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Théâtre: «Le Roi danse» d’Emmanuelle Jimenez d’ap. Philippe Beaussant: Vive le roi, vivent les arts!

par Yanik Comeau (Comunik Média/ZoneCulture)

Après Châteaux du ciel de Marie-Claude Verrier qui nous transportait dans l’histoire de la monarchie bavaroise la saison dernière, voilà que le Théâtre Denise-Pelletier nous invite maintenant au Château de Versailles et à la Cour de Louis XIV avec Le Roi danse d’Emmanuelle Jimenez qui s’inspire du scénario de film du même titre écrit par Gérard Corbiau, Andrée Deltour-Corbiau et Eve de Castro qui se sont eux-mêmes inspirés du roman Lully ou le Musicien du soleil de Philippe Beaussant. À l’instar d’Isabelle Hubert qui s’était inspirée d’un film et d’un roman pour Les Plouffe, l’autrice Emmanuelle Jimenez (la même qui nous avait donné les très actuelles et contemporaines Centre d’achats et Bébés entre autres) triture et élague avec respect et amour pour donner aux étudiants (malgré la grève des enseignants) une page d’histoire à la fois accessible et tordue.



La pièce commence alors que la reine Anne d’Autriche (toujours magistrale Marie-Thérèse Fortin) accède au trône au décès de son mari Louis XIII parce que son fils Louis XIV n’a que 5 ans au moment du décès de son père. Rapidement, l’autrice, avec l’aide du soleil-narrateur (la voix riche Sharon Ibgui) et les nombreux personnages de Marcel Pomerlo qui excelle particulièrement dans le sinistre, vieillit le roi et l’amène à l’aube de l’âge adulte où, après s’être découvert une passion pour les arts vivants (le théâtre, la danse, la musique), accédera au trône et recrutera l’auteur, comédien et directeur de troupe Jean-Baptiste Poquelin dit Molière et le compositeur italien Giovanni Battista Lulli pour que ses passions rayonnent à la Cour et dans tout le pays. Lully et Molière créeront ensemble des comédies-ballets que Louis XIV appréciera davantage que sa mère qui trouve que son fils se consacre plus aux loisirs, à la frivolité et au lustre qu’à la véritable politique.



Après avoir brillé dans Quatre filles sur la même scène et dans la fresque Rome sous la férule de Brigitte Haentjens, le beau Mattis Savard-Verhoeven propose un Louis XIV élégant, gracieux, royal. Il est bien entouré: Jean-François Nadeau est un Molière torturé et rongé par l’insécurité, sauf lorsqu’il joue (Nadeau propose d’ailleurs quelques lazzi volontairement maladroits qui rappellent que Molière s’inspirait régulièrement de la commedia dell’arte, permettant au passage une jolie leçon de dramaturgie) et Simon Landry-Désy (qu’on a pu apprécier dans une douzaine de prestations mémorables au théâtre depuis sa sortie de l’école) prête vie avec finesse et nuance à un Lully secrètement – mais pas tant – amoureux de Louis qui devient malgré lui une puissante muse. On misait beaucoup sur ce trio de comédiens dans la publicité de ce spectacle et le pari est relevé, en partie grâce au beau travail de Michel-Maxime Legault qui signe une mise en scène sobre et efficace, centrée sur la direction d’acteurs.



La scénographie dépouillée de Jean Bard, les costumes somptueux de Daniel Fortin, la musique et l’environnement sonore créés par Antoine Bédard et Marie-Frédérique Gravel (sans oublier l’utilisation brillante de la voix chantée de la grande Frédérike Bédard) ajoutent tous à la beauté de ce spectacle qui a été accueilli avec des applaudissements et des cris à tout rompre lors de la représentation «scolaire» en jour de grève à laquelle j’ai assisté la semaine passée. Malgré la salle remplie au tiers, les comédiens ont reçu une pleine salle d’amour bien méritée.



Le Roi danse d’après le scénario de Gérard Corbiau, Andrée Deltour-Corbiau et Eve de Castro inspiré du roman Lully ou le musicien du soleil de Philippe Beaussant

Texte et adaptation: Emmanuelle Jimenez

Mise en scène: Michel-Maxime Legault

Assistance à la mise en scène et régie: Charlotte Ménard

Avec Marie-Thérèse Fortin, Sharon Ibgui, Simon Landry-Désy, Jean-François Nadeau, Marcel Pomerlo et Mattis Savard-Verhoeven

Scénographie: Jean Bard

Costumes: Daniel Fortin

Assistance aux costumes: Marc-Antoine Roux

Lumières: Sonoyo Nishikawa

Mouvement: Janie Richard et Sara Harton

Musique et environnement sonore: Antoine Bédard

Assistance à l’environnement sonore: Marie-Frédérique Gravel

Musique: Susan Napper (viole de gambe), Corinne René (percussions) et Frédérike Bédard (voix)

Accessoires: Mayumi Ide-Bergeron

Maquillages - Coiffures: Suzanne Trépanier

Une production du Théâtre Denise-Pelletier

Du 14 novembre au 9 décembre 2023 (1h35 sans entracte)

Théâtre Denise-Pelletier, 4353, rue Sainte-Catherine, Montréal

Réservations: 514-253-8974

Photos: Victor Diaz Lamich

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