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Performance/Musique/Interdisciplinaire: «Warm Up» de Mykalle Bielinski: Pédale, Mykalle, pédale!

par Yanik Comeau (Comunik Média/ZoneCulture)


Depuis quelques années, je suis avec intérêt la carrière de l’artiste multidisciplinaire Mykalle Bielinski. Musicienne, chanteuse, comédienne, auteure, elle collabore régulièrement avec Édith Patenaude et c’est le Titus d’après Shakespeare de cette dernière qui me l’a fait découvrir, tant comme comédienne que comme musicienne et créatrice musicale. Ses contributions musicales aux mises en scène de Philippe Cyr (Le Brasier), Frédéric Blanchette (Consentement), Marie-Hélène Gendreau (Les Enfants) et Sylvain Bélanger (Lignes de fuite) retiendront aussi mon attention mais son Mythe (écriture, mise en scène, interprétation) à Espace Libre me confirmera mon intérêt pour sa carrière.



Sa nouvelle création, un solo, présenté ces jours-ci à La Chapelle, Scènes contemporaines, là où expérimentation rime avec audace, est pour le moins culottée mais pas que. Parfois, à La Chapelle, on se désole que la forme prenne toute la place au détriment du fond. Avec Warm Up, Mykalle Bielinski présente une performance engagée, pertinente, ancrée dans une démarche sociale qui ne reste pas juste au niveau des apparences.



«Face au réchauffement climatique, un échauffement de survie: produire son électricité avec son corps, grâce à un vélo branché à une batterie. Seule en scène, Mykalle Bielinski pédale pour qu'il y ait spectacle, mais jusqu'à quand? Confrontée aux effondrements, elle explore les décroissances nécessaires pour éviter l'épuisement et guérir. Entre performance sportive, manifeste, concert et méditation, Warm Up dénonce les exploitations permises par la surconsommation et esquisse les contours d'une écologie durable où la nature n'est plus seulement qu’une ressource. Parce que la surchauffe des corps est corrélative à la surchauffe de la planète, il ne suffira pas de se «décarboner» (sic), il faudra s'exercer à se transformer.»


C’est ainsi que le site de La Chapelle explique ce qui nous attend. Dans les premières minutes, Mykalle met la table. Elle installe un vélo sur un support qui le transformera en vélo stationnaire. Elle branche sa monture sur une batterie. Elle pédale, pédale, pédale pendant quinze minutes pour aller chercher dix pour cent d’énergie… qu’elle transformera en quelques secondes de chant magnifique avec sa voix sublime. Puis, le coït avec le public sera interrompu parce qu’il faut remonter sur le vélo si on veut recharger la batterie… sinon, on n’aura plus d’électricité pour le micro, le projecteur,... On voudrait pédaler avec elle pour qu’elle puisse chanter plus longtemps la prochaine fois. Chaque coup de pédale est précieux parce qu’il nous donnera des secondes de communion à cette voix magnifique. Le troisième extrait chanté sera le plus long, le plus intense, et se poursuivra pendant un moment parce que Mykalle pédalera en chantant.



Tout ça pourrait s’avérer qu’expérimentation et faire un peu futile (pendant les premières minutes à regarder Mykalle pédaler sans dire un mot, on ne peut s’empêcher de se demander: «Si j’étais chez Éconofitness à fixer une fille qui pédale, je passerais pour un méchant tordu» ou encore «Veux-tu ben m’dire ce que je fais là à regarder une fille pédaler pour aucune raison ?») mais les morceaux du puzzle se mettent à présenter une image limpide lorsqu’une narration pré-enregistrée nous partage toute la recherche et la démarche derrière l’exercice (dans les deux sens du terme). Pendant que Mykalle déconstruit littéralement son vélo et le transforme en sculpture dont l’ombre sur le mur donnera l’impression d’un capteur de rêves géant, on est éclairés dans la pénombre… avant que ne revienne la lumière drue de la salle.



On apprécie la démarche socialement engagée, toute la symbolique dans l’action concrète. On aurait voulu avoir droit à des chansons complètes mais notre consommation d’électricité excessive sera en quelques sortes punie. Il faudra attendre un prochain spectacle pour renouer avec Mykalle la chanteuse, la comédienne, l’artiste interdisciplinaire. D’ici là, on ne sort pas indifférent de La Chapelle après avoir assisté à Warm Up.




Warm Up Une création de Mykalle Bielinski Idéation, texte, conception interprétation: Mykalle Bielinski Dramaturgie: Myriam Stéphanie Perraton Lambert Direction technique: Gabriel Duquette Collaboration à la mise en scène: Édith Patenaude Yeux extérieurs: Hugo Dalphond et Eve Tagny Créé grâce au soutien de Aux Écuries, La Bellone – Bruxelles, Agitlab – Agueda, LA SERRE – Arts vivants et Rurart Coproduction La Chapelle, Scènes contemporaines Photos: Maxime Côté Les 13 et 14 décembre 2021 à 19h et les 16 et 17 décembre 2021 à 20h (1h15 sans entracte + rencontres avec l’artiste après la représentation) La Chapelle, Scènes Contemporaines, 3700, rue Saint-Dominique, Montréal Réservations : 514-843-7738 – www.lachapelle.org

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