top of page
  • Photo du rédacteurYanik Comeau

Saison théâtrale 2018-2019 : Le Théâtre du Rideau Vert accorde au féminin

Dernière mise à jour : 9 mars 2021

par Yanik Comeau (Comunik Média/ZoneCulture)

Le Théâtre du Rideau Vert, fondé par la comédienne Yvette Brind’Amour et Marcedes Palomino il y a maintenant 70 ans, a le vent dans les voiles. Il y a une quinzaine d’années, il battait de l’aile et on ne donnait pas cher de sa peau – une situation qui était des plus désolantes et qui catastrophait le milieu théâtral montréalais. On ne pouvait s’imaginer qu’un théâtre qui avait si longtemps été symbole de vitalité et d’audace (là où on a créé tant de nouvelles pièces de Tremblay, Maillet, Loranger, Blais et fait découvrir au public de chez nous le théâtre d’Anouilh, de Garcia Lorca, de Giraudoux, de Camus et de combien d’autres) pourrait être en train de mourir à petit feu, abandonné par un public vieillissant comme tant d’autres institutions culturelles québécoises. Entre côté cour la «jeune et dynamique» Denise Filiatrault et un partenaire financier puissant, Québecor, et abracadabra ! Débute la revitalisation de l’institution qui habite le Théâtre Stella de la rue Saint-Denis depuis 1960.


C’est Céline Marcotte, directrice générale du Rideau Vert, qui annonce d’abord fièrement que le nombre d’abonnés a augmenté cette saison, un tour de force pour toute institution dans une ère de surabondance de l’offre culturelle et de popularité croissante des options de divertissement bon marché à domicile. Annonçant que les prix des billets et des abonnements resteront les mêmes pour la saison qui vient – une excellente façon d’assurer une certaine fidélité et de ne pas décourager les abonnés actuels – et que la représentation du samedi soir reviendra à 20h – une demande des abonnés, accueillie avec grand bonheur par ceux qui étaient présents dans la salle au lancement –, Céline Marcotte en a aussi profité pour souligner l’immense succès de Mort d’un commis-voyageur, la première production de la présente saison, qui a non seulement connu une tournée fructueuse à travers la province mais a même vu son succès couronné par une autre série de représentations montréalaises à la salle Pierre-Mercure à son retour de tournée. Cette tournée est de bonne augure pour celle que l’on prévoit pour une deuxième production de la saison, L’Homme-Éléphant, le triomphe de Benoit McGinnis ce printemps, qui fera le tour du Québec en janvier prochain pour une série de 24 représentations (au moment d’écrire ces lignes). Je vous le disais, le Rideau Vert a le vent dans les voiles.


Place aux femmes metteures en scène

Pour la saison qui vient, la 70e de l’histoire du Rideau Vert, Denise Filiatrault, égale à elle-même, propose un heureux mélange de drame et de comédie, d’émotion et de rigolade. Et dans le courant du mouvement #MeToo, des débats autour des quotas et de la place que l’on doit faire aux femmes en politique et partout ailleurs, la directrice artistique confie les cinq productions de la saison à cinq femmes, des plus expérimentées aux néophytes… qui n’en sont pas vraiment ! Paroles aux femmes, dans plus qu’un sens.


D’abord, du 25 septembre au 27 octobre, Les Fées ont soif de Denise Boucher, pièce colossale qui a marqué le paysage théâtral québécois à sa création au TNM il y a quarante ans, prendra d’assaut la scène du Rideau Vert dans une mise en scène de Sophie Clément, qui était de la distribution de la création. «Ça fait quarante ans et il n’y a pas deux ans qui passent sans que Louisette Dussault, Michèle Magny, Jean-Luc Bastien et moi se fassions demander de faire une entrevue sur Les Fées ont soif,» a affirmé la comédienne-metteure en scène lors du dévoilement de la saison. «On a hâte de boire !» a-t-elle enfin lancé comme une boutade. Pour cette nouvelle production, Clément a choisi de s’entourer que de femmes à la conception. Sur scène, on verra Bénédicte Décary, Caroline Lavigne et Pascale Montreuil.



La deuxième production n’est plus une surprise. D’année en année, l’incontournable Revue et corrigée, qui nous a encore cette saison offert une mouture de grande qualité, divertit et écorche politiciens et personnalités du monde du showbiz d’ici et d’ailleurs. L’an prochain cependant, une première ! Bye-bye, René Simard, Serge Postigo, Joël Legendre… place à Natalie Lecompte, comédienne, auteure, script-éditrice habituée de la revue annuelle du Rideau Vert, une première femme à la barre de cette institution dans l’institution. Sur scène, on retrouvera avec bonheur les incontournables Suzanne Champagne, Martin Héroux, Benoit Paquette et Marc St-Martin auxquels se joindra Joëlle Lanctôt (la Mary Poppins de la superbe production Juste Pour Rire) en remplacement de Julie Ringuette qui sera en quelque sorte en congé de maternité. On peut cependant se désoler que la parité hommes-femmes soit disparue de Revue et corrigée. Pendant des années, on avait droit à 3 hommes, 3 femmes sur scène, mais…oups… sans que l’on attire l’attention là-dessus, quand on a décidé de couper dans les dépenses, dans les salaires, c’est un cachet féminin que l’on a tristement coupé. À quand le retour de la sublime France Parent au sein de la famille Revue et corrigée ?



Après les fêtes, du 29 janvier au 2 mars 2019, on reprendra un désormais classique texte de Yasmina Reza, « ART », dans une mise en scène de la comédienne Marie-France Lambert qui en sera à sa première. Après avoir présenté sa distribution, Benoît Brière, Martin Drainville (qui triomphe présentement au Théâtre d’aujourd’hui dans Les Hardings) et Luc Guérin, Lambert a parlé de sa première mise en scène en ces termes : « On peut parler ici de risque calculé ». En effet, ça promet. D’autant plus que le trio Brière-Drainville-Guérin sera réchauffé puisqu’il remontera sur scène tout l’été au Théâtre du Vieux-Terrebonne pour Pierre Jean Jacques, l’adaptation de la comédie de Ray Cooney et de son fils Michael, Tom, Dick and Harry, après le succès des 3 Ténors l’été dernier.


Au printemps, le Rideau Vert offrira une nouvelle production de L’Éducation de Rita de Willy Russell, un autre classique de la dramaturgie contemporaine. Dans une nouvelle traduction de Maryse Warda (dont la version française de The Curious Incident of the Dog in the Night-Time fait un malheur chez Duceppe présentement), Marie-Thérèse Fortin (qui n’en est pas à sa première mise en scène, elle qui a notamment dirigé les créations des pièces de Jennifer Tremblay lorsqu’elle était à la barre de la direction artistique du Théâtre d’aujourd’hui) dirigera Émilie Bibeau et Benoît Gouin. Représentations du 19 mars au 20 avril 2019.



Enfin, la saison se terminera sur une tradition en devenir au Rideau Vert. Une adaptation d’un scénario de film. Après, entre autres, Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu ? l’an dernier et Impromptu plus tôt cette saison, Emmanuel Reichenbach (qui a adapté le scénario de Philippe de Chauveron et qui est l’auteur de Molière, Shakespeare et moi également présentée au Rideau Vert) s’attaquera au scénario de Marcel Pagnol, Le Schpountz, un film de 1938 mettant en vedette Fernandel qui, nous promet Reichenbach, sera remis au goût du jour. Qui signera la mise en scène de cette dernière production de la saison ? La grande Denise elle-même qui, rappelons-le, s’était faite discrète cette saison. Elle dirigera Rémi-Pierre Paquin, qui ouvre ces jours-ci un pub irlandais, Le Trèfle, sur la rue Wellington à Verdun, et effectuera un retour sur la scène entouré de 9 autres comédiens.


Après une saison de grande qualité cette année (on attend avec impatience la dernière production, Trahison de Harold Pinter, qui commence la semaine prochaine), la saison septuagénaire du Rideau Vert s’avère fort prometteuse aussi.


70e Saison du Théâtre du Rideau Vert

1. Les Fées ont soif de Denise Boucher.

Mise en scène: Sophie Clément.

Avec Bénédicte Décary, Caroline Lavigne et Pascale Montreuil

Du 25 septembre au 27 octobre 2018

*

2. 2018 Revue et corrigée collectif d’auteurs.

Mise en scène: Natalie Lecompte.

Avec Marc St-Martin, Benoit Paquette, Suzanne Champagne, Joëlle Lanctôt et Martin Héroux

Du 27 novembre 2018 au 5 janvier 2019

*

3. « ART » de Yasmina Reza.

Mise en scène: Marie-France Lambert.

Avec Benoît Brière, Martin Drainville et Luc Guérin

Du 29 janvier au 2 mars 2019

*

4. L’Éducation de Rita de Willy Russell

Mise en scène: Marie-Thérèse Fortin

Avec Émilie Bibeau et Benoît Gouin

Du 19 mars au 20 avril 2019

*

5. Le Schpountz d’Emmanuel Reichenbach d’après Marcel Pagnol.

Mise en scène: Denise Filiatrault.

Avec Rémi-Pierre Paquin et 9 autres comédiens.


Théâtre du Rideau Vert

Abonnements : 514-845-0267 Réservations : 514-844-1793 – info@rideauvert.qc.ca Informations : www.rideauvert.qc.ca

18 vues0 commentaire
bottom of page