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«Oslo» de J.T. Rogers: Le making of de la Pax Americana

Dernière mise à jour : 8 juil. 2019

par Yanik Comeau (Comunik Média) La première saison du nouveau tandem Laurin-Traversy à la barre de la direction artistique de Duceppe s’ouvre sur une pièce américaine traitant – sans préjugé favorable américain – des négociations qui ont mené à l’Accord israélo-palestinien d’Oslo en 1993. Une pièce finement ficelée – jamais trop aride – qui s’inspire de faits vécus tout en projetant un éclairage original et nouveau sur les coulisses d’une paix historique qui n’aura malheureusement pas duré longtemps mais qui aura néanmoins eu des impacts majeurs et durables sur la géopolitique mondiale. Clairement, la nouvelle direction artistique de Duceppe sait respecter les traditions d’une des compagnies théâtrales les plus vénérables de chez nous tout en la renouvelant en douceur… mais avec assurance.



Confiant la mise en scène à la jeune metteure en scène visionnaire Edith Patenaude de Québec (cofondatrice de Les Écornifleuses et brillante pilote du délicieux paquebot Titus, d’après Shakespeare présenté à la salle Fred-Barry la saison dernière), les nouveaux directeurs ont non seulement offert à une jeune femme (un doublé, déjà là… jeune et femme à la fois!) une des plus grandes scènes de Montréal pour faire découvrir une pièce qui rejoindra un public de tous les âges (les abonnés à têtes blanches tout autant que le jeune public qu’il faut attirer au théâtre si l’on souhaite que les salles ne se vident pas au fil des années) mais encore ont ouvert les portes à 8 comédiens sur douze qui n’avaient jamais foulé les planches de Duceppe.

La pièce raconte habilement l’histoire des deux diplomates norvégiens qui, contre vents et marées, ont détourné et déjoué les règles de l’art sans jamais tomber dans l’illégalité et en manipulant pour les meilleures raisons et avec les meilleures intentions des dirigeants on ne peut plus ancrés dans leurs vieilles habitudes, traditions religieuses et politiques. Emmanuel Bilodeau et Isabelle Blais incarnent ce couple attachant avec beaucoup de crédibilité même si, au lendemain de la première, Isabelle Blais peinait parfois à maîtriser son texte, bafouillant et trébuchant à quelques reprises. Malgré tout, on s’attache à Terje et Mona qui se démènent pour the greater good, comme diraient les Chinois.


Dix comédiens entourent le duo Bilodeau-Blais, prêtant vie à une vingtaine de personnages. Évoluant dans un décor relativement dépouillé (au début, une scène encombrée de classeurs qui serviront avec ingéniosité à toutes les sauces et qui, peu à peu, seront évacués) pensé par Odile Gamache, les acteurs font preuve d’une cohésion et d’une connexion impressionnantes. On soulignera le jeu intense de Justin Laramée, Jean-Moïse Martin, Ariel Ifergan et Reda Guerinik, la subtilité de Marie-France Lambert dans ses nombreux rôles et la justesse de Luc Bourgeois (que j’ai beaucoup aimé cet été dans Quelque chose comme une grande famille au Petit Théâtre du Nord), Jean-François Casabonne (excellent aussi dans Mazal Tov au Prospero l’an dernier) et Manuel Tadros (tout aussi efficace et subtil dans Comment je suis devenu musulman à La Licorne au printemps).

J’ai cependant été sérieusement agacé par le niveau de langage de Félix Beaulieu-Duchesneau (peut-être plus un problème d’écriture ou de traduction – Le mot fucking utilisé à toutes les sauces, d’accord pour aujourd’hui, mais je suis loin d’être certain que c’était le cas en 1993) et par le jeu un peu trop caricatural de Steve Gagnon. Néanmoins, ces bémols ne sont pas assez significatifs pour gâcher toute une production qui, somme toute, est réglée au quart de tour et frappe dans le mille.

Oslo de J.T. Rogers marque donc un bon départ pour la saison 2018-2019 de Duceppe.

*** Oslo de J.T. Rogers Traduction: David Laurin Mise en scène: Edith Patenaude Avec Emmanuel Bilodeau, Isabelle Blais, Félix Beaulieu-Duchesneau, Luc Bourgeois, Jean-François Casabonne, Steve Gagnon, Reda Guerinik, Ariel Ifergan, Marie-France Lambert, Justin Laramée, Jean-Moïse Martin et Manuel Tadros. Musique en direct: Mathieu Désy et Kevin Warren Production de la Compagnie Jean Duceppe. 5 septembre au 13 octobre 2018 (durée : 2h40 incluant un entracte) Théâtre Jean-Duceppe, Place des arts, Montréal. Billets: 514-842-2112

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