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  • Photo du rédacteurYanik Comeau

7 juin

Dernière mise à jour : 8 juin 2023

C'est le 7 juin et Théâtralités souligne les événements qui ont marqué le théâtre québécois.


1871: Naissance de Jean-Paul Filion


Né à Montréal sous le nom Joseph-Phileas Filion, le comédien, auteur et directeur artistique Jean-Paul Filion (le nom de scène qu'il adopte) fait partie de la toute première génération d'acteurs professionnels québécois. Avec Elzéar Hamel et Palmieri, il forme un redouble trio. Avant ça, il fait ses débuts avec la Troupe franco-canadienne, première compagnie de théâtre formée d'artistes nés ici, notamment Blanche de la Sablonnière, Victor Brazeau et Louis Labelle. La troupe se produit au Théâtre Lyceum à l'angle des rue Saint-Dominique et Sainte-Catherine et présente des drames et des mélodrames français contemporains (parce que nous n'avons pas encore d'auteurs québécois à l'époque) pendant l'été 1887. En novembre 1898, avec l'inauguration du Théâtre des Variétés, il pourra vivre exclusivement de son métier. En 1900, il passe au Théâtre National où il restera pendant 17 ans. Dans le Dictionnaire des artistes du théâtre québécois, Jean-Marc Larrue nous parle de son interprétation du rôle de Flambeau dans L'Aiglon d'Edmond Rostand qu'il reprendra plus d'une dizaine de fois entre 1904 au National et 1917 au Théâtre Canadien. Son jeu est considéré nuancé et intense pour l'époque. Il excelle autant dans des comédies, L'Amour veille de Robert de Flers et Gaston de Caillavet et L'Abbé Constantin de Ludovic Halévy, deux pièces dans lesquelles il joue des curés. Après le National, il jouera au Théâtre Canadien avec l'Alliance artistique, au Family avec la troupe de Bella Ouellette et au Saint-Denis où il reprendra son rôle dans L'Aiglon, cette fois aux côtés d'Antoinette Giroux, une autre des grandes vedettes de l'époque. Il participera aussi à des opérettes, des comédies musicales et des revues avant de mettre fin à sa carrière d'acteur en 1930. Il devient alors censeur pour la Ville de Montréal pendant 10 ans et meurt le 6 novembre 1940 à 69 ans.


1946: Décès d’Antoine Godeau


Né à Paris le 25 août 1870, Antoine Godeau s'appelait Anthony Bailly avant d'adopter son nom de scène. Comédien, metteur en scène et régisseur, il obtient un diplôme d'ingénieur et fait son service militaire en France avant de travailler dans le domaine de la construction tout en suivant des cours d'art dramatique avec Henri-Polidor Maubant et Gustave Worms. Quand il arrive à Montréal à 27 ans, c'est pour travailler à la Dominion Bridge et pour enseigner la mécanique industrielle. Mais rapidement, le théâtre et son sens des affaires le feront bifurquer. En 1898, il cofonde le Théâtre des Variétés avec Léon Petitjean. En 1900, il assume la direction artistique du Théâtre Renaissance. C'est la même année que Paul Cazeneuve fonde le Théâtre National. Godeau y travaillera comme régisseur et acteur pendant quinze ans. Sur scène, il joue toujours les seconds violons mais son implication dans les productions se limite rarement à l'interprétation. Il assume aussi la régie, la scénographie ou la direction d'acteurs. En 1924, il se joint à la troupe de Fred Barry et d'Albert Duquesne comme administrateur et metteur en scène. Il travaillera avec eux au Théâtre Canadien (1924-1925), au Chanteclerc (1925-1928), au Théâtre Impérial de Québec (1927-1928) puis au Stella (1930-1934) bien avant que le Rideau Vert ne s'y installe. Il prend alors une semi-retraite mais joue quand même dans La Pension Velder de Robert Choquette à la radio. En 1941, il sort de la retraite pour assumer la direction artistique du Théâtre Arcade jusqu'à sa mort en 1946. Bien que l'on considère Pierre Dagenais (1923-1990) le premier «vrai» metteur en scène du Québec, plusieurs reconnaissent le «Père Godeau» - comme on l'appelait affectueusement - comme notre premier directeur d'acteurs, reconnu pour la rigueur de son travail. Il était aussi le père de la comédienne Marthe Thiéry.


1947: Naissance de Jacques Lessard

Figure incontournable de la scène théâtrale à Québec depuis cinquante ans, Jacques Lessard a terminé ses études au Conservatoire d'art dramatique de Québec en 1970 et commence à y enseigner à partir de 1974. Comédien et metteur en scène, il fonde sa première compagnie, le Circuit Temporaire, dès sa sortie de l'école, une troupe axée sur la création collective, très en vogue à l'époque. En 1977, il participe au San Francisco Dancer's Workshop et «découvre le système de création cyclique RSVP mis au point par l'architecte Lawrence Halprin,» nous explique Jean-Marc Larrue dans le Dictionnaire des artistes du théâtre québécois. C'est ce modèle qui donnera naissance au Théâtre REPÈRE qu'il fonde en 1980 et qui «marquera profondément le théâtre québécois» non seulement par l'originalité et la qualité de ses créations mais par les artistes qui s'y épanouiront: Robert Lepage, Céline Bonnier, Marie Gignac, Marie Brassard, Marie Michaud... Comme auteur, il écrit ou contribue à la création d'une dizaine de spectacles dont Mur-Mur de DynamO Théâtre qui fera le tour du monde, Chroniques de mon habit de métal qu'il écrit et met en scène et les créations collectives En attendant et Fragments de lune, entre autres. Comme metteur en scène, il signe des créations telles Les Grandes Chaleurs de Michel Marc Bouchard et Souriez, Mlle Robi de Simon Fortin et Guylaine Tremblay et développe une affinité et une expertise de l'oeuvre d'Ionesco à laquelle il revient régulièrement pour le plus grand bonheur du public (L'Amour est dans les oeufs et Jacques ou la soumission présentées à Québec et Montréal, Le Salon de l'anti-monde...). Bonne fête, monsieur Lessard!


2014: Décès de Jean Archambault


Photo: Robert Laliberté


Comédien principalement connu pour sa place dans la famille Tremblay-Brassard, groupe de comédiens qui a participé aux créations du duo dynamique du théâtre québécois, Jean Archambault est né en 1940. Il meurt à 74 ans à Montréal. Autodidacte, il a suivi des cours d'art dramatique ici et là avant d'être de la majorité des pièces que montera André Brassard à la fin des années 60 et au début des années 1970. En plus d'être Claude Lemieux, alias Hosanna, dans la pièce créée au Quat'Sous en 1973, il joue le rôle dans le film Il était une fois dans l'est. Il participe à l'adaptation par Tremblay de Lysistrata d'Aristophane présentée par le TNM. Il sera aussi de la création d'En pièces détachées et de la traduction de quatre courtes pièces de Tennessee Williams présentées sous le titre Le Pays du dragon au Quat'Sous. Toujours au Quat'Sous, il sera de la création d'Aujourd'hui, peut-être de Serge Sirois et jouera dans Les Balançoires de Jean O'Neil, deux mises en scène de Paul Buissonneau. Avec le Théâtre du Nouveau Monde (qui n'est pas encore installé à la Comédie-Canadienne), il sera de la création de Bois-Brûlés de Jean-Louis Roux dans une mise en scène de l'auteur avant de jouer au TNM dans La Vie de Galillée de Brecht dans une mise en scène de Robert Lepage. Chez Duceppe, il sera de Vol au-dessus d'un nid de coucou mis en scène par Lorraine Pintal. Anecdote intéressante? Il est Monseigneur Bilodeau à la création des Feluettes ou La Répétition d'un drame romantique de Michel Marc Bouchard alors que René Richard Cyr joue le jeune Bilodeau. Lorsque Lorraine Pintal montera Hosanna au Quat'Sous, c'est René Richard Cyr qui chaussera les talons hauts de Claude Lemieux.


Jean Archambault (Mgr Bilodeau) et Hubert Gagnon (Vieux Simon), ensemble, dans Les Feluettes de Michel Marc Bouchard en septembre 1987. (Photo: Robert Laliberté)

2020: Décès d’Hubert Gagnon

Né la même année que Jacques Lessard, Hubert Gagnon nous quitte le 7 juin 2020 après avoir combattu le cancer pendant plus de trois ans. Comédien d'une grande polyvalence, il se trouvera une affinité toute particulière pour le doublage qui deviendra son principal gagne-pain et une véritable deuxième passion. Il enseignera cet art en soi au Conservatoire d'art dramatique de Montréal et deviendra la voix québécoise de Robert De Niro, Mel Gibson, Christopher Walken et des dizaines d'autres. Pendant 27 ans, jusqu'à ce qu'il se retire pour des raisons de santé, il sera la voix d'Homer dans Les Simpson et deviendra aussi Abraham Simpson au moment du décès de Jean-Louis Millette. Mais Hubert Gagnon aura aussi été Picabo dans Les Oraliens pour plusieurs générations de jeunes Québécois. Bien qu'il jouera dans d'autres séries jeunesse, téléromans et films, c'est surtout au théâtre qu'il aura une carrière aussi impressionnante qu'en doublage. Il travaillera beaucoup avec Olivier Reichenbach (Tartuffe de Molière, le rôle titre dans Amadeus de Peter Shaffer au TNM et au Trident, La Balade des morts d'Irwin Shaw) et avec André Brassard qui le dirigera dans quelques créations de pièces de Michel Tremblay (Sainte-Carmen de la Main, Les Anciennes Odeurs et la reprise de Bonjour, là, bonjour), dans celle des Feluettes de Michel Marc Bouchard (il sera Vieux Simon à la création à la Salle Fred-Barry et lors de la reprise au TNM) et dans des pièces de Genet (Le Balcon, Les Paravents), de Racine (Andromaque), de Joe Orton (Le Locataire au Quat'Sous), de Shakespeare (Richard III) et de John Herbert (Aux yeux des hommes). Il sera aussi de la création de Fugues pour un cheval et un piano d'Hervé Dupuis au Centre du Théâtre d'Aujourd'hui dans une mise en scène d'Alain Fournier. Il jouera Arrabal, Corneille, Claudel, Beaumarchais, Goldoni, Wesker et Frisch en plus d'être des mémorables créations de L'Exécution de Marie-Claire Blais au Théâtre du Rideau Vert et d'Anaïs dans la queue de la comète de Jovette Marchessault dans laquelle il incarne Antonin Artaud. Il aura aussi prêté sa magnifique voix et sa diction impeccable au mémorable Seigneur des Anneaux du Théâtre Sans Fil. Il avait 73 ans au moment de son décès.

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