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Théâtre: «Deux femmes en or» de Catherine Léger: Quand le hamster est lâché lousse…

par Yanik Comeau (Comunik Média/ZoneCulture)

Qu’on se le dise, j’aime l’écriture de Catherine Léger. Je n’ai pas adoré tous ses projets (désolé, mais Charlotte a du fun? Non!) mais je trouve son écriture audacieuse, pétillante, vibrante, vivante. J’ai eu des plaisirs très différents devant Filles en liberté, Baby-Sitter et Changer de vie, mais ces pièces ont toutes en commun l’écriture comique mais fine, et la marque de commerce de l’autrice: partir d’un fait divers, d’une anecdote somme toute assez banale mais qui permettra de toucher des cordes sensibles, des points importants avec une étonnante habileté à pas juger ses personnages.



Deux femmes en or part du film de Claude Fournier, scénarisé par ce dernier et sa femme/productrice Marie-José Raymond. Un film qui avait fait scandale en 1970 et que les comédiennes Louise Turcot et Monique Mercure avaient toutes les deux regretté d’avoir fait à différentes périodes dans leurs vies mais qui a connu un box-office record et illustrait bien la schizophrénie du Québécois, de la Québécoise moyen.ne : On s’offusque, on trouve ça ben effrayant, on s’organise pour avoir l’air des bien-pensants respectables, mais on se r’vire de bord et on salive devant un film de «bonnes femmes» nues, une comédie érotique.



Ce que Catherine Léger a fait est absolument brillant. Prendre un film sur l’émancipation de la femme et de sa sexualité port-Révolution Tranquille et le faire entrer dans les années 2020 tout en nous faisant réaliser que, malgré l’évolution des 50 dernières années, il y a encore bien des choses qui n’ont pas assez changé. Catherine Léger met brillamment en lumière les double standards qui existent toujours, l’hypocrisie, les stéréotypes de genre, etc. Son texte est drôle, intelligent, amusant, pertinent et porte à réflexion sans que le spectacle ne se prenne vraiment la tête.



Le directeur artistique du Théâtre La Manufacture, Philippe Lambert, qui connaissait déjà l’écriture de Catherine Léger pour avoir monté Voiture américaine et Baby-Sitter, signe une mise en scène sobre mais d’une efficacité redoutable (le rythme est formidable!) tout en dirigeant habilement une distribution finement choisie. Aussi, le choix de ne jamais dénuder ses interprètes est non seulement rafraîchissant mais très efficace. On n’a pas besoin de mettre les comédiens à poil pour faire comprendre qu’ils copulent. Et Deux femmes en or, c’est une série de baises illicites, suggérées et implicites plutôt d’explicites ici.



Dès les premières minutes – pour ne pas dire les premières secondes – Sophie Desmarais dévoile sa Violette, une merveilleuse composition qui démontre superbement son sens comique, son timing impeccable. Isabelle Brouillette, l’autre femme en or, qui tout comme Steve Laplante, a déjà travaillé avec le duo Léger/Lambert, est tout aussi agréable à voir jouer, toute en nuance, ne tombant jamais dans la caricature ou l’exagération. Charlotte Aubin est jouissive tant dans le rôle de la maîtresse que dans celui de la livreuse de légumes (on aurait voulu la voir plus longtemps !). Les interprètes masculins ont la chance de jouer plusieurs personnages, pas seulement les maris (Steve Laplante est délicieux quand David se met à prendre des antidépresseurs; Mathieu Quesnel est génial quand il se rend compte que sa femme le cocufie encore plus que lui la trompe et quand il découvre que sa maîtresse n'est peut-être pas aussi attachée qu'il ne le souhaiterait) mais aussi les amants, homme du téléphone, exterminateur, gars du câble, … Du pur bonheur !



Parce que c’est ça, Deux femmes en or en 2023: du pur bonheur sans le malaise de la nudité plus ou moins justifiée. Une pièce à recevoir comme un vent de fraîcheur, comme une pièce que l’on pourrait aussi voir dans le meilleur des théâtres en été.


Deux femmes en or de Catherine Léger adapté du scénario de Claude Fournier et Marie-José Raymond Mise en scène: Philippe Lambert Assistance à la mise en scène: Marie-Hélène Dufort Avec Charlotte Aubin, Isabelle Brouillette, Sophie Desmarais, Steve Laplante et Mathieu Quesnel Décor: Jean Bard Costumes et accessoires: Audrée Villeneuve Éclairages: Martin Sirois Musique: Ludovic Bonnier Une production du Théâtre de La Manufacture Du 18 avril au 20 mai 2023 – mardi au jeudi 19h, vendredi 20h, samedi 16h et 20h – matinée du mercredi : 26 avril 13h30 (1h40 sans entracte) Tête à tête: jeudi 27 avril 2023 *** Supplémentaires: dimanches 23 avril (complet), 30 avril (complet), 7 mai (complet), 14 mai, mardi 16 mai (complet), mercredi 17 mai (complet), jeudi 18 mai (complet), vendredi 19 mai Nouvelle série de supplémentaires: 5 au 21 décembre 2023 Théâtre La Licorne, 4559, avenue Papineau, Montréal Billetterie: 514-523-2246 – theatrelalicorne.com Photos: Suzane O'Neill

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