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Théâtre musical: «Chicago» de Fred Ebb, John Kander et Bob Fosse: Une adaptation impeccable!

  • Photo du rédacteur: Yanik Comeau
    Yanik Comeau
  • 7 juil.
  • 4 min de lecture

par Yanik Comeau (Comunik Média / ZoneCulture)

   Reprendre le classique de Broadway 22 ans après sa production montréalaise avec les deux mêmes vedettes (Véronic DiCaire et Terra Ciccatosto MacLeod) est déjà audacieux, mais le faire alors que les États-Unis brûlent de partout et qu’on tente par tous les moyens de boycotter les produits états-uniens, ça prend un certain culot. Un culot qu’un producteur comme Juste pour rire, qui a déjà connu des jours meilleurs (qu’on se le dise!), sauvé des flammes (encore une analogie de feu) par Comédie Ha!, aurait pu freiner.



   Pourtant, c’est en fonçant comme un train à grande vitesse que les producteurs ont joué le tout pour le tout, agençant tous les éléments gagnants pour créer un spectacle – en tous points – aussi fort que les productions de Broadway et le film très réussi de Rob Marshall sorti en 2002 mais avec une plus-value considérable qui réside en l’adaptation extraordinaire de Manuel Tadros (qui avait aussi fait l’adaptation pour le doublage du film en 2002 et pour la production de 2003, les chansons n’étant pas pareilles pour les deux, faut le faire, probablement une question de droits d’auteur) et de Benoît Landry (Chansons pour filles et garçons perdus) qui signe également la mise en scène.



   C’est que l’adaptation nous fait presque oublier les États-Unis d’Amérique sales des années 20 des Al Capone et compagnie. On pourrait presque se croire dans le Montréal de la prohibition de Jean Drapeau et Pax Plante tant le français parlé est le nôtre, ce qui est à la fois délicieux et irrévérencieux. Et pour servir cette adaptation formidablement bien, on a une brochette d’acteurs/danseurs/chanteurs aux accents variés qui reflètent avec fraîcheur notre diversité culturelle.



   D’abord, Terra Ciccotosto MacLeod (Velma) et Véronic DiCaire (Roxie) se reglissent dans leurs personnages comme si elles ne les avaient jamais quittés mais avec une maturité que l’on sent également… pas que leurs flexibilité, agilité, forme physique aient pris la moindre ride. Elles sont fabuleuses ! Et il faut l’être pour accoter la voix de Michaël Girard qui incarne un Billy Flynn beaucoup plus «chanteur» que Richard Gere et Anthony Kavanagh, un peu moins «acteur» mais il compense amplement avec son habileté physique et sa voix impressionnante.

   En Mama Morton, Mélissa Bédard est époustouflante. Hormis les rapprochements que l’on pouvait faire avec Queen Latifah qui tenait le rôle dans le film, on oublie rapidement sa prédécesseure et on embarque à 100 miles à l’heure dans sa proposition. Le choix de Neev dans le rôle d’Amos Hart (l’incroyable John C. Reilly dans le film) pourrait sembler douteux a priori mais il tire très bien son épingle du jeu et arrive même à nous toucher avec Monsieur Cellophane, chanson iconique qui avait entre autres été reprise formidablement par Chris Colfer dans la série Glee.

   La performance de toutes les prisonnières dans Le Tango carcéral (Le Tango du pénitentier dans le film) est excellente et on se réjouit de retrouver, entre autres, Frédérique Mousseau que j’avais découverte dans La Corriveau : La soif des corbeaux et Marianne Orlowski qui jouait la nunuche-pas-si-nunuche-finalement dans Les Producteurs. Enfin, je ne peux pas vous dire à quel point j’ai été soufflé – mais alors là, je suis presque tombé de mon siège – devant la performance éblouissante de David Noël, un jeune acteur/chanteur au talent fou que je retrouvais avec bonheur après Dracula, a Comedy of Terrors et Jules et Joséphine.

   Bref, avec cette nouvelle mouture du Chicago de Kander, Ebb et Fosse, un spectacle qui fête ses 50 ans cette année, on est devant un sans faute qui respecte à merveille les chorégraphies originales de Bob Fosse et Ann Reinking, propose une scénographie de cabaret qui s’adapte à merveilles aux scènes et met en valeur les musiciens (qui jouent en direct) et leur directeur musical, tout en ne s’enlisant pas dans la complaisance de reproduire bêtement un spectacle juste pour le reprendre. Parce qu’après tout, c’est ça, le jazz. C’est du freestyle.



Chicago Livret de Fred Ebb et Bob Fosse Paroles: Fred Ebb Musique de John Kander Traducteur: Manuel Tadros Révision du texte québécois: Benoît Landry Production originale dirigée et chorégraphiée par Bob Fosse, inspirée de la pièce de théâtre de Maurine Dallas Watkins Metteur en scène résident: Benoît Landry Régisseure: Marie-Hélène Dufort Avec Terra Ciccotosto MacLeod, Véronic DiCaire, Michaël Girard, Mélissa Bédard, Neev, David Noël, Katee Julien, Marianne Orlowski, Félix LaHaye, Alex Beaulieu, Astrid Dangeard, Chantal Dauphinais, Tommy Durand, Jose Flores, Yoherlandy Tejeiro Garcia, Yoan Grosjean, Alice Jackson, Frédérique Mousseau, Maud Saint-Germain, Marcio Vinicius Paulino Silveira, Sarah Johnston, Jonathan Voisine (Bryan Audet, alternant Amos Hart). Musiciens: David Terriault (directeur musical et chef d’orchestre), Chris Barillaro (pianiste et assistant directeur musical), Guillaume St-Laurent (pianiste), Benjamin Deschamps, Richard Beaudet, Annie Dominique, David Carbonneau, Maxime St-Pierre, Mathieu Van Vliet, Karine Gordon, Christopher Smith, Peter Colantonio, Simon Legault et Pascale Croft Superviseure chorégraphique: Maud Saint-Germain Une production Juste pour rire 21 juin au 27 juillet 2025 au Théâtre Saint-Denis, Montréal (Durée : 2h30 avec entracte) 9 au 31 août 2025 au Théâtre Capitole de Québec 10 au 21 septembre 2025 Casino du Lac-Leamy Information: https://www.chicagolacomediemusicale.com/   Photos: Florian LeRoy

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