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Lancement 2018-2019 du Théâtre du Nouveau Monde: une saison d’émotions brutes

par Yanik Comeau (Comunik Média)

Pour sa 27e saison à la barre de la direction artistique du gigantesque paquebot qu’est notre Théâtre du Nouveau Monde, Lorraine Pintal ne montre toujours aucun signe de ralentissement, de manque d’enthousiasme ou de complaisance. Toute en demeurant branchée sur les traditions auxquelles on s’attend de la compagnie fondée en 1951, la capitaine est aussi fidèle au mantra «le théâtre de tous les classiques, ceux d’hier et de demain».

Cette nouvelle saison s’ouvrira sur une création toute fraîche qui puise dans un classique, l’œuvre phare de Voltaire, Candide. C’est Pierre-Yves Lemieux, cofondateur du Théâtre de l’Opsis et responsable de plusieurs des beaux succès de cette compagnie – notamment ses réécritures ou adaptations pour la scène d’œuvres de Shakespeare, Tchekhov, Goldoni, Faulkner… – qui s’attaque non seulement au roman mais à la vie et au modus operandi créatif de son auteur, intégrant Voltaire lui-même dans l’action, comme il l’avait fait en explorant l’univers de Goldoni pour créer Commedia il y a quelques années. Mise en scène par la formidable Alice Ronfard, cette nouvelle pièce mettra en vedette le Tartuffe de la saison dernière, Emmanuel Schwartz (que j’ai donc hâte de voir dans quelques jours dans Le Tigre bleu d’Euphrate dirigé par Denis Marleau au Quat’Sous), entouré de Valérie Blais (tellement hâte de la revoir sur scène en Madame Denis !), Larissa Corriveau (excellente encore tout récemment dans Chienne(s) à la salle Jean-Claude Germain), Patrice Coquereau (qui était des Fourberies de Scapin plus tôt cette saison) et Benoît Drouin-Germain (excellent ces jours-ci dans Comment je suis devenu musulman à La Licorne). Ça commence fort !


En novembre, avec Bilan, le TNM replongera dans l’exploration et la relecture de l’œuvre de Marcel Dubé, qui nous quittait en 2016. Après Les Beaux Dimanches (que Lorraine Pintal avait elle-même mise en scène il y a plusieurs années), la directrice artistique confie à un de ses anciens élèves, Benoit Vermeulen, cofondateur du Théâtre Le Clou et metteur en scène brillant (qu’elle avait dirigé dans Comme il vous plaira quand Vermeulen était finissant à l’Option-Théâtre du Cégep Lionel-Groulx), la mise en scène de ce classique de la dramaturgie québécoise. Cette fois, pour jouer William et Margot, on fera appel à Guy Jodoin et Sylvie Léonard qui seront entourés de Christine Beaulieu (J’aime Hydro), Joseph Bellerose, Philippe Cousineau (qu’on a vu cette année dans La Femme la plus dangereuse du Québec à Fred-Barry et dans Les Robots font-ils l’amour ? à l’Usine C), Michaël Gouin (qu’on a surtout connu dans des rôles comiques à la télé, mais qui n’en est pas à ses premières armes dans le plus «sérieux»), Rachel Graton (que l’on voit dans Les Simone à la télé et auteure de La Nuit du 4 au 5 à la salle Jean-Claude-Germain cette saison), Marie-Ève Milot, Jonathan Morier, Jean-Philippe Perras, Mathieu Quesnel (génial dans Savoir compter de Marianne Dansereau plus tôt cette saison) et Denis Trudel.



En janvier, après avoir repris son 887 pour une quinzaine de représentations à l’automne, Robert Lepage montera une production francophone de Coriolan de Shakespeare après avoir offert cette pièce au Festival de Stratford en anglais cet été. Dans la formidable traduction québécoise de Michel Garneau, on trouvera Alexandre Goyette (qui vient de terminer la série de représentations du Chemin des Passes-Dangereuses de Michel Marc Bouchard chez Duceppe) entouré, entre autres, d’Anne-Marie Cadieux et de Rémy Girard dont je n’oublierai jamais la performance dans La Vie de Galilée de Brecht dirigée par Robert Lepage au TNM aussi. Une grosse distribution, il va sans dire, qui reflétera allègrement la diversité culturelle d’une Montréal joyeusement multi-ethnique (Mikhaïl Ahooja qu’on a pu voir dans la Mort d’un commis-voyageur montée par Denoncourt au Rideau Vert plus tôt cette saison, Lyndz Dantiste qui était des Fourberies de Scapin au TNM en janvier et février, Reda Guerinik qui était du Moby Dick de Dominic Champagne et qui travaille régulièrement avec Robert Lepage, Tania Kontoyanni, sublime dans Là où le sang se mèle plus tôt cette saison à Fred-Barry, Widemir Normil et Tatiana Zinga Botao, entre autres) et marquant le retour sur scène de la sublime Louise Bombardier. Sans oublier un élément non négligeable: l’inoubliable Jean-François Casabonne que j’ai tant aimé dans Mazal Tov à la salle intime du Prospero cette saison.


En mars, Florent Siaud fera sa grande entrée au TNM en montant le colossal Britannicus de Racine, pièce créée il y a 350 ans (rappelait-il au lancement, à la grande surprise de Lorraine Pintal à qui ce détail avait visiblement échappé – amusant) et pas souvent montée parce que – avouons-le – plutôt affolante. Eh bien voilà qu’on apprend que celui qui nous a donné la merveilleuse production de Les Enivrés d’Ivan Viripaev au Prospero à l’automne rêve de monter ce Racine depuis toujours. Entouré d’une distribution béton, Sylvie Drapeau (Agrippine), Francis Ducharme (Néron), Éric Robidoux (Britannicus), Evelyne Rompré (Junie), Marie-France Lambert et Maxim Gaudette (que l’on peut voir en Chopin dans Impromptu maintenant au Rideau Vert) – qui étaient tous les trois des Enivrés – et Marc Béland (!), il devrait triompher.


La saison se terminera par la création d’une nouvelle pièce de Michel Marc Bouchard qui, pour une septième fois – nous l’ont-ils rappelé – travaillera avec Serge Denoncourt à la mise en scène. Le metteur en scène, qui travaille présentement à monter l’adaptation du film Les Choristes que l’on pourra voir bientôt, blaguait, au lancement de la saison, que tous ses premiers choix pour la distribution n’étaient pas disponibles et qu’il avait dû se rabattre sur des comédiens de deuxième ordre ! Avant de nommer Éric Bruneau, Kim Despatis, Patrick Hivon, Julie Le Breton, Magalie Lépine-Blondeau et Mathieu Richard, la majorité des habitués de la famille Denoncourt. En ce qui me concerne, un texte de Michel Marc Bouchard est toujours un délice. J’ai donc très hâte.



De plus, en spectacle optionnel à l’abonnement, on aura droit à une nouvelle mise en scène de Lorraine Pintal qui, après avoir monté Le Journal d’Anne Frank et avoir sérieusement ému son auteur Éric-Emmanuel Schmitt, dirigera celui-ci dans un spectacle musical qu’il a écrit et qui s’inspire de la trop courte vie de Georges Bizet et de son travail autour de la création de son opéra Carmen. Le Mystère Carmen mettra également en vedette notre mezzo-soprano nationale Marie-Josée Lord, le ténor Jean-Michel Richer et le pianiste Dominic Boulianne. Du 26 février au 16 mars 2019.


Une saison qui promet, c’est le moins que l’on puisse dire.

Théâtre du Nouveau Monde – Saison 2018-2019 11 septembre au 6 octobre 2018 : Candide ou l’Optimisme de Pierre-Yves Lemieux d’après Voltaire 13 novembre au 8 décembre 2018: Bilan de Marcel Dubé 15 janvier au 9 février 2019 : Coriolan de William Shakespeare – Trad.-adapt. : Michel Garneau 26 mars au 20 avril 2019 : Britannicus de Racine 14 mai au 8 juin 2019 : La Nuit où Laurier Gaudreault s’est réveillé de Michel Marc Bouchard *** Spectacle optionnel : 26 février au 16 mars 2019 : Le Mystère Carmen d’Eric-Emmanuel Schmitt TNM, 84, rue Sainte-Catherine Ouest, Montréal Billetterie: 514-866-8668, poste 1 – Abonnements : tnm.qc.ca

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