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  • Photo du rédacteurYanik Comeau

18 juin

Dernière mise à jour : 13 juin 2023

Tant de naissances et de décès à souligner en ce 18 juin. Célébrons les gens qui ont fait notre théâtre au fil des générations.


1913: Naissance de Françoise Loranger

Née à Saint-Hilaire en 1913, la dramaturge et romancière Françoise Loranger était une battante, une féministe qui écrivait un théâtre représentatif de sa société et de son évolution. Même si son roman Mathieu a été acclamé par la critique, c'est surtout pour son oeuvre dramatique qu'elle est reconnue, tant à la radio et à la télé qu'au théâtre. Plus de vingt-cinq ans s'écouleront entre la diffusion de ses premiers textes radiophoniques et la création de sa première pièce de théâtre sur scène, Une maison... un jour, au Théâtre du Rideau Vert en 1965. Loranger s'intéresse autant à la famille comme thématique qu'aux enjeux sociaux propres au Québec. Son théâtre sera toujours engagé, d'une façon ou d'une autre, que l'on pense à ses pièces plus intimes comme Encore cinq minutes, Jour après jour ou Un si bel automne qu'à ses grosses fresques politico-historiques Double jeu, Médium saignant ou Le Chemin du roy qu'elle écrit avec Claude Levac. En plus d'être presque toutes adaptées pour la télévision, les pièces de Loranger sont bien accueillies du public autant au Rideau Vert que chez Duceppe. Jean Duceppe est d'ailleurs un grand fan et défenseur de l'écriture de Loranger, lui qui a aussi le coeur militant. Le téléroman Sous le signe du Lion de Loranger, un texte d'une densité et d'une intensité remarquables, diffusé en 1961, fera l'objet d'un remake dont l'adaptation sera pilotée par Hélène Pedneault et dont la première saison sera diffusée deux ans après la mort de Loranger, à 81 ans, en 1995.


1925: Décès de Paul Cazeneuve

Décédé entre le 18 et le 25 juin 1925 à 54 ans à Hollywood aux États-Unis où il était devenu conseiller aux Films Fox, Paul Cazeneuve est né à Revel en France mais a été élevé à Boston parce que son père enseignait la littérature française à Harvard. Né Georges Alba, Cazeneuve a joué un rôle capital dans l'implantation du théâtre professionnel en français au Québec. On lui attribue une grande partie du succès du Théâtre National qui ouvre ses portes en 1900 et qui existe toujours aujourd'hui (rue Sainte-Catherine, coin Beaudry). Il est reconnu comme un comédien vigoureux et athlétique et tiendra les seconds rôles dans des tournées aux États-Unis auprès des actors-managers de l'époque, comme nous l'explique l'historien Jean-Marc Larrue dans le Dictionnaire des artistes du théâtre québécois. C'est pendant une de ces tournées qu'il passera par Montréal et que Georges Gauvreau, le directeur du National, lui confiera la direction artistique. Il dirigera le National comme les Richard Mansfield, Edwin Booth qui ont été ses mentors. Le National fait rapidement sa marque en concurrençant les grands théâtres anglophones de la ville. Cazeneuve y présente des adaptations françaises de grandes productions américaines comme Faust de Lewis Morrison qui s'avère le premier grand succès du National: 28 représentations en mars 1901. Se réservant les premiers rôles, il montera ensuite Monte-Cristo, l'adaptation qu'a faite Charles Fechter de l'oeuvre d'Alexandre Dumas père. Cazeneuve ouvrira aussi la porte aux pièces québécoises et tentera d'aider au développement d'une dramaturgie canadienne-française. En même temps, il deviendra notre premier vrai metteur en scène, dirigeant les acteurs autour de lui tout en agissant en quelque sorte comme un producteur aussi. Parmi les créations «locales» qu'il montera, mentionnons les pièces de Louis Guyon, Denis le patriote, Joe Montferrand, Un mariage à la gaumine et Montcalm. Dès 1905, il quitte le National pour prendre la direction du Théâtre Français, mais cette expérience ne durera que quelques mois. Il s'essayera au Canadien et reviendra au National, mais... comme si la magie n'opérait plus, il abandonne le théâtre pour retourner aux États-Unis. Néanmoins, il laisse derrière lui une carrière impressionnante: la production de 300 drames français, anglais et américains et l’interprétation de quelque 200 rôles.


1939 : Naissance de Jean-Claude Germain

Montréalais de naissance, l'auteur, metteur en scène, journaliste, comédien Jean-Claude Germain fonde dans les années 60 le Théâtre du Même Nom (TMN) qui se veut une compagnie de théâtre expérimental qui s'oppose aux idées conservatrices des TNMs et autres théâtres «conventionnels». Avec Nicole Leblanc, Monique Rioux et compagnie, il développera une approche particulière de la création, basée sur l'improvisation ou la création collective. Très politisé dans ses opinions, il écrira aussi pour dénoncer, satiriser, provoquer. Son TMN et les troupes qui formeront le Centre du Théâtre d'Aujourd'hui auront un impact majeur sur la dramaturgie québécoise naissante.

Tout en dirigeant le Théâtre d'Aujourd'hui de 1972 à 1982, Jean-Claude Germain enseigne à l’École Nationale de Théâtre et sera une importante bougie d'allumage pour la création de son programme d'écriture dramatique. Quand le Centre du Théâtre d'Aujourd'hui déménagera enfin sur la rue Saint-Denis sous la direction de Michelle Rossignol, sa deuxième salle (d'abord aussi local de répétition avant l'agrandissement) sera baptisée Salle Jean-Claude-Germain.

Auteur de plus d'une vingtaine de pièces presque toutes produites au Centre du Théâtre d'Aujourd'hui sauf quelques exceptions (Le Miroir aux Tartuffes qu'il a lui-même mise en scène chez Duceppe), Jean-Claude Germain a aussi partagé ses connaissances historiques dans le cadre de dizaines de chroniques radiophoniques et télévisuelles. Il a joué au cinéma (Joyeux Calvaire de Denys Arcand, Station Nord de Jean-Claude Lord) et à la télévision (L'Héritage de Victor-Lévy Beaulieu, Réseaux de Réjean Tremblay), a publié des livres et a été président d’honneur du Salon du livre de Montréal pendant de nombreuses années.


En 1977, la Société Saint-Jean-Baptiste lui décernait le prestigieux prix Victor-Morin «pour son importante contribution au théâtre québécois» et en 1993, elle le nommait Patriote de l'année. Il a aussi été directeur et rédacteur en chef de la revue Le Québec littéraire. Jean-Claude Germain a été membre du conseil d'administration du Conseil des Arts du Canada de 1990 à 1993 et vice-président du Conseil des arts et des lettres du Québec de 1993 à 1997.


Pendant la saison 1993-1994, seul en scène au Théâtre d'Aujourd'hui, il reprenait son histoire de Montréal racontée d'abord à la radio de Radio-Canada. Le spectacle s'intitulait Le Feuilleton de Montréal et paraissait par la suite en trois tomes chez Stanké. Encore aujourd'hui, il est perçu comme un pionnier, un catalyseur, un aidant naturel pour plusieurs des courants de notre dramaturgie. Bonne fête, monsieur Germain!


1949: Naissance de Louis-Dominique Lavigne

Aussi natif de Montréal, Louis-Dominique Lavigne est surtout connu comme auteur de plus de cinquante pièces de théâtre pour les jeunes publics (de Où est-ce qu'elle est ma gang? avec le Petit à Petit pour les ados (1982) à Glouglou pour les tout-petits, Masque de la production jeunes publics, 2004 en passant par Les Petits Orteils, Prix du Gouverneur Général 1992), mais aussi pour adultes. Également scénariste (Klimbo, Robin et Stella...), metteur en scène, animateur et comédien, il détient un baccalauréat en art dramatique de l'UQAM et il a été formé en interprétation au Conservatoire d'art dramatique de Montréal en plus de parfaire sa formation en commedia dell'arte auprès de Giovanni Poli à Venise et en dramaturgie auprès d'Augusto Boal à Paris. Il participe à la fondation du Théâtre Parminou puis se joint au Théâtre de Quartier qu'il codirige avec Lise Gionet et Jean-Guy Leduc depuis 1975. Comme comédien et dramaturge, il travaille avec le Théâtre de la Galafronie et avec la Compagnie de la Casquette en Belgique tout en signant des mises en scène pour le Théâtre Pince-Farine, La Marmaille, le Théâtre de L'Escaouette et le Théâtre Populaire d'Acadie de ce côté de l'Atlantique. Depuis plusieurs années, il est professeur d’écriture pour les jeunes publics à l’École Nationale de Théâtre du Canada et professeur d’improvisation au Cégep de Saint-Hyacinthe en plus de diriger des exercices publics au Cégep Lionel-Groulx. Il a siégé aux conseils d'administration du CEAD, du Conseil Québécois du Théâtre et de la Maison-Théâtre en plus d'animer des ateliers d'écriture en Acadie, en Belgique, dans l’Ouest canadien, dans les Caraïbes et bien sûr au Québec. Pendant la saison 2022-2023, le TNM montait son adaptation de Le Roman de monsieur de Molière de Boulgakov dans une mise en scène de Lorraine Pintal. Bonne fête, Louis-Dominique!


1959: Naissance de Henri Chassé

Photo: Maude Chauvin


Né à Barrie, en Ontario, le comédien Henri Chassé a foulé toutes les scènes depuis qu'il a reçu son diplôme du Conservatoire d'art dramatique de Montréal en 1980. À ses débuts, il joue beaucoup au Théâtre Denise-Pelletier de la Nouvelle Compagnie Théâtrale où il touche à tous les répertoires, dirigé par André Brassard (Britannicus de Racine), Jacques Rossi (Ben-Ur de Jean Barbeau, Zone de Marcel Dubé, Flash Molière et Shakespeare comme il vous plaira, collages de textes), Jean-Luc Bastien (La Mégère apprivoisée de Shakespeare), Lorraine Pintal (Une Amie d'enfance de Louise Roy et Louis Saïa) et Claude Maher (Le Grand Poucet de Jean Barbeau). Il excellera autant dans la création (Adieu, docteur Münch... de René-Daniel Dubois, Anna de Robert Claing, Août, un repas à la campagne de Jean-Marc Dalpé, Le Dragon bleu de Robert Lepage et Marie Michaud, La Petite Pièce en haut de l'escalier de Carole Fréchette, Dimanche napalm de Sébastien David...) que dans des classiques (L'Avare de Molière dirigé par Alice Ronfard, l'adaptation de L'Idiot de Dostoïevski d'Étienne Lepage et Catherine Vidal, Macbeth de Shakespeare, Le Prince travesti ou L'Illustre Aventurier, La Fausse Suivante et Le Jeu de l'amour et du hasard de Marivaux, pour ne nommer que des productions du TNM). Il a été du doublé Tchekhov d'Yves Desgagnés au TNM et chez Duceppe, La Mouette/Oncle Vania et il a triomphé dans la reprise d'Encore une fois, si vous permettez de Michel Tremblay tout autant que dans la création de sa suite, Enfant insignifiant!, chez Duceppe et en tournée. On a aussi pu le voir dans Neuf [titre provisoire] de Mani Soleymanlou au Centre du Théâtre d'Aujourd'hui, spectacle dont la tournée au printemps 2020 a été annulée à cause de la #covid19. Encore plus récemment, il signait la mise en scène de la plus récente production du Rideau Vert de Le Vrai Monde? de Michel Tremblay et jouait dans Cher Tchekhov de Tremblay au TNM et au Centre National des Arts d'Ottawa. À la télé, on l'a apprécié dans Le Monde de Charlotte, Providence, La Promesse, Nouvelle Adresse, Boomerang, Unité 9, Hubert et Fanny et Cerebrum, fidèle à l'auteur Richard Blaimert tout particulièrement. Bonne fête, Henri!


1989: Décès de Pierre-A. Larocque

Natif de Mont-Laurier, écrivain, metteur en scène, acteur et scénographe à ses heures, Pierre-A. Larocque n'avait que 40 ans au moment de son décès. Autodidacte, il se passionnait adolescent pour les oeuvres de Genet, Duras et Robbe-Grillet. Dès son arrivée à Montréal, il s'affirme rapidement comme un des créateurs les plus originaux de la scène expérimentale montréalaise, se joignant à Jacques Crête qui vient de fonder L'Eskabel. Il écrit des textes de réflexion dans Le Baroque, «organe maison (1976-1978)», nous dit Gilbert David dans le Dictionnaire des artistes du théâtre québécois. Il y monte ses premiers spectacles: Opéra-fête, La Dernière Scène et La Chambre pourpre de l'archevêque. En 1979, il quitte L'Eskabel pour fonder le groupe Opéra-Fête avec lequel il se permet «d'explorer une esthétique où le kitsch et la vulgarité se conjuguent volontiers à des images archétypales ou fantasmagoriques», dixit Gilbert David. En plus de L'Usage des corps dans la Dame aux camélias (1981), il développe, en collaboration avec Yves Dubé, Splendide Hôtel, un projet ambitieux qui consiste en une série de neuf spectacles théâtraux et de performances qui demeurera inachevée: Générique et fin (1982), Luna Hollywood I, II et III (1983) et Ultraviolet (1986), «sans doute la réalisation la plus achevée de cet auteur et concepteur scénique qui a puisé dans un imaginaire à la jonction de l'hyperréalisme et de ce qu'on allait appeler le théâtre de l'image». Il fait une maîtrise en art dramatique à l'UQAM. Une carrière qui aura duré une quinzaine d'années laissant derrière lui une vingtaine de mises en scène mémorables mais ayant tristement laissé la critique officielle et les organismes subventionnaires indifférents, nous rappellera Gilbert David. Pierre-A. Larocque est néanmoins un des précurseurs de ce qui s'est fait hier et se fait aujourd'hui, directement ou indirectement, chez Momentum, au MainLine, à La Chapelle Scènes Contemporaines, à l'Usine C...


2014: Création de Peau d'ours de Rébecca Déraspe dans une mise en scène de Sébastien Gauthier au Petit Théâtre du Nord (Blainville)

Habitué à des comédies intelligentes, mordantes, le public du Petit Théâtre du Nord n'a pas été déçu avec Peau d'ours de Rébecca Déraspe, un huis-clos satirique mettant en vedette Éric Bernier, Louise Cardinal, Stéphane Jacques et Myriam Poirier. La pièce a connu un succès public et critique et a été reprise par des troupes amateures et semi-professionnelles depuis, notamment le Théâtre de la Fournaise à l'Espace La Risée à Montréal au printemps 2019. Pour sa part, Rébecca Déraspe est maintenant sur toutes les lèvres et toutes les scènes, épatant avec sa pièce Gamètes à La Petite Licorne, avec ses adaptations d'Antigone et de Roméo et Juliette (cette dernière interrompue par la #covid19) au Trident, avec son Je suis William pour le Théâtre Le Clou, son adaptation d'Une Maison de poupée d'Ibsen, sa pièce Les Glaces à La Licorne et à La Bordée, en tre autres, et ses pièces Ceux qui se sont évaporés (captée pour un radio-théâtre de Radio-Canada lorsque la #covid19 a frappé et reprise la saison suivante) et Les Filles du Saint-Laurent (aussi présentée à La Colline - Théâtre National à Paris).



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