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Théâtre musical: «Hair» de Gerome Ragni/James Rado/Galt MacDermot: Laissez entrer le soleil!

par Yanik Comeau (Comunik Média / ZoneCulture)

J’avais à peine 11 ans quand j’ai vu l’adaptation cinématographique de Hair par Milos Forman sur grand écran alors qu’à l’époque, le film était coté 18 ans et plus. Comment ai-je fait pour entrer au cinéma? Je ne m’en souviens pas trop. Mes parents m’y ont sans doute amené parce qu’ils savaient que l’artiste en devenir que j’étais allait en avoir plein la tête, plein les yeux, plein les oreilles, plein le cœur. Le musical de Ragni, Rado et MacDermot né off-Broadway dans un sous-sol de Greenwich Village en 1967 avant de se tailler une place sur Broadway la saison suivante avait été modifié par le scénariste Michael Weller à la demande du réalisateur de One Flew Over the Cukoos’ Nest et – plus tard – Amadeus, Ragtime… donnant un grand film qui resta gravé dans ma mémoire à tout jamais grâce aux performances mémorables de feu Treat Williams, John Savage, Beverly D’Angelo et compagnie.



Pourtant, les créateurs du musical ont en quelques sortes renier le film puisqu’ils exigent désormais que l’on n'adapte pas le film sur scène mais que l’on respecte l’histoire originale. Ainsi, certaines chansons iconiques sont chantées par des personnages différents, certaines histoires sont différentes de celles de nos souvenirs et plusieurs personnages s’avèrent beaucoup moins développés et moins intéressants dans la version théâtrale. Le scénario du film avait sérieusement enrichi le livret qui, somme toute, est plutôt pauvre.



Ce qui reste est peut-être beaucoup moins riche mais entre les mains de Serge Denoncourt, qui signe également la traduction et qui a eu la brillante idée de faire des versions bilingues de certaines chansons, est néanmoins une véritable fête de la danse et de la chanson. La bande sonore du film n’est pas si loin de celle du musical et on se régale du formidable talent que le metteur en scène a réuni sur scène. Le Aquarius de Sarah-Maude «Lyxe» Desgagnés (Dionne), le Donna de Kevin Houle (Berger), le I Got Life (J’ai ma vie) et le Where Do I Go? de Philippe Touzel (Claude) avec Berger (pour la première) et l’ensemble (pour les deux), le En amour je crois et le Besoin d’un ami d’Eleonore Lagacé ne perdent rien de leur mémorabilité. Chaque chanson ne fait pas tant avancer l’histoire mais se savoure quand même avec bonheur.


Personnages évacués dans le film, les parents incarnés par la formidable Marie-Andrée Lemieux (qu’on a pu voir dans Demain matin Montréal m’attend au TNM il y a quelques années et dans le non moins mémorable Noel 1933 du Théâtre Exaltemps) et l’excellent Jérémie Roy ainsi que la bourgeoise Margaret Mead jouée par l’incroyable Étienne Cousineau (La Voix) offrent de savoureux moments comiques qui ravissent le public. L’accent concocté par Étienne Cousineau, une Lisette de Courval des Belles-Sœurs sur l’acide, est un véritable jeu de funambule.


À l’instar des brillantes créations du Théâtre de l’Oeil ouvert (La Corriveau, Belmont) et du Newton et les corps célestes de Stéphane Brulotte présenté cet été au Théâtre La Marjolaine, Hair, bien que disposant d’un budget beaucoup plus substantiel, exploite néanmoins très efficacement l’effet de chœur de son ensemble, utilisant sans ménagement tous les talents (chant, danse, jeu) de ses interprètes.


Utilisant des échafaudages vertigineux qui rappellent un jeu de Mécano, le scénographe Guillaume Lord, un vieux complice de Denoncourt, permet une exploitation encore plus grande de l’espace. Au lieu d’être dans une fosse, les musiciens sont en hauteur. Ingénieux et effiacace.


Comme c’était le cas avec Annie l’an dernier, Denoncourt fait encore une fois appel à Wynn Holmes et Nico Archambault pour les chorégraphies et Lorenzo Somma à la direction musicale.


Le soir de la première médiatique, on n’aura pas pu assister au spectacle en entier puisqu’une panne d’électricité aura interrompu la représentation à une vingtaine de minutes de la fin mais les interprètes formidables, pris de court devant notre dépendance à l’électricité, auront néanmoins laissé entrer le soleil a capella pour le plus grand ravissement du public qui aura éclairé le numéro de ses cellulaires comme à l’époque où Michel Fugain invitait les spectacteurs à allumer leurs briquets pour Tout va changer.


Hair aura encore une fois frappé dans le mil pour Juste pour rire qui s’avère un producteur tout aussi redoutable (dans le bon sens du terme) que Mirvish à Toronto.


Hair

Livret et paroles de Gerome Ragni et James Rado

Musique de Galt MacDermot

Mise en scène et traduction du livret et des paroles de chansons: Serge Denoncourt

Assistante à la mise en scène: Marie-Christine Martel

Avec Philippe Touzel (Claude), Kevin Houle (Berger), Éléonore Lagacé (Sheila), Sarah-Maude «Lyxé» Desgagnés (Dionne), Maxime-Olivier Potvin (Hud), Félix LaHaye (Woof), Camille Cormier Morasse (Jeanie), Cassandra Montreuil (Crissy), Étienne Cousineau (Margaret Mead/ensemble), Jérémie Roy (Hubert/ensemble), Réginald Bellamy (ensemble), Jordan Donaghue (ensemble), Tom-Éliot Girard (ensemble), Johanne Ductan-Petit (ensemble), Marie-Andrée Lemieux (ensemble), Delphine Morissette (ensemble), Nico Archambault (danseur/ensemble), Marcio Vinicius Paulino Silveira (ensemble/danseur), José Flores (ensemble/danseur), Chad Concepcion (ensemble/danseur), Krystel-Mary Assaf (danseuse/ensemble), Cyndie Forget-Gravel (danseuse/ensemble), Fannie Côté (danseuse/ensemble), Lauri-Ann Lauzon (danseuse/ensemble)

Musiciens: Salin Cheewapansri (batterie), Élisabeth Provencher (Saxophone, flûte, clarinette), Patrick Lebrun (batterie électrique), Josianne Rouette (trompette), Victoria Hebbard (trompette) et Matthieu Brutus (guitare)

Directeur musical et claviers: Lorenzo Somma

Chorégraphe: Wynn Holmes

Assistant chorégraphe: Nico Archambault

Consultante diversité et inclusion: Vanessa Destiné

Scénographe: Guillaume Lord

Concepteur costumes: Pierre-Guy Lapointe

Conceptrice des éclairages: Julie Basse

Concepteur vidéo: Silent Partner Studio

Concepteur sonore et consultant à la sonorisation: Jean-Philippe Bonichon

Assistant concepteur sonore et ingénieur système: Arnaud Bayssat

Coach vocal: Katee Julien

Accessoiriste: Julie Measroch

Conceptrice maquillages et coiffures: Amélie Bruneau-Longpré

Assistante aux maquillages et coiffures: Camille Sabbagh Bourret

Une production Juste pour rire

16 juin au 31 juillet 2023 au Théâtre Saint-Denis, Montréal (Durée : 2h30 incluant entracte)

12 au 30 décembre 2023 à la Salle Albert-Rousseau, Québec

Information: https://www.hahaha.com/fr/spectacles/hair-comedie-musicale

Photos: Juste pour rire

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