top of page
  • Photo du rédacteur

Théâtre: «Je viendrai moins souvent» de Camille Paré-Poirier: S’accrocher aux ficelles

Dernière mise à jour : 14 avr.

par Yanik Comeau (Comunik Média / ZoneCulture)

Quand la jeune comédienne Camille Paré-Poirier est arrivée à Montréal après ses études en théâtre, elle n’a pu faire autrement que créer un parallèle entre ce qu’elle vivait et ce que traversait sa grand-mère Pauline, de près de 70 ans son aînée. La plus jeune emménageait dans son nouvel appartement dans la grande ville, la plus vieille devait déménager dans un centre pour personnes âgées semi-autonomes. L'inconnu pour les deux. D’abord pour faire œuvre de mémoire, Camille décidait d’enregistrer ses visites auprès de sa grand-maman chérie, celle de laquelle elle avoue avoir été la préférée. Avant longtemps, l’artiste voyait en ces précieux enregistrements la matière première pour un balado et, éventuellement, une pièce de théâtre qu’elle développerait en résidence d’écriture à la Maison d’Ariane à Métis-sur-Mer puis au Centre du Théâtre d’Aujourd’hui où elle investit présentement la Salle Jean-Claude-Germain.



Impossible de ne pas créer une multitude de parallèles à notre tour entre cette œuvre ultra-personnelle mais habilement universelle qu’est Je viendrai moins souvent et J’aime Hydro de Christine Beaulieu pour la rupture du quatrième mur, l’autodérision, l’autofiction, la recherche documentaire, Un Suaire en Saran Wrap de Manon Lussier pour l’autofiction, le traitement sensible et touchant de la fin de vie et encore la comédienne/autrice qui s’adresse directement au public (idem pour Akuteu de Soleil Launière la saison dernière d’ailleurs !) et Maurice d’Anne-Marie Olivier pour les enregistrements de témoignages et l’hommage à un «personnage» réel vivant, une expérience à la fois touchante et éprouvante. On pourrait même aller jusqu’à tracer des liens entre Je viendrai moins souvent et Corps titan [titre de survie] d’Audrey Talbot présenté dans la Salle Michelle-Rossignol il y a deux ans et encore à l’automne.



C’est que toutes ces pièces créées par des femmes artistes sensibles et créatives touchent le spectateur droit au cœur sans tomber dans le pathos ou l’apitoiement. Je le répète, le fait que l'on y aborde des thèmes profondément humains a quelque chose d'universel qui ne trompe à peu près jamais.



Avec son conseiller dramaturgique et metteur en scène Nicolas Michon (lui-même comédien, auteur, scénariste au talent redoutable – mentionnons au passage la LNI, M’entends-tu ?, Sylvie aime Maurice, Chlore…), Camille Paré-Poirier réussit à trouver le fin équilibre entre les enregistrements de ses conversations avec grand-maman Pauline et ses témoignages en direct. Elle questionne le système, nos résidences pour personnes âgées, nos CHSLD, notre rapport au vieillissement et à la mort, et le spectateur ne peut que s’identifier à ce qu’elle a vécu auprès de cette aïeule qui lui était si chère et qu’elle a accompagnée du mieux qu’elle a pu à travers la progression de la maladie d’Alzheimer’s et la frustrante pandémie qui nous a coupés de nos proches.



Accompagnée sur scène par sa conceptrice sonore et régisseure son Marie-Frédérique Gravel (Rock Bière le documentaire, Ciseaux, Sportriarcat) qu’elle a connue à l’école de théâtre et qui accepte d’être vue à condition qu’on ne lui demande pas «d’acter», Camille Paré-Poirier, comédienne qui comme tant d’autres s’est créé son propre «emploi» en créant son propre spectacle, livre donc une œuvre sensible, pertinente, habilement écrite et bien jouée. Pas étonnant que le spectacle affiche complet et qu’on ait annoncé des supplémentaires. Comme l’artiste est en résidence pour une autre année au Centre du Théâtre d’Aujourd’hui, on trépigne déjà de voir ce qu’elle nous réserve après cette première œuvre si profondément personnelle et autobiographique.


Je viendrai moins souvent de Camille Paré-Poirier

Mise en scène et conseil dramaturgique: Nicolas Michon

Assistance à la mise en scène et régie: Marilou Huberdeau

Interprétation: Camille Paré-Poirier

Scénographie et costumes: Camille Barrantes

Assistante à la scénographie: Marianne Lonergan Pilotto

Éclairages: Julie Basse

Conception sonore et régie son: Marie-Frédérique Gravel

Régie: Hélène Rioux

Codirection de production: Delphine Rochefort, Rachel Locas

Direction technique: Romane Bocquet

Assistance à la direction technique: Catherine Fasquelle

Une création de Camille Paré-Poirier en codiffusion avec le Centre du Théâtre d’Aujourd’hui

Du 25 avril au 13 mai 2023 (1h35 sans entracte)

Mardi 19h, mercredi au vendredi 20h, samedi 15h COMPLET

*** supplémentaires: samedi 29 avril 20h COMPLET, samedi 6 mai 20h COMPLET, samedi 13 mai 20h *** supplémentaires: mardi 16 mai 19h, mercredi 17 mai 20h, jeudi 18 mai 20h

Salle Jean-Claude-Germain – Théâtre d’Aujourd’hui, 3900, rue Saint-Denis, Montréal

Billetterie: 514-282-3900 poste 1

Photos: Valérie Remise En rappel chez Duceppe: 23 au 27 avril 2024 - Cinquième Salle de la Place des Arts: https://duceppe.com/je-viendrai-moins-souvent/

Au Théâtre Périscope (Québec): 8 au 12 octobre 2024: https://bit.ly/3xBJL5C

bottom of page