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Théâtre: «Salle de nouvelles» de Lee Hall: On a le Denis qu’on mérite!

par Yanik Comeau (Comunik Média/ZoneCulture)

Le comédien Denis Bernard a commencé sa carrière sur les scènes de la Vieille-Capitale en 1980 après avoir terminé ses études au Conservatoire de Québec. Quand il s’est en venu à Montréal, il est devenu le dauphin de Michel Dumont comme Dumont avait été celui de Jean Duceppe. Puis, il est devenu directeur artistique de La Licorne et on l’a très peu vu sur scène pendant dix ans. En partie, a-t-on appris plus tard, à cause de problèmes de santé que l’on ne devinerait jamais maintenant en le voyant incarner avec autant d’énergie le Howard Beale de Salle de nouvelles, adaptation par Lee Hall du film oscarisé Network dont le scénario de Paddy Chayefsky avait remporté la statuette pour Best Writing, Screenplay Written Directly for the Screen en 1976.



L’adaptation présentée à Londres puis à Broadway avec Bryan Cranston (Malcolm in the Middle, Breaking Bad) en 2017-2018 s’est rapidement trouvée sur la wish list de David Laurin, nouvellement arrivé à la codirection artistique de Duceppe. Finalement, à cause de la COVID, son adaptation d’un autre film, Gaz Bar Blues, sera arrivée sur la scène de Duceppe avant, mais Salle de nouvelles aura au moins pu être présentée au Grand Théâtre de Québec puisqu’il s’agit d’une coproduction avec le Théâtre Niveau Parking et le Trident. Comme elle en a fait son habitude, la compagnie Jean-Duceppe présente maintenant ses productions en posant une question. Dans le cas de Salle de nouvelles, on se demande: Est-ce qu’on a les médias qu’on mérite? Ce qui étonne, et l’adaptation complètement éclatée au niveau des époques le démontre bien (caméras anciennes, téléphones à cadran, mais cellulaires, références culturelles américaines des années 1970 avec le président Ford, etc., mais aussi des clins d’œil à l’époque actuelle), les choses ont très peu changé, ne serait-ce que pour dire qu’elles ont empiré. La presse à sensation, avide de cotes d’écoute – ou de « clics » aujourd’hui – n’a fait que déraper de plus en plus jusqu’à aujourd’hui.


Ainsi, le lecteur de nouvelles vedette Howard Beale dont l’étoile brille de moins en moins fort se met soudainement à briller à nouveau lorsqu’il déclare qu’il se suicidera bientôt en ondes. La folie s’empare du public, les cotes d’écoute gonflent, et Beale se transforme en guru troublant qui balance entre un Charles Manson, un Raël, un Billy Graham, un Anthony Robbins... ou un Jean-Marc Parent (flashez vos lumières !).




Au cœur de ce gros plateau à la Oslo (qui était aussi dirigé par une autre fille de Québec, Édith Patenaude), Marie-Josée Bastien, directrice du Théâtre Niveau Parking, fait briller une distribution cinq étoiles au centre de laquelle se trouve un Denis Bernard au sommet de sa forme. On ne pouvait pas rêver plus beau rôle pour marquer son retour triomphal sur les scènes de deux des plus grands théâtres de la province, des scènes qu’il a foulées des centaines de fois dans sa carrière qui s’étend sur plus de quarante ans maintenant.



Et parce que Denis Bernard est si puissant, si larger than life, on a tendance à passer sous silence le travail remarquable de ces comédiens – principalement de Québec mais qui travaillent aussi régulièrement dans la métropole, en télé, en cinéma, sur scène – qui pour la majorité multiplient les rôles dans cette grosse fresque qui dénonce les abus de pouvoir dans les médias, les fake news et le sensationnalisme dans la nouvelle. On se régale du jeu des Mustafa Aramis, Luc Bourgeois, Sylvio Arriola, Emmanuel Bédard, Hugues Frenette, du charisme et de la voix chantée de Florence Blain Mbaye, le jeu d’Eliot Laprise et son travail de vidéaste.



Encore une fois, David Laurin et Jean-Simon Traversy ouvrent la saison de Duceppe avec une pièce qui aurait ravi leurs prédécesseurs.



Salle des nouvelles de Lee Hall d’après le scenario Network de Paddy Chayefsky Traduction: David Laurin Mise en scène de Marie-Josée Bastien Assistance à la mise en scène: Christian Garon Interprétation: Mustapha Aramis, Sylvio Arriola, Charles-Étienne Beaulne, Emmanuel Bédard, Denis Bernard, Florence Blain Mbaye, Luc Bourgeois, Gabrielle Côté, Hugues Frenette, Eliot Laprise, Marie Michaud et Marie-Eve Pelletier Scénographie et accessoires: Marie-Renée Bourget Harvey Costumes: Sébastien Dionne Lumière: Erwann Bernard Musique: Stéphane Caron Vidéo: Eliot Laprise Une production Duceppe en coproduction avec Le Trident et le Théâtre Niveau Parking Du 6 septembre au 7 octobre 2023 (durée: 1h50 sans entracte) ***supplémentaire: mercredi 4 octobre 2023 Théâtre Jean-Duceppe, Place des Arts, Montréal Info: https://duceppe.com/salle-de-nouvelles/ Représentations au Trident à Québec: 26 octobre au 20 novembre 2021 Photos: Danny Taillon

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