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Interdisciplinaire: «We Are Shining Forever» à La Chapelle: Chère Vickie,…

par Yanik Comeau (Comunik Média/ZoneCulture)

L’histoire de l’écrivaine Vickie Gendreau a quelque chose de légendaire. Décédée à 24 ans d’une tumeur au cerveau, elle a laissé des centaines, des milliers de pages qu’elle a confiées à son ami écrivain Mathieu Arsenault en lui faisant promettre qu’il en ferait des livres. Ce legs riche mais combien lourd est à la fois un terreau fertile pour l’écrivain héritier mais aussi une responsabilité qui pourrait s’avérer tout aussi handicapante. Comment faire honneur à son amie disparue en devenant un éditeur dans le sens le plus pur du terme tout en ne se perdant pas soi-même dans l’œuvre de l’autre?



Mathieu a déjà une œuvre qui lui est propre, une œuvre encensée qui se promène entre poésie, essai et roman et de laquelle émane une criante théâtralité. Habile conférencier (et je dirais comédien malgré lui), Mathieu Arsenault est régulièrement invité à dire ses textes et son Vu d’ici a été adapté et présenté à La Chapelle par le metteur en scène Christian Lapointe en 2008.


C’est ce même Christian Lapointe, dont le formidable CV comprend Constituons !, Trans(e), des pièces de Martin Crimp, des hommages à Sauvageau, Artaud et une autre collaboration avec Mathieu Arsenault, qui transposera à la scène le roman d’autofiction La Morte, forme d’hommage exorcisant à la mémoire de Vickie Gendreau.


Trois monologues distincts mais reliés par des paragraphes communs, des mots, des répliques qui reviennent composent ce spectacle proposé par trois interprètes virtuoses, d’abord Mathieu Arsenault lui-même, ensuite la vertigineuse Ève Landry et enfin l’épatante Mélodie Bujold-Henri qui, en plus d’assurer l’interprétation en direct de la musique de Navet Confit, ne s’en laisse pas imposer après les performances électrisantes de ses deux prédécesseurs au micro.



C’est devant le rideau, presque comme s’il était là seulement pour présenter le spectacle alors qu’il n’en est rien – il est là pour électriser le public avec son spoken word qui relève par moments du rap, du slam, avec une énergie à couper le souffle -, que Mathieu Arsenault met la table. Une déferlante de mots, d’images, de poésie urbaine aux références culturelles communes, locales, rassembleuses avec une gestuelle vive qui, par moments, rappelle le langage des signes. Des gestes que reprendront Ève et Mélodie aussi, connectant le tout comme des pièces de puzzle.



Lorsque le rideau s’ouvrira, l’installation de Claudie Gagnon, cette scénographie singulière, la scène parsemée de cercueils de carton pour l’incinération, de boîtes pour garder les cendres, de cendres renversées rappellent le titre.


Pour les mots de Mathieu Arsenault, pour l’interprétation sans faute des trois artistes sur scène, pour les ambiances que nous proposent Navet Confit et Martin Sirois, avec la vision de Christian Lapointe, on gagne à profiter de ce spectacle présenté encore cette semaines dans le cadre du fascinant Festival Phénomena.



We Are Shining Forever – À la recherche de l’entrée du royaume des morts d’après le roman de La Morte de Mathieu Arsenault publié aux éditions Le Quartanier (2020) Mise en scène et adaptation: Christian Lapointe Assistance à la mise en scène, direction de production et régie: Jacinthe Nepveu Interprétation: Mathieu Arsenault, Ève Landry, Mélodie Bujold-Henri Installation: Claudie Gagnon Musique: Navet Confit interprétée en direct aux claviers par Mélodie Bujold-Henri Lumière: Martin Sirois Costumes: Kate Lecours Direction technique: Laurence Moisan-Bédard Production Carte Blanche en coproduction avec Rhizome (coprésentation du Festival Phénomena et de La Chapelle) Du 6 au 15 octobre 2022 à 19h30 relâche dimanche et lundi (durée: 1h10 sans entracte) La Chapelle, Scènes Contemporaines, 3700, rue Saint-Dominique, Montréal Réservations: 514-843-7738 – www.lachapelle.org Photos: Valérie Remise

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