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Saison 2018-2019: Le Top 20 coups de cœur de ZoneCulture

Dernière mise à jour : 9 mars 2021

par Yanik Comeau (Comunik Média) Chaque année, on en échappe. C’est impossible de tout voir. Boulimiques de culture (de théâtre en particulier), on voudrait tout se mettre sous la dent, ne rien manquer. Mais c’est de la folie. À moins qu’on ne fasse que ça… et encore. Quand arrive un événement culturel comme le Festival TransAmériques, le Festival Accès Asie, le Fringe… (à titre d’exemples), on voudrait mettre notre vie sur pause, tout éteindre et voir toutes les productions une après l’autre. Mais qui peut vraiment faire ça ? J’en connais… mais habituellement, ça s’inscrit dans leurs tâches au travail. Mais dans le cas d’un critique… Écrire un papier après chaque spectacle ? Ouf…


Ainsi, on voit ce que l’on peut. On en consomme le plus possible et on partage nos opinions, coups de cœur (nombreux), coups de gueule (beaucoup moins nombreux, heureusement) et tout ce qu’il y a entre les deux.


Après la saison particulièrement faste que nous venons de connaître, je dresse un bilan extrêmement positif et optimiste de la scène théâtrale québécoise – montréalaise en particulier, mais pas exclusivement – francophone (surtout) et anglophone (parce que j’essaie de la couvrir aussi, toujours en fonction de mes disponibilités). Comme pour le Top 20 que j’avais dressé pour l’année de calendrier 2018, j’ai tenté, dans ce nouveau Top 20 de la saison 2018-2019, de mettre en lumière à la fois la diversité de notre scène théâtrale et les pièces qui m’ont marqué, d’une manière ou d’une autre.


Et vous ? Vous êtes d’accord ? Vous en avez d’autres ? Peut-être avons-nous des goûts divergents ou peut-être n’avons-nous tout simplement pas vu les mêmes productions. Alors voici, sans ordre particulier, mon top 20 de la saison 2018-2019 qui a été des plus mémorables.


La Nuit où Laurier Gaudreault s’est réveillé de Michel Marc Bouchard – Théâtre du Nouveau Monde


Je ne choisis pas mes titres de critique au hasard ou à la légère. Michel Marc Bouchard est dans mon top 5 auteurs de théâtre, toutes catégories, toutes langues, tous pays confondus. Après Les Feluettes, L’Histoire de l’oie, Les Muses orphelines, Le Peintre des Madones, Christine, la reine-garçon et combien d’autres coups de cœur, il arrive avec mon coup de cœur absolu de la saison, La Nuit où Laurier Gaudreault s’est réveillé. Encore une fois, il travaille avec Serge Denoncourt à la mise en scène pour cette nouvelle création et celui-ci s’entoure de plusieurs membres de sa «famille théâtrale», des comédiens avec qui il travaille depuis des années. Éric Bruneau (pas toujours à mon goût dans tout ce qu’il fait, mais tellement fort ici), Julie Le Breton, Magalie Lépine-Blondeau (hallucinante), Kim Despatis, Patrick Hivon… et le jeune Mathieu Richard, une découverte rafraîchissante qu’il fera bon voir bientôt dans Amsterdam, un théâtre musical inspiré de l’œuvre de Jacques Brel, toujours sur la scène du TNM cet été. Je n’ai pas été le seul à être complètement séduit par La Nuit où Laurier Gaudreault s’est réveillé. Non seulement est-ce un des gros succès critique et box office des dernières années du TNM, c’est complet jusqu’au 16 juin (8 supplémentaires incluses) mais ce sera repris à l’automne 2020 pour 10 représentations déjà en vente maintenant. Parions qu’on en annoncera d’autres.



Children of God de Corey Payette (en anglais) – Sylvan Adams Theatre – Segal Centre for the Performing Arts

Sur la scène anglophone montréalaise, mon coup de cœur absolu est le tout nouveau musical du canadien Corey Payette, Children of God, qui traite d’un sujet difficile – pour ne pas dire aride – avec une sensibilité jamais mielleuse ou mièvre, les pensionnats autochtones. L’auteur et compositeur signait aussi la mise en scène de la superbe production que proposait le Segal Centre cet hiver. Une distribution de grand talent, un petit orchestre de musiciens utilisé brillamment, des moyens modestes bonifiés intelligemment, qui dit qu’il faille disposer de millions pour monter des musicals ? Voilà ici une production digne de Broadway produite avec des moyens Off-Broadway. Rappelons que Rent et Avenue Q ne sont que deux musicals qui ont d’abord été créés en périphérie du Great White Way. Vivement une longue vie à Children of God, un véritable petit bijou qui mérite d’être exporté aux quatre coins de la planète.



Pour qu’il y ait un début à votre langue de Steve Gagnon – Théâtre Shakespeare, Jésus et Caroline – Salle Fred-Barry

Steve Gagnon est un des auteurs qui laisse de plus en plus une marque indélébile sur la scène théâtrale québécoise. Un auteur de la nouvelle génération (encore, même s’il y a de plus en plus de plus jeunes que lui qui poussent) et dont le talent est fort heureusement reconnu. Avec Pour qu’il y ait un début à votre langue, une pièce inspirée des romans de Sylvain Trudel, Gagnon livre un texte d’une humanité rarement égalée. Une pièce drôle, touchante, troublante mue par des personnages vivants, truculents, incarnés par une distribution épatante (notamment Nathalie Mallette, Linda Laplante, Richard Thériault, Daniel Parent, Pascale Renaud-Hébert…) dans une mise en scène originale et inventive de l’auteur. Comment ne pas se réjouir de savoir que cette production connaîtra une nouvelle vie avec de nouvelles représentations au Périscope à Québec du 14 au 25 janvier 2020 ?


Neuf [titre provisoire] de Mani Soleymanlou – Salle principale – Centre du Théâtre d’aujourd’hui


La dernière création de Mani Soleymanlou traite de vieillissement, de retraite (ou d’absence de), de bilan de fin de vie et, par la bande, d’art et de carrière artistique. Parce que pour ce projet, l’auteur-metteur en scène-comédien a réuni autour de lui une belle brochette de comédiens game de 60 ans et plus qui ont participé au texte en jouant une partie semi-fictive de leur vie, de leur propre personne. Marc Messier, Mireille Métellus, Henri Chassé, Pierre Lebeau et Monique Spaziani se réunissent autour du cercueil d’un collègue comédien qu’ils ont aimé ou détesté à des degrés différents. S’en suit une série de monologues, d’anecdotes, de témoignages tirés de leur enfance, de leur carrière, de leur vie, de l’histoire du Québec. J’ai adoré.



Le Vrai Monde ? de Michel Tremblay – Le Trident


Dans une mise en scène particulièrement réussie et astucieuse de Marie-Hélène Gendreau, la plus récente production du chef d’œuvre de Michel Tremblay, – celui qui suivait Albertine, en cinq temps, rappelons-le – réunissait tous les éléments nécessaires pour que le gâteau lève. Un très heureux mélange entre le vintage de l’époque (musique, costumes, décor) et des acteurs du meilleur calibre (notamment Nancy Bernier dans le rôle de Madeleine I, Ariel Charest en Mariette II et Jean-Denis Beaudoin dans le rôle de Claude). Un classique qui n’a pas pris une ride monté avec une vision claire. On a déjà hâte de voir les prochaines mises en scène de Marie-Hélène Gendreau, toujours dans l’univers de Michel Tremblay avec La Duchesse de Langeais encore au Trident, et Les Enfants de Lucy Kirkwood chez Duceppe au printemps prochain.



Les Coleman-Millaire-Fortin-Campbell de Claudio Tolcachir – Salle Fred-Barry



Une histoire de clan dysfonctionnel quelque part entre Michel Tremblay et Michel Marc Bouchard. Et pourtant, un auteur argentin ! La preuve que les histoires de famille sont universelles. Avec une distribution en or (notamment Muriel Dutil, Louise Cardinal et le jeune Simon Landry-Désy) très bien dirigée par Louis-Karl Tremblay, Les Coleman-Millaire-Fortin-Campbell, malgré son titre tarabiscoté, quasi impossible à retenir, s’est avéré une des belles rencontres de la deuxième moitié de saison.



Les Fées ont soif de Denise Boucher – Théâtre du Rideau Vert

40 ans après sa création et la plus grosse polémique depuis la création des Belles-Sœurs, la redoutable Denise Filiatrault ressortait Les Fées ont soif de Denise Boucher pour la confier à Sophie Clément, une des comédiennes qui avait été à l’origine de la commande originale faite à la poétesse. Cette production aura sans doute été un des plus grands succès de la très longue histoire du Rideau Vert… et le succès le plus fulgurant de la saison ! Avant même que la première représentation soit jouée, on annonçait déjà presque autant de supplémentaires que de représentations prévues originalement! Et ce n’est pas terminé! Après avoir connu un nombre remarquable de nouvelles supplémentaires à la salle Pierre-Mercure en janvier, la production partira en tournée à l’automne. Qui disait que le théâtre en arrachait?



La Face cachée de la Lune de Robert Lepage – Ex-Machina – Duceppe

Si Les Fées ont soif s’est sans doute avérée la reprise de la saison, La Face cachée de la Lune a sans doute été le retour de la saison. Plus de quinze ans après qu’Yves Jacques ait pris la relève de Robert Lepage dans cette histoire fascinante des jumeaux André et Philippe qui a aussi fait l’objet d’un film (avec Lepage dans les rôles), le comédien débarquait au Théâtre Jean-Duceppe pour fermer la première saison du tandem Laurin-Traversy à la direction artistique. Malgré toutes les controverses qui ont entouré Lepage dans la dernière année, il n’aura rien perdu de son pouvoir d’attraction si l’on se fie au succès de son Coriolan au TNM et au nombre de supplémentaires qu’il a fallu ajouter pour La Face cachée de Lune sans parler des nombreuses matinées scolaires qui ont été très courues également. Ainsi, c’est sur la scène de Duceppe qu’Yves Jacques aura célébré sa 350e représentation dans ce désormais classique moderne de Lepage.



L’Art de la chute de collectif d’auteurs – Nuages en pantalon, compagnie de création - La Licorne

Deux pièces racontant la crise financière des subprimes sont arrivées en même temps cette année sur nos scènes. La pièce américaine traduite Chapitres de la chute – Saga des Lehman Brothers présentée presque simultanément au Quat’Sous à Montréal et au Périscope à Québec, et la création collective L’Art de la chute, une merveilleuse fresque de deux heures quarante incluant un entracte qui m’a complètement charmé, pour ne pas dire ensorcelé. Cette histoire humaine, dynamique, brillamment tournée et rappelant l’inoubliable Lentement la beauté (qui, nous venons de l’apprendre, aura droit à une nouvelle production à La Bordée en septembre !) du Théâtre Niveau Parking de Québec, a été mon plus grand coup de cœur de la rentrée automnale. Une distribution d’une versatilité époustouflante, une mise en scène ingénieuse et énergique, je ne peux pas vous dire à quel point j’ai adoré. En fait, voilà. Je viens de vous le dire. La pièce a ensuite été présentée en tournée à l’automne et au printemps et souhaitons qu’elle sera reprise bientôt. Elle vaut le détour!



Le Clone est triste d’Olivier Morin et Guillaume Tremblay – Théâtre du Futur – Théâtre Aux Écuries (reprise Théâtre Jean-Duceppe cet été dans le cadre de Juste Pour Rire)

En assistant à la première de Le Clone est triste, la dernière production du Théâtre du Futur qui nous avait donné, entre autres, Clothaire Rapaille : L’Opéra Rock, un spectacle complètement débridé et absurde dont je m’étais régalé, mes attentes étaient très hautes. J’adore Olivier Morin comme comédien et j’aime beaucoup ce qu’il écrit avec son partenaire, Guillaume Tremblay. De plus, leurs collaborations avec Navet Confit sont toujours heureuses. Je n’ai pas été déçu ! J’ai eu l’impression d’assister à la naissance du nouveau Le Mystère d’Irma Vep et le fait que Juste pour rire ait choisi de reprendre la production et l’offrir dans le cadre du Festival 2019 – au très grand Théâtre Jean-Duceppe de surcroît ! – confirme que je ne me suis pas trompé. Encore l’histoire d’un beau succès créé dans une salle toute petite qui sera maintenant offert à un public beaucoup plus grand qui ne l’aurait jamais vu au Théâtre aux Écuries.



Indecent de Paula Vogel (en anglais) – Segal Centre for the Performing Arts



La saison 2018-2019 en aura décidément été une de musicals au Segal Centre. Sous toutes les formes, mais résolument musicales, ces productions. Once, Boom X, Children of God et finalement Indecent, une pièce absolument ravissante qui raconte l’histoire du scandal autour de la création de ce qui allait devenir un classique du théâtre yiddish, God of Vengence, créé en 1907. La directrice artistique du Segal, Lisa Rubin, a signé ici une mise en scène d’une efficacité redoutable et a offert aux spectateurs de cette impressionnante compagnie théâtrale anglophone une production qui donne l’impression d’avoir des moyens illimités. Pourtant, on ne penserait pas d’emblée aux planches du Sylvan Adams Theatre comme endroit rêvé pour monter un musical à grand déploiement. La preuve qu’on n’a pas absolument besoin d’un Maisonneuve ou d’un Wilfrid-Pelletier pour créer de belles productions de musicals.



Des Souris et des Hommes de John Steinbeck – Duceppe


En relisant les critiques de collègues de la production signée François Barbeau il y a plus de trente ans (!) de Des Souris et des Hommes, celle qui mettait en vedette Michel Dumont et Hubert Loiselle à l’époque où le Théâtre Jean-Duceppe s’appelait encore Port-Royal, j’ai été étonné de voir qu’elle n’avait pas fait l’unanimité. Je n’avais que 19 ans à l’époque et je me souviens d’avoir été soufflé, épaté, ému, d’avoir eu l’impression que Michel Dumont s’était ainsi donné l’occasion de sortir de ses rôles de «petits monsieurs propres» dans lesquels la télé l’avait cantonné (Alain Robert dans Monsieur Le Ministre, Gilbert Trudel dans Des Dames de cœur). La nouvelle production de Duceppe, à laquelle monsieur Dumont a un peu contribué quand même parce qu’elle a commencé à être pensée quand il en était à sa dernière année à la tête de la compagnie, n’a pas fait l’unanimité non plus, mais a néanmoins connu un vif succès. Le duo sans faille formé par Benoit McGinnis et Guillaume Cyr, le jeu subtil de Marie-Pier Labrecque dans le rôle de la Femme de Curley, l’interprétation nuancée de Luc Proulx et la mise en scène efficace de Vincent-Guillaume Otis en ont fait un de mes coups de cœur. La production reprendra du service en tournée, du 6 décembre 2019 au 23 février 2020. Jean-Sébastien Lavoie remplacera Mathieu Gosselin (génial dans L’Anatomie de l’objet, traité no. 5 et pris par la tournée de J’aime Hydro qui se poursuivra après une série de représentations à guichets fermés offerte par Duceppe au Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts) et le codirecteur artistique David Laurin prendra la relève de Maxim Gaudette dans le rôle de Curley.



Les Larmes Amères de Petra von Kant de Reiner Werner Fassbinder – Théâtre Prospero

Le duo Anne-Marie Cadieux-Sophie Cadieux a été une des nombreuses belles surprises de la saison. Surprise pas dans le sens qu’on n’aurait pas vu Anne-Marie Cadieux dans le rôle de Petra, parce que quiconque connaît l’une et l’autre conviendrait que le rôle semble avoir été écrit pour elle. Mais Sophie Cadieux dans le rôle de sa jeune amoureuse? Ce qui a peut-être étonné, c’est à quel point ça marchait ! Et à quel point le texte de Fassbinder n’a pas vieilli, même avec une mise en scène plantée dans un décor «d’époque» (fin des années 60 modernes, très Mad Men) magnifique. Bien que par moments, l’interprétation était un peu grosse à mon goût (choix de metteur en scène ?), la reprise de Petra von Kant a sans doute été un des moments forts de la saison, du Prospero certainement.



Nordicité de José Babin – Théâtre Incliné – OFF CINARS

Du beau, beau, beau théâtre tout en douceur et en finesse qui m’a rappelé les plus beaux spectacles du Théâtre des Deux Mondes (anciennement La Marmaille), notamment Terre promise / Terra promessa. Nordicité est un hommage au Nord, bien sûr, mais aussi à ceux qui l’habitent. Jumelant projections, marionnettes, narration, danse, théâtre d’ombre, musique, éclairage avec un raffinement qui fait du bien, la metteure en scène et comédienne José Babin a créé un petit bijou de spectacle, une expérience méditative et inoubliable. En espérant que ce sera repris très bientôt… et partout. Je l’ai vu en anglais, mais l’équipe offre des représentations dans l’une ou l’autre des langues officielles.



BOOM X de Rick Miller Segal Centre for the Performing Arts



J’allais voir BOOM X à reculons même si je savais que c’était un spectacle créé sur mesure pour ma génération, par un artiste de ma génération. Je n’avais pas vu le BOOM pour les Boomers qu’a créé Rick Miller il y a quelques années, mais je savais que ce spectacle avait été chaleureusement reçu et apprécié. J’ai passé un moment inoubliable avec Rick Miller et ma mère (une boomer qui a été aussi ravie que moi), entouré de spectateurs de toutes les générations – principalement la mienne et celle de ma mère, certes – qui ont tous été transportés dans ce spectacle génial qui met la musique à l’avant-plan tout en la plantant dans un contexte politique et historique fascinant. Un tour de force d’interprétation et une utilisation ingénieuse des technologies modernes pour nous replonger dans une époque moyenâgeuse sur le plan techno : mon enfance et mon adolescence !



Sapientia de Hrotsvitha de Gandersheim (en anglais) Scapegoat Carnivale Theatre – MainLine Theatre

Le plus «petit» spectacle de cette liste est sans doute Sapientia, la pièce du Moyen-Âge adaptée en théâtre d’objets par Scapegoat Carnivale et présentée sur une table au centre de la scène de l’espace MiniMain du MainLine, boulevard Saint-Laurent. Intégrant des articles de cuisine, des tasses utilisées comme marionnettes, des mini-électroménagers, des fruits et autres objets bien trouvés, cette production a reçu plusieurs nominations aux META (les prix du théâtre montréalais anglophone). Ce qui aurait pu s’avérer d’une violence gratuite et dégoûtante s’est transformé en brillante interprétation qui rappelle les meilleurs spectacles du Théâtre de la Pire Espèce.



L’Anatomie de l’objet, traité no. 5 – Théâtre de La Pire Espèce – Théâtre Aux Écuries

Parlant de La Pire Espèce, je n’ai à peu jamais été déçu par ses créations et toujours été fasciné par son travail, son exploration du théâtre d’objets, du théâtre d’ombre et de la marionnette. Bien que je n’aie pas donné un 10 sur 10 (façon de parler) à son Effet Hyde Z, aussi présenté au Théâtre Aux Écuries l’an dernier, il reste qu’on ne sort jamais indifférent des productions de La Pire Espèce. Avec L’Anatomie de l’objet, traité no. 5, la cerise sur le sundae des célébrations de son 20e anniversaire, La Pire Espèce se reconnecte avec tout ce qu’il fait de plus brillant. Ce spectacle ludique, fin, vraiment festif et jamais long malgré ses 150 minutes incluant un entracte est un vrai délice. On se réjouit du jeu des interprètes, des trouvailles visuelles, de l’utilisation des accessoires devenus personnages… Du pur plaisir.



Je cherche une maison qui vous ressemble de Marie-Christine Lê-Huu – Salle Fred-Barry – Théâtre Denise-Pelletier

Toujours dans la catégorie des beaux spectacles qui font du bien mais dans un genre complètement différent, Je cherche une maison qui vous ressemble, un projet pensé par la magnifique Catherine Allard (qui y joue une Pauline Julien formidable), raconte avec finesse (oui, encore… j’aime ça, que voulez-vous ?), intelligence et sensibilité l’épique relation amoureuse entre la poétesse/chanteuse et Gérald Godin, politicien et poète. Chansons, projections, dialogues habiles, direction efficace de Benoît Vermeulen. Un très beau moment. Après une tournée au Québec et au Nouveau-Brunswick au printemps, on se réjouit d’apprendre que la production connaîtra une nouvelle série de représentations au Périscope à Québec, du 8 au 19 octobre 2019.



Centre d’achats d’Emmanuelle Jimenez – Salle principale – Théâtre d’aujourd’hui


Dire que Sylvain Bélanger est en feu depuis qu’il dirige le Centre du Théâtre d’aujourd’hui serait un euphémisme. Presque tout ce qu’il propose – tant dans la petite salle Jean-Claude-Germain que dans la salle principale – se transforme en succès. Le Centre d’achats d’Emmanuelle Jimenez ne fait pas exception. Confié à un autre gars en feu ces temps-ci, Michel-Maxime Legault, le texte, qui m’a rappelé Michel Tremblay, a été défendu par une distribution toute féminine épatante : Marie-Ginette Guay, Danielle Proulx, Anne Casabonne, Johanne Haberlin, Marie Charlebois, Madeleine Péloquin et Tracy Marcelin. Pas un seul maillon faible ici, mes amis. Une des productions qui a marqué la rentrée de cette magnifique saison qui s’est terminée en beauté un peu partout, notamment au Théâtre d’aujourd’hui.



Chansons pour filles et garçons perdus de Louï Mauffette – Centre du Théâtre d’aujourd’hui et Cinquième Salle de la Place-des-Arts


Et cette fin de saison mémorable, Sylvain Bélanger la doit à la vision de Louï Mauffette et à son équipe formidable réunie autour d’une brochette de textes variés, intelligemment colligés, théâtralisés, musicalisés, interprétés. Plus d’une quinzaine d’interprètes, comédiens, chanteurs, musiciens, notamment Kathleen Fortin, Macha Limonchik, Pierre Lebeau, Roger La Rue, Jean-Philippe Perras et Marie-Jo Thério (qu’on n’avait pas vue depuis un moment quand même !) se sont donnés à fond dans un décor qui rappelait une arène de cirque. D’ailleurs, difficile de ne pas penser à l’univers circassien au milieu de cette délicieuse folie. Le spectacle s’est ensuite transporté à la Cinquième Salle de la Place des Arts pour une autre série de représentations qui a connu beaucoup de succès aussi. Avec une telle distribution, on peut difficilement rêver à une reprise, mais… oh comme il serait merveilleux qu’un public plus grand puisse goûter ce plaisir.


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