration. Avec sa pièce Le Facteur réalité, Gilbert Lepage le fait entrer par la grande porte du tout petit Théâtre d'Aujourd'hui, pas encore déménagé sur Saint-Denis. Le metteur en scène Daniel Roussel s'entoure d'une équipe de concepteurs et de comédiens de feu: Claude Goyette (décor), Mérédith Caron (costumes), Claude Accolas (éclairages), Michel Robidoux (musique, sons et bande sonore à partir des musiques de Nina Hagen, Keith Jarrett et Philip Glass) et Martin L'Abbé (vidéo). Sur scène? Lothaire Bluteau, Robert Lalonde, Sylvie Léonard, Adèle Reinhardt et Marthe Turgeon. La pièce a été publiée dans la collection Théâtre Leméac.
1990: Création d'O'Neill d'Anne Legault dans une mise en scène de René Richard Cyr au Théâtre du Rideau Vert (Montréal) en coproduction avec le Théâtre français du Centre National des Arts (Ottawa)
Inspirée de la vie du dramaturge américain Eugene O'Neill, l'auteure québécoise Anne Legault (La Visite des sauvages, Gauvreau) écrivait cette pièce originale qui réunissait la famille du grand écrivain sur scène. C'est Benoît Girard qui incarnait l'auteur de Désir sous les ormes et Le Long Voyage vers la nuit. Hélène Loiselle, pour sa part, jouait sa mère, Gérard Poirier était son père, Guy Nadon devenait son frère Jamie, Michèle Magny sa femme Carlotta, Anne Dorval sa fille Oona, Pierre Rochette Lefebvre (qui a ensuite changé son nom pour s'appeler Pierre Monet-Bach) devenait son fils Shane et Luc Picard jouait le jeune homme. 10 représentations étaient ensuite données en avril à Ottawa.
2004: Décès de Mimi D’Estée (Reine Leborgne)
Mimi D'Estée en 1941.
Une des doyennes de l'Union des artistes, Mimi D'Estée, née Reine Leborgne en Bretagne en 1908, est décédée à 96 ans à Montréal. Elle est arrivée au Québec avec ses parents à l'âge de 5 ans. Elle a commencé à jouer au Théâtre National à seulement 11 ans auprès de Pierre Durand. C'est à 16 ans qu'elle fait ses débuts comme comédienne professionnelle. Elle se fera remarquer rapidement dans des drames et des mélodrames, appréciée tant pour la profondeur de son jeu - étonnant à un si jeune âge - que par sa diction et son élégance. Elle jouera sur toutes les scènes montréalaises et, dès le milieu des années 20, se retrouvera avec les vedettes de l'époque, Fred Barry, Albert Duquesne et Bella Ouellette. Elle sera la première épouse d'Henry Deyglun qui, plus tard, bien sûr, mariera Janine Sutto. Pendant les années 30, Mimi D'Estée est de l'aventure du Montreal Repertory Theatre français puis fait partie du groupe d'artistes qui fondera le Théâtre Stella qui, on le sait, deviendra l'emplacement du Rideau Vert dont elle sera aussi de l'équipe de fondation. En plus de jouer sur scène, elle fait de la radio, notamment dans les séries de Deyglun, et de la télévision (La Pension Velder, Le Clan Beaulieu). Au cinéma, on la verra dans quelques films américains (Agnes of God auprès de Jane Fonda, notamment) et elle deviendra une sorte de muse pour Léa Pool qui la fera jouer dans Mouvements du désir et À corps perdu.
2017: Création de Sylvie aime Maurice de Florence Longpré et Nicolas Michon dans une mise en scène de Nicolas Michon, une production du Théâtre du Grand Cheval en codiffusion avec le Théâtre de la Manufacture au Théâtre La Licorne (Montréal)
En plus de collaborer sur l'excellente série télé M'entends-tu? que Florence Longpré a conçue et coscénarisée avec Nicolas Michon (et Pascale Renaud-Hébert), le duo d'amis a coécrit cette deuxième pièce ensemble après Chlore qui avait été présentée à La Petite Licorne en 2012. Composaient la distribution de Sylvie aime Maurice: Florence Longpré, Mathieu Lepage, Fabiola N. Aladin, Frédérike Bédard, Fayolle Jean, Frédéric Blanchette, José Dufour, Yves Morin et Guillaume Rodrigue.
2023: Création de N'essuie jamais de larmes sans gants d'après le roman de Jonas Gardell dans une mise en scène d'Alexandre Fecteau et une adaptation théâtrale de Véronique Côté, une coproduction du Théâtre du Trident et du Collection Nous sommes ici (Québec)
Après avoir remporté un grand succès lors de sa création au Trident à Québec, toute la troupe de cette production colossale se transportait à Montréal du 6 au 17 décembre 2023 pour une série de représentations dans l'immense Théâtre Jean-Duceppe de la Place des Arts, triomphant à nouveau. Olivier Arteau, Maxime Beauregard-Martin, Gabriel Cloutier Tremblay, Véronique Côté, Laurent Fecteau Nadeau, Hugues Frenette, Érika Gagnon, Jonathan Gagnon, Israël Gamache, Samuel La Rochelle, Carla Mezquita Honhon, Maxime Robin et les musiciens Anne-Marie Bernard (pianiste), Jean-François Gagné (violoniste), Marie-Loup Cottinet (violoncelliste) et Karina Laliberté (altiste) nous faisaient cadeau de la vision formidable du metteur en scène Alexandre Fecteau.
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