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  • Photo du rédacteurYanik Comeau

7 novembre

Dernière mise à jour : 7 nov. 2023

Chaque jour, Théâtralités souligne les naissances, les décès, les créations qui ont marqué notre théâtre au fil des années. Que le rideau se lève!


1947: Naissance de Pol Pelletier


Née à Ottawa, Pol Pelletier, née Nicole, est acteure-créatrice, metteure en scène, auteure et pédagogue féministe, Pionnière, elle cofonde le Théâtre Expérimental des Femmes en 1979 après avoir cofondé le Théâtre Expérimental de Montréal en 1975. En 1988, elle crée la Compagnie Pol Pelletier, qui devient L’École sauvage en 2008, et développe la méthode Dojo ou «les sept lois de la présence». Au cours de sa carrière, Pol Pelletier crée plus d’une cinquantaine d’œuvres qu’elle met en scène, dont près d’une trentaine dont elle signe le texte, ainsi que de nombreuses adaptations théâtrales d’écrits de femmes. Elle met son prodigieux talent au service des univers de grandes autrices féministes, notamment Lise Vaillancourt, France Théoret, Nicole Brossard, Hélène Pedneault et Louky Bersianik. Depuis près de 50 ans, Pol Pelletier n’a eu de cesse de porter l’éclat poétique des mots de Jovette Marchessault, d’en révéler l’amplitude et d’en préserver la mémoire. Elle crée notamment Les Vaches de nuit en 1979, La Terre est trop courte, Violette Leduc en 1981, ainsi que La Pérégrin chérubinique en 2008. Toujours à la recherche du terme qui saisirait avec acuité sa vision du rôle de l’artiste dans la société, comme le figure son personnage fétiche Ramie, acronyme pour «Royale artiste mendiante itinérante extatique», Pol Pelletier a sillonné tous les continents tant pour enseigner que pour se ressourcer. Au cours des années 1990, elle a créé la trilogie Joie (1993), Océan (1995) et Or (1997) dans laquelle elle racontait l’histoire du théâtre, des femmes et du Québec par le biais de son parcours d’artiste. Avec ses spectacles phares du matrimoine théâtral féministe, Pol Pelletier a galvanisé les publics d’ici, d’Europe, d’Amérique latine, jusqu’en Afrique du Nord, et s’est vu décerner de nombreux prix et distinctions. Pol Pelletier a également travaillé sur les blessures et la guérison collective. En 1999, elle a abordé le massacre de Polytechnique avec Cérémonie d'adieu (devenue Nicole, c'est moi), en nommant le féminicide, des décennies avant que cela soit concevable. En 2011, dans La Rober blanche, elle a exposé les abus sexuels commis par les prêtres du Québec et la marque profonde de la soumission dans la psyché québécoise. De 2014 à 2016, elle a créé des spectacles sur le traumatisme d’octobre 70 et le silence. En 2017, elle a participé comme coauteure et comme conseillère au spectacle Cinq femmes sur le pensionnat, créé par la dramaturge et femme de théâtre atikamekw, Véronique Hébert, dont elle soutient le travail. En 2018, elle a fondé le Théâtre des mystères pour approfondir le lien entre théâtre et invisible. Insatiable créatrice, Pol Pelletier est une figure incontournable de notre théâtre. Bonne fête, Pol! (texte inspiré de la biographie de l'artiste sur polpelletier.com et sur le site d'Espace GO.)


1964: Naissance de Michel Monty

Formé en interprétation au Conservatoire d'art dramatique de Montréal, Michel Monty y enseigne aussi depuis plusieurs années. Metteur en scène, réalisateur, scénariste, traducteur, il met en scène, entre autres, ses propres pièces avec la compagnie Transtheatre qu'il cofonde avec Brigitte Poupart. On pense ici à Accidents de parcours (publiée aux Herbes Rouges, 1992), Prise de sang (1994) et Exodos - La trilogie créée au Festival de Théâtre des Amériques en 1997. En 2000-2001, il met en scène sa pièce Cyberjack qui est ensuite adaptée pour le petit écran et présentée à ARTV. En 2012, Leçon d'hygiène, bestialité et mets canadiens est présentée à La Chapelle. Sa création, Le Pensionnat, développée avec des jeunes de la communauté de Mashteuiatsh, a été présentée à Espace Libre en octobre 2008. Il est aussi le co-créateur des Cabarets insupportables présentés au Lion d’Or en 2007, 2008 et 2010. Fidèle collaborateur du Théâtre de La Manufacture dans les années 2000, il signe de nombreuses mises en scène à La Licorne, des créations québécoises tout autant que des traductions d'oeuvres étrangères: Antarktikos de David Young, La Société des loisirs de François Archambault, Gagarin Way de Gregory Burke, Au Champ de Mars de Pierre-Michel Tremblay et Terminus de Mark O'Rowe. Au Théâtre du Rideau Vert, ses mises en scène audacieuses et inventives du Misanthrope (2015) et du Malade imaginaire (2020) de Molière ont surpris le public là où il ne s'y attendait pas alors que son Vol au dessus d'un nid de coucou (2017) -qui intégrait à la distribution des artistes vivant à différents niveaux sur le spectre de l'autisme - a joué à guichet fermé pour 50 représentations. Au cinéma, son premier court-métrage Adieu Grozny (2006) a été diffusé à plusieurs reprises sur les ondes de Radio-Canada et de Télé-Québec. Son premier long-métrage, Une vie qui commence, sorti en 2011, a été nominé 6 fois au Gala des Jutra. Le film a aussi reçu le prix du Meilleur premier Film au Festival International du Film Francophone de Namur. Comme scénariste, il a collaboré à la mini-série Sortez-moi de moi, pour la plateforme Crave. Comme comédien, on l'a vu au théâtre sur les scènes d’Espace Go (La Tour de Babel, Cérémonials, W.C.), du Rideau Vert (Cabaret), du TNM (Cyrano de Bergerac), de La Licorne (Le Dernier Délire permis), de l’Usine C et du Théâtre Denise-Pelletier (Antigone). À la télé, on a pu le voir dans Les Bougon, Freddy, Catherine, Omertà, Tout sur moi, René: le destin d'un chef, La Galère, 19-2, 30 Vies, Blue Moon, District 31 et Sortez-moi de moi, entre autres. Bonne fête, Michel!


1986 : Création de Bilico de Marco Micone, mise en scène de Daniel Valcourt, une production du Théâtre de La Manufacture présentée à La Licorne, boul. St-Laurent (Montréal)


Le metteur en scène, cofondateur et codirecteur artistique du Théâtre de La Manufacture et du Café-théâtre La Licorne (à l'époque) Daniel Valcourt dirigeait une excellente distribution pour la création de cette troisième pièce (après Addolorata et Gens du silence) de Marco Micone qui avait en quelque sorte fait de cette compagnie sa maison théâtrale. Marie Codebecq, Patrice Coquereau, Danielle Fichaud, Jacques Galipeau, Jean-Denis Leduc et Guy Vaillancourt (dans le rôle-titre de Bilico) composaient la distribution. Comme il s'agissait de personnages aux racines italiennes, je serais curieux de voir comment notre société politically correct d'aujourd'hui réagirait à une telle production si blanche et si québécoise.


1995 : Création de La Promenade des veuves de Simon Fortin, mise en scène de Guillermo de Andrea, une production du Théâtre du Rideau Vert (Montréal)


L'auteur de Le Pays dans la gorge arrivait avec sa nouvelle pièce qu'allait défendre une distribution éclatante: Rita Lafontaine, Benoît Girard, Gilles Pelletier, Jean-François Pichette, Mario Saint-Amand, Pierre Rivard et Reynald Robinson.


2006: Création de L’Éblouissement du chevreuil d’Évelyne de la Chenelière, mise en scène de Jean-Guy Legault, à la Salle Jean-Claude-Germain du Centre du Théâtre d’Aujourd’hui (Montréal), une production du Nouveau Théâtre Urbain


La délicieuse écriture d'Évelyne de la Chenelière ne faisait pas défaut dans cette nouvelle création présentée à la Salle Jean-Claude-Germain du Centre du Théâtre d'Aujourd'hui. Jean-Guy Legault dirigeait Delphine Bienvenu, Justin Laramée, Sébastien Huberdeau et Marie-Laurence Moreau. «Alex fait semblant d’être un journaliste, d’être une fille, d’avoir huit ans. Alex fait semblant d’être journaliste pour faire une enquête sur la naissance de la folie, il fait semblant d’être une fille pour enfin se rapprocher de sa mère, il fait semblant d’avoir huit ans parce que « c’est un âge formidable au niveau de la spontanéité!», et qu’à huit ans, les gens acceptent beaucoup mieux nos amis imaginaires. Pourtant, Alex n’est pas fou, il fait tout ça par choix, du moins pour l’instant. Alex n’est pas fou, mais il est perdu, éperdu d’amour pour une image de cinéma, étouffé par son incompréhension du monde, réduit à s’inventer une réalité parallèle pour tenter de s’y réfugier. Funambule sur une corde raide tendue entre l’imaginaire et la réalité, Alex rencontrera différents personnages, certains réels, d’autres surgis de son imagination, qui le confronteront à son refus d’entrer dans la vie, à son incapacité à s’y engager. Cesser de faire semblant et grandir ou cesser de grandir et continuer à faire semblant? Alex ouvre sa tête et verse ses mondes sur scène, pour solliciter notre aide, et essayer de surprendre avec nous la naissance de la folie.»


2008: Décès d’Amulette Garneau

Née Huguette Laurendeau à Montréal le 11 août 1928, la comédienne Amulette Garneau était la soeur du journaliste et humoriste (membre du groupe Les Cyniques) Marc Laurendeau. Après ses études aux Beaux-Arts, elle reçoit sa formation théâtrale auprès de Georges Groulx, à l'École du TNM et chez Uta Hagen à New York. Excentrique et marginale, elle se consacrera rapidement à la dramaturgie québécoise, à défendre les textes d'auteurs de chez nous. Oui, elle jouera Eugène Ionesco (Tueur sans gages), Félicien Marceau (L'Oeuf), Sean O'Casey (Roses rouges pour moi) et Michael Cristofer (Le Dernier Round), mais c'est sa collaboration avec le tandem Tremblay-Brassard à partir de la reprise des Belles-Soeurs en 1971 (elle joue Yvette Longpré) qui sera déterminante. Après Demain matin, Montréal m'attend, elle participe aux créations de Bonjour, là, bonjour en 1974 (elle crée le rôle de Denise puis incarne Monique lors de la reprise au TNM en 1980), Sainte-Carmen de la Main (mémorable Bec-de-Lièvre à la Compagnie Jean Duceppe puis au TNM, rôle qu'elle reprend aussi dans le téléthéâtre diffusé à Radio-Québec et qu'elle avait joué au départ dans le film Il était une fois dans l'Est), Marcel poursuivi par les chiens (rôle de Mauve) et Albertine, en cinq temps (Albertine à 50 ans, rôle qui devait être joué par Denise Morelle, assassinée quelques semaines avant le début des répétitions). Elle ne joue pas que Michel Tremblay, bien sûr, prêtant son talent aux créations de Chandeleur de Francine Noël, Le Diable en été de Michel Faure, Le Jugement dernier de Jean Daigle, La Saga des poules mouillées de Jovette Marchessault et Baby Blues de Carole Fréchette. Avec Brassard, elle sera aussi de l'adaptation par Tremblay de Mistero Buffo de Dario Fo au TNM et de la reprise de Bousille et les Justes de Gratien Gélinas chez Duceppe. À la télé, elle jouera avec grande sensibilité les mots de Janette Bertrand (Grand-papa, S.O.S. J'écoute), Lise Payette (Marilyn), Anne Boyer et Michel D'Astous (Sous un ciel variable, Le Retour) et Victor-Lévy Beaulieu (L'Héritage), entre autres. Conjointe de Jacques Zouvi, elle était aussi, bien sûr, la mère du comédien et metteur en scène Alain Zouvi. Elle avait 80 ans au moment de son décès.

2014: Décès de Françoise Graton

Photo: Martine Doucet


Françoise Graton a 84 ans lorsqu'elle s'éteint à Montréal à la suite d'un accident bête, une triste chute. Conjointe de Gilles Pelletier, elle est la cofondatrice de la Nouvelle Compagnie Théâtrale qui deviendra le Théâtre Denise-Pelletier. Elle nait le 4 juin 1930 à Montréal et commence sa formation théâtrale à 17 ans avec la Compagnie du Masque. Avec cette troupe, elle jouera les jeunes premières. Au début des années 60, elle devient directrice du Théâtre du Centre d'art de Percé où elle joue Tennessee Williams et Alfred de Musset. C'est en 1964 que son rêve, partagé avec Georges Groulx et Gilles Pelletier, de faire découvrir les grandes oeuvres à un public étudiant, verra le jour. Ensemble, ils fondent la NCT qui se produit un peu partout - particulièrement au Gesù - jusqu'à ce qu'elle élise domicile au Théâtre Granada qui deviendra le Théâtre Denise-Pelletier après le décès de sa belle-soeur en 1976. Pendant près de vingt ans, Françoise Graton pratiquera tous les métiers au sein de la compagnie: animatrice, relationniste, directrice de production, administratrice, comédienne. Elle jouera le rôle titre d'Iphigénie dans le classique de Racine, toute première production de la compagnie. Tout en multipliant les grands rôles dans les classiques à la NCT (Sophocle, Euripide, Molière, Marivaux, Rostand, Tchekhov, Corneille), elle joue aussi au Théâtre Club, à La Poudrière, au Théâtre Populaire du Québec, chez Duceppe, au Rideau Vert et plus tard même à l'Usine C. Elle s'attaque aux auteurs contemporains également, ceux du Québec comme ceux de l'étranger: René de Obaldia (Du vent dans les branches de sassafras), Jean Barbeau, Noel Coward, Robert Gurik, Jean Cocteau, Pavel Kohout (Auguste, Auguste, Auguste), Eugène Ionesco (L'Avenir est dans les oeufs, Jacques ou la soumission, La Cantatrice chauve), August Strindberg (Le Père), Henrik Ibsen (Une Maison de poupée), Eugène O'Neill (Désir sous les ormes), Pierre Goulet (Pontiac) pour n'en nommer que quelques-uns. Elle sera des débuts de la télé, tant dans des émissions pour enfants et des téléthéâtres que dans des téléromans, de Cap-aux-Sorciers avec Gilles Pelletier et La Famille Plouffe jusqu'à Chartrand et Simonne, Providence, Aveux, Trauma et Au secours de Béatrice jusqu'à quelques mois avant son décès. Au cinéma, on la voit dans des films de Paul Quinn (This is My Father), Agnès Obadia (Romaine par moins 30) et Denys Arcand (L'Âge des ténèbres). Suite à son décès, le Théâtre Denise-Pelletier a instauré le Prix Françoise-Graton.


2016 : Création de Le Joker de Larry Tremblay dans une mise en scène d’Éric Jean au Théâtre de Quat’Sous (Montréal)


Bien qu'il ait cédé la direction artistique à Olivier Kemeid, le directeur artistique sortant du Quat'Sous Eric Jean signe la mise en scène de cette nouvelle création de Larry Tremblay, dirigeant une distribution cinq étoiles: Louise Cardinal, Marilyn Castonguay, Normand Daneau, Pascale Montpetit et André Robillard. La pièce a aussi été traduite en anglais et en ukrainien!





2017 : Création de Dans le champ amoureux de Catherine Chabot dans une mise en scène de Frédéric Blanchette à Espace Libre, une production Corrida parrainée par Nouveau Théâtre Expérimental (Montréal)


L'excellente pièce de Catherine Chabot était créée à Espace Libre par Corrida. Frédéric Blanchette y dirigeait l'auteure avec Francis William Rhéaume et Fayolle Jean Jr. J'ai aussi eu la chance de voir sa pièce Table rase en français et en anglais et sa pièce Lignes de fuite sur la scène principale du Centre du Théâtre d'Aujourd'hui. Vous pouvez lire ma critique de Dans le champ amoureux ici.



2019: Décès de Gabriel Charpentier



Le compositeur Gabriel Charpentier est né à Richmond, en Estrie, le 13 septembre 1925 et a fait des études musicales avec le compositeur Jean Papineau-Couture et en musique grégorienne auprès des moines de l'abbaye de Saint-Benoît du Lac. Pendant un stage auprès des Compagnons de saint Laurent, il comprend que «sa destinée doit se jouer au théâtre», dira Louise Bail dans le Dictionnaire des artistes du théâtre québécois. Quand il revient d'un séjour de formation auprès de Nadia Boulanger à Paris (écriture musicale, composition, analyse, culture musicale), il devient organisateur de programmes et conseiller artistique au Service des émissions musicales de Radio-Canada. De 1953 à 1980, il supervisera L'Heure du concert et Concerts pour la jeunesse, entre autres. En 1959, il entreprend ce qui deviendra une grande et belle collaboration avec Jean Gascon tant au TNM qu'au Festival de Stratford. Il mettra en musique de grands textes et composera des musiques de théâtre tout en multipliant les collaborations tant dans l'univers de la musique qu'à l'opéra et à la danse. Il a été consultant ou membre des conseils d'administration notamment du CNA, le Festival de Stratford, de l'École Nationale de Théâtre, du Centre de perfectionnement et de recherche des interprètes du spectacle (MUDRA, sous la direction de Maurice Béjart à Bruxelles), de la Comus Music Theatre Foundation of Canada à Toronto, de la Conférence canadienne des arts et de la Commission consultative des arts du Conseil des arts du Canada. Comme compositeur pour le théâtre, il a touché aux univers les plus variés, d'Eschyle à Tremblay, de Molière à Brecht, de Shakespeare à Ionesco. Gabriel Charpentier avait 94 ans au moment de son décès.

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