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Théâtre musical: «La Famille Addams» de Marshall Brickman / Rick Elice / Andrew Lippa: Roméo et Juliette dans Central Park

par Yanik Comeau (Comunik Média / ZoneCulture)


   Dans le dernier siècle, le théâtre musical aura pris toutes sortes de formes mais aura surtout eu ses lettres de noblesse aux États-Unis, malgré tout le respect que nous avons pour L’Opéra de Quat’Sous de Brecht/Weill, le Starmania de Plamondon/Berger, le Pied de poule de Marc Drouin/Robert Léger. Mais justement ! Ces exemples représentent bien la diversité qui a toujours existé dans le genre, des Damn Yankees et My Fair Lady aux jukebox musicals (les Mamma Mia, Rock of Ages et Jersey Boys de ce monde) jusqu’à Hamilton qui a plus que dépoussiéré le genre, on le sait.



   Depuis plusieurs années, pendant que de petites compagnies formidables de chez nous comme le Théâtre Exaltemps (Noël 1933) et le Théâtre de l’œil ouvert (Clémence, La Corriveau, Belmont,...) créent des œuvres originales renversantes, les gros joueurs comme Entourage, KO Spectacles, etc., Juste pour rire en tête, envoient un message à Broadway que le Québec n’est plus né pour un petit pain et que, malgré nos salles plus petites et nos moyens plus modestes certes, nous n’avons plus rien à envier au Great White Way. Les producteurs de chez nous se sont clairement donné comme mission de donner aux formidables artistes et artisans de chez nous les moyens pour nous en mettre plein la vue.



   Ainsi, après des Mary Poppins, La Mélodie du Bonheur, Annie, Hair, c’est La Famille Addams qui s’appropriait le Théâtre Saint-Denis en octobre dernier et encore pendant le temps des fêtes jusqu’au 7 janvier. Ce spectacle est mis en scène par René Simard qui depuis 40 ans a fait ses classes en théâtre musical, tant comme interprète (Jeanne-la-pucelle, Phantom of the Opera, Chantons sous la pluie, Mary Poppins…) que comme metteur en scène (Elvis Story, Génération Motown, Night Fever, Revue et corrigée…). Il rassemble une équipe d’interprètes solides, s’entoure de concepteurs et d’artistes de premier plan et crée un spectacle magique qui transcende tous ses défauts (livret famélique, chansons trop nombreuses qui ne font pas avancer l’histoire, «production numbers» qui en mettent plein la vue pour faire oublier les faiblesses de l’histoire), crée un esprit de famille qui franchit le cadre de scène et offre aux spectateurs de tous âges un divertissement de première qualité.



   La distribution est on ne peut plus éclectique mais a clairement profité des nombreuses heures de répétition pour créer une osmose palpable. Qui aurait pensé à Luc Guérin en Gomez à part ceux qui se rappelleront qu’il avait tenu le rôle principal dans Joue le pour moi, Sam et dans Avant la nuit… Offenbach au Rideau Vert. Il est drôle, lubrique sans être déplacé, touchant quand il le faut et il partage avec sa Morticia (une Rita Tabbakh si bien choisie et au sommet de son art) une chimie indéniable. Alexandra Sicard assume avec énergie le rôle central de Mercredi Addams, la Juliette dans ce Roméo et Juliette dans Central Park qui finira mieux que celui de Shakespeare. En Lucas Beineke, le Roméo, l'objet de désir de Mercredi, Simon Dufresne manque peut-être un peu de testostérone (un sérieux problème en théâtre musical chez nous depuis quelques années – faudrait peut-être y revenir), mais il chante et joue bien, tenant son bout avec ses parents vétérans, les Élysabeth Rivest et Sylvain Scott qui tirent vraiment bien leur épingle du jeu malgré le fait qu’on leur donne très peu de viande à se mettre sous la dent. Le jeune William Bernier s’en sort très bien aussi en amusant et jaloux petit frère Pugsley mais ce sont les redoutables Tommy Joubert (Oncle Fétide) et Claire Jacques (Grand-mère) qui ravissent le public à chaque entrée en scène malgré leurs rôles bien secondaires qui auraient pu prendre plus de place si on avait eu un livret plus étoffé. On en redemande à chacune de leurs apparitions comme le souligne le public avec ses applaudissements tonitruants lors du salut. Enfin, le grand Dominic Lorange (dans tous les sens du terme) est presque muet bien que très drôle avec ses grognements en Lurch, mais a finalement le chance de montrer sa voix magnifique avec un solo qui arrive bien tard.



   Je m’en voudrais de ne pas souligner les belles performances de l’ensemble qui fait vivre joyeusement les chorégraphies énergisantes de Team White (Révolution). Le numéro d’ouverture avec les âmes des disparus de la famille qui sortent de la crypte est particulièrement époustouflant.




   J’en faisais mention au tout début, tous les artistes et artisans, concepteurs ont mis leur multiples talents à profit pour créer le décor splendide et luxuriant dessiné par Loïc Lacroix-Hoy et les costumes brillants de Marie-Chantale Vaillancourt, mis en valeur par les éclairages David Lavallée Gagné. Les musiciens sur scène, «cachés» dans les tours du «château», ajoutent à l’immédiateté, la spontanéité, la vérité du spectacle. Pas de bande sonore. Que de la vraie musique, riche et généreuse.



   Bref, il ne faudrait surtout pas bouder notre plaisir et plutôt se rendre au Théâtre Saint-Denis (et l’an prochain à la Salle Albert-Rousseau de Québec) sans hésiter pour dire à ces dizaines d’artistes combien il fait bon apprécier leurs talents et rire avec eux.



La Famille Addams Livret de Marshall Brickman et Rick Elice Paroles et musique d’Andrew Lippa inspiré des personnages créés par Charles Addams Mise en scène: René Simard Assistante à la mise en scène: Marie-Hélène Dufort Avec Luc Guérin (Gomez), Rita Tabbakh (Morticia), Alexandra Sicard (Mercredi), William Bernier (Pugsley/Cousin Machin, en alternance), Léopold Lafontaine (Pugsley en alternance), Tommy Joubert (Oncle Fétide), Claire Jacques (Grand-mère), Dominic Lorange (Lurch), Simon Dufresne (Lucas Beineke), Élysabeth Rivest (Alice Beineke), Sylvain Scott (Malcolm Beineke), Oscar Vaillancourt (en alternance avec William Bernier), Bryan Audet (ensemble/swing universel), Catherine Ouimet (ensemble/swing de Mercredi Addams), Hélène Durocher (ensemble/swing de Morticia Addams), Ève Dessureault (ensemble/swing de Grand-mère), Éric Lussier (ensemble/swing de Lucas), Katee Julien (ensemble/swing de Alice), Frédérique Arsenault, Allhazon Bélisle, Marilyne Caron-Proulx, Mathieu Handfield, Alicia Gagné, Jessica Gaudet, Tessie Isaac, Pascal Jodoin, Étienne Léonard-Benoît et Laura Perron (danseurs). Musiciens: Ian Simpson (basse et contrebasse), Philippe Bouffard (Saxophone et multi-instruments), Lucie Cauchon (Assistante chef et claviériste), Dominic Cloutier (percussions), Jérôme Dupuis-Cloutier (trompette) et Alain Bertrand (guitare) Directeur musical: Guillaume St-Laurent Chorégraphe: Team White Scénographe: Loïc Lacroix-Hoy Conceptrice des costumes: Marie-Chantale Vaillancourt Concepteur des éclairages: David Lavallée Gagné Sonorisateur: André Caron Direction vocale: Estelle Esse Accessoiriste: Alain Jenkins Conceptrice des maquillages: Justine Denoncourt-Bélanger Concepteur perruques et coiffures: Stéphane Scotto Di Cesare Pianiste répétitrice: Lucie Cauchon Directeur technique: Étienne Boucher-Cazabon Une production Entourage, KO spectacles, Flair Plus, Productions Quartier-Latin, Josée Lalonde, Damya, les Productions d’Albert 17 octobre 2023 au 7 janvier 2024 au Théâtre Saint-Denis, Montréal (Durée: 2h50 incluant entracte) 12 au 31 décembre 2024 à la Salle Albert-Rousseau, Québec Information: https://lafamilleaddams.com/

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