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Duceppe, le théâtre qui questionne les enjeux

par Yanik Comeau (ZoneCulture / Comunik Média)


Après une saison alternative pleine de belles surprises, Duceppe repart sur les chapeaux de roues avec des spectacles qui auraient dû voir le jour l'an dernier mais qui ont été retardés pour les raisons que l'on connaît et d'autres qui arrivent - à peu près - au moment prévu. Une saison qui s'inscrit dans le désir du tandem Jean-Simon Traversy-David Laurin de constamment questionner les enjeux qui façonnent la société dans laquelle nous vivons.


Composée de trois créations québécoises, de deux productions théâtre documentaire de chez nous (une reprise et une création) et de deux pièces américaines tout aussi percutantes dont une coproduction avec le Trident, la saison de Duceppe fait place aux femmes, à la diversité, à la relève.


La saison débute avec l'adaptation théâtrale par l'auteur du roman de Jean-Philippe Baril Guérard, Manuel de la vie sauvage, un des spectacles qu'on aurait dû voir l'an dernier. Mise en scène par Jean-Simon Traversy et mettant en vedette Emmanuelle Lussier Martinez (Faits divers) dans le rôle de la jeune entrepreneure Cindy Bérard qui n'a rien à envier aux Jobs, Zuckerburg et Musk de ce monde, cette oeuvre, qui sera également adaptée pour le cinéma, nous permettra de renouer ou de découvrir la plume truculente, acerbe et directe de Baril Guérard et voir sur scène Patrick Emmanuel Abélard (dont je ne me lasse pas tant en anglais qu'en français sur scène, au petit et au grand écrans, qu'on a pu voir dans La Chute de l'empire américain de Denys Arcand, Héritage chez Duceppe et qui prendra la relève de King Dave en tournée cette année), Isabeau Blanche, Stéphane Demers (O'), Maxime Mailloux, Joëlle Paré-Beaulieu (prodige de la nouvelle génération de la LNI) et Anne Trudel. Du 8 septembre au 9 octobre 2021.


Après le succès retentissant de J'aime Hydro qui avait notamment été présentée en hors série chez Duceppe pendant la saison 2018-2019, la compagnie s'associe à nouveau avec Porte-Parole pour présenter Tout inclus, traitant des CHSLDs et de l'hébergement des personnes âgées. Marie Cantin, Jean-François Gaudet (vous souvenez-vous de Félix et Ciboulette?), Marie-Ginette Guay (Conversations avec mes parents) et François Grisé composent la distribution de ce théâtre documentaire mis en scène par Alexandre Fecteau dont j'avais adoré le À toi, pour toujours ta Marie-Lou de Tremblay à La Bordée et le concept des Vendre ou rénover présentés à Montréal au Centre du Théâtre d'Aujourd'hui. Pièce en 8 chapitres, dont les quatre premiers ont été d'abord présentés à La Licorne en 2019 avant d’être publiés aux éditions Atelier 10 et présentés à Québec, Tout inclus sera offert chez Duceppe pour la première fois dans sa version intégrale. Écrit par François Grisé, appuyé par Annabel Soutar et Agathe Foucault à la dramaturgie, le spectacle, coproduit par Un et un font mille et le collectif Nous sommes ici, est repris après toutes les tristes choses mises au jour dans nos résidences pour personnes âgées pendant la première vague de la pandémie de COVID19.


Autre collaboration avec Porte Parole, Rose et la machine de Maude Laurendeau prendra l'affiche chez Duceppe du 17 novembre au 18 décembre. L'auteure montera sur scène avec Julie Le Breton pour raconter son histoire très personnelle, celle d'une mère dont la fille reçoit un diagnostic de trouble du spectre de l'autisme (TSA). Un peu comme dans J'aime Hydro qui racontait l'histoire très personnelle de Christine Beaulieu dans les dédales bureaucratiques d'une société d'état gargantuesque, Rose et la machine nous amène dans les méandres des structures gouvernementales (santé, éducation) qui n'ont pas été mises en place pour faciliter l'accès aux services, c'est le moins qu'on puisse dire ! La pandémie deviendra aussi personnage ici puisque cette pièce s'est «écrite» dans le vécu du quotidien récent de l'auteure. Édith Patenaude (Oslo, Titus) signe la mise en scène.


Du 12 janvier au 12 février, Duceppe proposera un projet coup de coeur de son codirecteur artistique David Laurin, sa traduction de Network de Lee Hall d'après le scénario de film de Paddy Chayefsky qui, rappelons-le, avait remporté quatre Oscars en 1977 (sur 10 nominations!). Cette grosse production, coproduite avec Le Trident (qui la présentera préalablement à Québec du 26 octobre au 20 novembre) et le Théâtre Niveau Parking, sera mise en scène par Marie-Josée Bastien et mettra en vedette des plusieurs comédiennes et comédiens de Québec ou, à tout le moins, issus de la Vieille-Capitale, en commençant par Denis Bernard et Émilie Bibeau. Autour d'eux graviteront Érika Gagnon, Hugues Frenette, Marie Michaud, Sylvio Arriola, Emmanuel Bédard, Mustapha Aramis, Florence Blain Mbaye, Réjean Vallée, Charles-Étienne Beaulne et Eliot Laprise. Une pièce étonnamment contemporaine, tristement pertinente à l'époque des réseaux sociaux, de la surmédiatisation et de la toujours actuelle course aux cotes d'écoute. Cette pièce marquera également le retour sur scène de Denis Bernard - chez Duceppe et au Trident, deux scènes qu'il a beaucoup fréquentées au fil des années -, lui qui avait moins joué au théâtre pendant ses années à la direction artistique du Théâtre La Manufacture (La Licorne).


Suivra ensuite Au sommet de la montagne (The Mountaintop) de l'Américaine Katori Hall, pièce intimiste, huis clos dans lequel Martin Luther King (incarné par Didier Lucien), quelques heures après son discours I've Been to the Mountaintop, se retrouve dans sa chambre du Lorraine Motel. «Seul, fatigué, il tente de mettre sur papier les premières lignes de sa prochaine allocution. Lorsqu’il commande un café au service de chambre, Camae le lui apporte. Intrigante, elle engage le pasteur dans une discussion à la fois provocante et rafraîchissante. Elle l’amène à confronter son propre passé ainsi que l’avenir de son peuple. Et, peu à peu, on comprend qui est vraiment Camae.» Cette dernière sera jouée par Sharon James et la mise en scène est confiée à Catherine Vidal (L'Idiot au TNM, Je disparais d'Arne Lygre au Prospero, Les Amoureux au Théâtre Denise-Pelletier, Chapitres de la chute au Quat'Sous, première récipiendaire du Prix Jovette-Marchessault en 2020). Bien hâte de découvrir cette pièce dans laquelle l'auteure imagine les dernières heures avant l'assassinat du Dr. King. Ça me fait penser un peu à Two of Us (film qui imaginait les dernières heures de John Lennon et Paul McCartney avant l'assassinat du premier), à Frost/Nixon (inspirée des entretiens du journaliste David Frost avec le président américain) et Secret Honor de Donald Freed et Arnold M. Stone (une pièce solo, aussi sur Nixon, dans laquelle on retrouve le président déchu avec sa conscience et sa «vraie» explication du scandale du Watergate). Édith Kabuya, Québécoise d'origine congolaise, assure la traduction. Hâte aussi de revoir Didier Lucien sur scène. Du 23 février au 26 mars.


La saison se terminera sur la pièce qui devait ouvrir la saison 2020-2021, première pièce issue des résidences d'écriture mises en place par le tandem Laurin-Traversy à son arrivée à la barre de la direction artistique, Pétrole de François Archambault. Offerte en captation audio pendant la pandémie, voilà que cette pièce «pour une grande scène» pourra enfin se déployer devant public. Pétrole est venue à l'idée de son auteur lorsqu'il a lu un dossier sur la crise climatique dans le New York Times qui disait ni plus ni moins qu'on aurait pu freiner sinon régler le problème du réchauffement de la planète il y a quarante ans si... Grâce à sa résidence chez Duceppe, Archambault, qui nous a habitué à des pièces plus intimistes comme Cul sec, 15 secondes, La Société des loisirs et Tu te souviendras de moi, s'est permis une distribution de 10 acteurs: Éric Bernier, Frédéric Blanchette, Jean-François Casabonne, Louise Cardinal, Paméla Dumont, Jean-Sébastien Lavoie, Marie-Ève Milot, Simon Lacroix, Olivia Palacci et Alice Pascual fouleront la grande scène du Théâtre Jean-Duceppe du 13 avril au 14 mai.


Duceppe proposera aussi en juin 2022 quelques représentations de la reprise de King Dave qui aura fait la tournée du Québec à l'automne avec Patrick Emmanuel Abélard dans le rôle, en remplacement d'Anglesh Major, retenu par de nouveaux projets. On ne saura que se régaler de la chance de voir cette pièce présentée à un public très restreint à cause des mesures sanitaires en place au printemps cette année. Quelques représentations seulement du 16 au 19 juin mais je ne serai pas étonné si on rajoute encore des supplémentaires. Rappelons que la tournée, qui s'étendra du 3 novembre au 18 décembre, mènera la nouvelle mouture de la pièce d'Alexandre Goyette (avec la collaboration d'Anglesh Major) à Ahuntsic, Sainte-Thérèse, Trois-Rivières, Saint-Hyacinthe, Sherbrooke, Joliette, Jonquière, Alma, Dolbeau-Mistassini, Longueuil, Laval, Saint-Jean-sur-Richelieu, Québec (au Théâtre La Bordée), Terrebonne, Saint-Jérôme, Gatineau, Shawinigan, Lac-Mégantic, Beloeil et Salaberry-de-Valleyfield. Pour toutes les dates et les informations sur les billets, on consulte: https://duceppe.com/tournee-king-dave/ .


Pour plus d'information sur la saison, sur les abonnements et l'achat de billets individuels pour les différentes pièces, on consulte www.duceppe.com .

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