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Photo du rédacteurYanik Comeau

Théâtre: «Tremblements» de Christopher Morris: Debbie, corps et âme

par Yanik Comeau (Comunik Média/ZoneCulture)

Depuis ses tout débuts, Debbie Lynch-White fracasse partout où elle passe. Elle provoque des émotions, les suscite, les brasse, n’a pas froid aux yeux, apparaissant toujours là où on ne l’attend pas. De la gardienne de prison multicouches d’Unité 9 à La Bolduc en passant par La Pornographie des âmes et Viande froide, Platonov amour haine et angles morts et Les Glaces, elle fonce tête première avec une énergie qui laisse bouche bée. Avec Tremblements, c’est avec la rage au ventre qu’elle semble reprendre le Compostelle qu’elle n’a pas terminé. Pendant 75 minutes, elle prend la peau de Marie, une infirmière idéaliste et imparfaite qui balance sa vie plate pour s’enrôler avec Médecins Sans Frontières sans savoir que c'est dans ses derniers retranchements que cette aventure la poussera. Le public en sortira à tout jamais changé aussi.


Parce que ce n’est pas à un monologue banal que nous convie la metteure en scène Édith Patenaude (Titus, Pétrole, Oslo, Corps célestes, Un Ennemi du peuple, Les Étés souterrains, Gaz Bar Blues). Elle livre sa comédienne en pâture sur une pastille tournante sur laquelle Marie, sur le bord du burn-out, en dépression, en colère, en révolte, en deuil, en tabarnak, marchera sans cesse dans le sens des aiguilles d’une montre puis dans le sens inverse pour expier son exaspération, pour se libérer de son désir de tout casser, pour cracher son trop-plein par tous les pores de sa peau.



Après avoir travaillé ensemble sur un texte d’Alan Ball (celui qui nous a donné American Beauty au cinéma et Six Feet Under à la télé), Maxime Allen (à la traduction) et Édith Patenaude refont équipe. La traduction d’Allen est remarquable, sans faille, brillante, aussi rythmée que les pas qu’enregistrerait un podomètre en folie. Faisant honneur au texte magistral du Torontois Christopher Morris qui a écrit une des pièces les plus percutantes qui soit sortie de la Ville-Reine depuis les meilleures années de Brad Fraser, Maxime Allen mérite autant d’éloges que l’interprète colossale qu’est Debbie Lynch-White.



On a droit à beaucoup de solos remarquables ces dernières années – particulièrement avec la pandémie et on comprend pourquoi – ou des quasi-solos où l’interprète est accompagné.e d’un.e musicien.ne ou autre, mais ici, Debbie Lynch-White se donne à corps et à âme perdus. Une performance époustouflante, vertigineuse, devant laquelle on ne peut que s’incliner. Toutes les nuances dans son jeu, sa puissance, son abandon... un masterclass. Vive la reine Debbie !



Tremblements

Texte: Christopher Morris

Traduction: Maxime Allen

Mise en scène: Édith Patenaude

Assistance à la mise en scène et régie: Chloé Ekker

Avec Debbie Lynch-White

Scénographie et costumes: Gillian Gallow

Lumières: Marie-Aube St-Amant Duplessis

Musique: Alexander MacSween

Sonorisation: Frédéric Auger

Direction de production: Anne McDougall

Régie: Sandy Caron

Habilleuse: Nicole Langlois

Une production Human Cargo

14 novembre au 2 décembre 2023 (durée : 1h15 sans entracte)

Espace Go, 4890, boulevard Saint-Laurent, Montréal.

Billets: 514-845-4890 Photos: Yanick MacDonald

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