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Théâtre interdisciplinaire: «Le Partage» d’Emmanuel Schwartz: Prenez mon corps, mon sang, mon cœur…

par Yanik Comeau (Comunik Média/ZoneCulture)

Après L’Exhibition en 2019, le grand comédien et créateur Emmanuel Schwartz poursuit sa trilogie Essais avec Le Partage, un solo vertigineux dans lequel il incarne «un comédien estimé [qui] reconstruit son identité à travers les témoignages contradictoires des témoins de sa chute.» Parce que tout en explorant et se questionnant sur l’autofiction et l’autobiographie au théâtre, Emmanuel Schwartz plonge de plein fouet aussi dans l’illustration de la dépression, du burnout, de la maladie mentale, de la remise en question professionnelle. Et pour le faire, il se trouve un alter ego qui exerce le même métier que lui et invite le spectateur à découvrir les coulisses du cinéma et des égos démesurés.



Passionné de mises en abyme au théâtre, l’auteur/créateur/interprète brise sans cesse le quatrième mur et incarne une multitude de personnages richement développés et profondément habités. La partition verbale est étourdissante par moments, tout aussi poétique que violente, attendrissante que déchirante, l’interprète livrant comme lui seul sait le faire – encore avec la sublime complicité de celle avec qui il ne peut pas se tromper, Alice Ronfard – une performance à couper le souffle.



Explorant différentes voix, des accents, des rythmes profondément incarnés dans ce monologue qui n’en n’est pas un, Emmanuel Schwartz se meut dans une scénographie glauque et froide à première vue mais ingénieuse et étonnamment fluide de Camille Barrantès (qui signe aussi le décor et les costumes de Je viendrai moins souvent de Camille Paré-Poirier en même temps à la Salle Jean-Claude-Germain) et qui accueille à merveille les prouesses visuelles de Transversal et Nicolas Pfeiffer de VYV Studio, des images brillamment intégrées à ce solo inoubliable.



Dans un moment particulièrement intime et touchant vers la fin du spectacle, Emmanuel Schwartz est absolument déchirant de vérité. Il semble se donner corps, sang, cœur et âme alors que l’introspection du personnage déroute le spectateur et le saisit aux tripes.



Alors que pendant quelques années, j’avais l’impression d’assister régulièrement à des work-in-progress à La Chapelle, ces dernières années les spectacles sont de plus en plus peaufinés et élaborés avant de nous arriver. Après avoir été soufflé par la performance d’Emmanuel Schwartz dans Un.Deux.Trois de son ami et complice Mani Soleymanlou chez Duceppe et dans la lecture publique de La Traversée du siècle de Michel Tremblay/Alice Ronfard à Espace Libre en début de saison, j’avais très hâte de replonger dans une création d’Emmanuel l’auteur-interprète et Le Partage ne déçoit pas. La démarche est sincère et généreuse et le spectateur en sort ébranlé et grandit.



Le Partage d’Emmanuel Schwartz Texte, interprétation et mise en scène: Emmanuel Schwartz Collaboration à la mise en scène et dramaturgie: Alice Ronfard Conseiller à l’écriture: Daniel Canty Scénographie: Camille Barrantès Costumes : Marie-Audrey Jacques Éclairage: Étienne Boucher Création vidéo: Transversal Espace vidéo et mapping: VYV Studio – Nicolas Pfeiffer Conception sonore: François Thibault Compositeur: Cédric Dind-Lavoie Assistance, régie: Émile Lafortune Direction de production: Margarita Herrera Dominguez Direction technique: Émile Lafortune, Jurjen Barel Traduction et création de surtitres: Elaine Normandeau Créé en résidence chez VYV Studio et à La Chapelle, Scènes Contemporaines Une coproduction La Clairière, compagnie de création; La Chapelle, Scènes Contemporaines; Centre National des Arts Du 1er au 9 mai 2023 à 19h30 – relâche dimanche (durée: 1h15 sans entracte) La Chapelle, Scènes Contemporaines, 3700, rue Saint-Dominique, Montréal Réservations: 514-843-7738 – www.lachapelle.org Photos: David Ospina

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