par Yanik Comeau (Comunik Média/ZoneCulture)
Depuis que le monde est monde – ou depuis que le Bye Bye est Bye Bye – dès que l’émission la plus regardée de l’année au Québec est diffusée, tout le monde a son opinion. Cette année, j’ai pris un peu plus de temps pour en faire la critique parce que je voulais prendre le temps de le revoir pour en parler en profondeur. Ma critique sera donc publiée alors que presque plus personne n’en parle.
Bien que, depuis plus de cinquante ans, le Bye Bye ait connu des hauts et des bas, des moutures plus intéressantes que d’autres, plus drôles que d’autres, plus grinçantes que d’autres, il n’a jamais fait l’unanimité et ne l’a toujours pas fait cette année.
Cela étant dit – et ce sera la dernière fois que je dirai «à mon humble avis», à vous de prendre pour acquis que c’est TOUJOURS mon avis personnel – la mouture 2024 du Bye Bye a été efficace, rythmée, et plus mordante que celui de l’an dernier.
Pour rendre cette critique plus digeste, j’ai choisi de la diviser en trois couleurs qui correspondent aux feux de circulation: VERT (j’ai aimé, voire adoré dans certains cas), JAUNE (c’était pas fort, on a coupé les coins ronds), ROUGE (non, vraiment pas… retournez à la table à dessins… ou dans le writers’ room).
VERT
Encore une fois cette année, Pierre-Yves Desmarais a ouvert le bal avec sa chanson-parodie d’ouverture. Mine de rien, c’est sa cinquième année, la première ayant été celle de la pandémie de COVID-19. Une bonne idée de ressortir La Soirée canadienne avec la vidéo du petit Joel Legendre qui est ressortie des boules à mites cette année et l’engouement autour des autres «personnages» de l’émission mythique qui refont surface sur YouTube, TikTok… Un décor magnifique qui rappelait les couleurs de Nos Belles-Sœurs, un générique d’ouverture brillamment intégré aux images, les «attriqûres» hilarantes des quatre comédiens principaux, des paroles qui font des clins d’œil à un paquet (sans jeu de mots!) d’événements gênants de 2024 et une musique entraînante qui déborde d’énergie.
L’an dernier, on avait ressuscité Chambres en ville pour parler de la crise du logement. Cette année, sans ramener les acteurs de Watatatow, on s’est servi de la quotidienne mythique des adolescents pour parler des problèmes d’intimidation (par des enseignants!) et de non-respect de la laïcité à l’école Bedford (et plusieurs autres) ainsi que des sérieux dérapages dans les centres jeunesse et à la DPJ. Malaises et grincements de dents comme on les aime dans un Bye Bye. Il faut que ça égratigne un peu, quand même!
La parodie de la télésérie Les Armes, digne du Cœur a ses raisons (on aurait juré que ça avait été écrit par Marc Brunet lui-même!) était hilarante et, en la regardant une deuxième fois, j’ai pu m’arrêter au formidable travail de la conceptrice de costumes et de la directrice artistique qui se sont payé un plaisir fou à accoler des accessoires partout. Notamment les trente-deux chapeaux de Claude Legault et la crêpe qui remplace le béret réglementaire. Guylaine Tremblay et Karine Gonthier-Hyndman m’ont bien fait rire. Et la séquence sur les mots qui riment en -elle? Wow! «Moi, j’tu Colonel?» - Non, toi, t’es Cannelle. Très réussi!
Karine Gonthier-Hyndman était une des comédiennes invitées du Bye Bye 2024. Tout aussi hilarant et inspiré, les apparitions du fantôme de Gilles Latulippe (de sa complice Suzanne Lapointe des Démons du midi et d’un des monuments du burlesque Claude Blanchard, tous joués par Pierre-Yves Roy-Desmarais, super efficace!) auprès du voisin qui a fait fermer le Théâtre La Tulipe.
Suzanne Lapointe et Gilles Latulippe hantent le voisin de l'ancien Théâtre des Variétés qu'il a fait fermer en 2024. Après le rap qu’avaient fait Arnaud Soly, Pierre-Yves Roy Desmarais et compagnie sur le bruit du REM l’an dernier, on a remis ça cette année et le transportant dans un tailgate pour l’éclipse. Les apparitions éclairs de Charles Tisseyre et de Corneille (qui arrête de chanter!) ont aussi été un joyeux clin d’œil.
Corneille fait un caméo silencieux dans le rap du tailgate de l'éclipse dans le Bye Bye 2024. Comme à l’habitude, le Bye Bye y est allé de quelques parodies de pub. Celle de l’internet Bell Pure Fibre était drôle mais inspirée des pires clichés (avec Carmen Sylvestre en pauvre vieille qui se fait arnaquer), les pointes à Desjardins pour son dérapage communications stupide pour la Fête des Patriotes ont frappé dans le mille (Desjardins, je me remember), mais même si le flash de Boom Desjardins pour la pub de Boeing était intéressant, le sketch était interminable.
Même si le rapprochement était un peu facile, le Survivor Ottawa était quand même efficace et d’être allé chercher «le vrai» Patrice Bélanger, très drôle, c’était vraiment bon.
Survivor Ottawa nous présentait des membres du Parti Libéral du Canada qui n'en pouvaient juste plus. Guylaine Tremblay qui joue Marthe Laverdière ET Guillaume Lemay-Thivierge dans le même sketch, Se planter avec Marthe, c’était très drôle et efficace. Et ce pauvre Guillaume méritait d’être sérieusement écorché cette année.
L'an dernier, Guylaine Tremblay s'était régalée en jouant Marthe Laverdière et Guillaume Lemay-Thivierge. Cette année, elle les reprend dans un même sketch! Difficile de ne pas sourire et de ne pas être amusé par le clin d’œil au film 1995 de Ricardo Trogi avec le principal intéressé et les interprètes du film (Sandrine Bisson, Jean-Carl Boucher et Claudio Colangelo) et l’espèce de Retour vers le futur où Ricardo est encore en 1995 (pas d’Internet) mais en 2024 en réalité.
Sandrine Bisson reprend son rôle de la mère de Ricardo dans cette parodie du film 1995 sorti en 2024. Le bulletin de nouvelles unissant les forces de TVA et Radio-Canada (Sophie Thibault et Céline Galipeau) était très drôle et permet, chaque année, de parler de différents sujets dont il faut traiter mais qui ne méritent peut-être pas un sketch complet. Très amusant aussi le rappel du drone de Jean-René qu’on avait vu dans Infoman espionnant les tournages du Bye Bye.
La blague sur la prostate de Richard Martineau a permis au Bye Bye de recycler le costume de molécule de COVID-19. Guylaine Tremblay incarne une délicieuse Céline Galipeau et Sarah-Jeanne Labrosse est Sophie Thibault. BeetleGen et son troisième lien, il fallait y penser. Très amusant!
Guylaine Tremblay qui joue à En plein dans l’front en Pierre Poilièvre, c’est oui.
Guylaine Tremblay en Pierre Poilièvre est le parfait exemple du talent incroyable des artistes maquilleurs/euses qui travaillent sur le Bye Bye. Christine Beaulieu et Claude Legault en Réjean Tremblay «pis sa blonde» (ou le contraire), hilarants!
Christine Beaulieu a parfaitement incarné la blonde du journaliste et scénariste Réjean Tremblay dans ce sketch hilarant. J’ai aimé le Quel talent? avec Claude Legault en Denis Coderre qui veut pas disparaître, mais un peu moins ce qu’on a fait de Sarah-Jeanne Labrosse et Guylaine Tremblay en Marie-Mai et Anne Dorval respectivement. Jean-Sébastien Girard en Serge Denoncourt? Claude Legault en Martin Saint-Louis? Ça j’achète, par exemple!
Sarah-Jeanne Labrosse en Marie-Mai, pas vraiment, mais Jean-Sébastien Girard en Serge Denoncourt, quel amusant clin d'oeil!
JAUNE:
Bien que l’idée de Fitzgibbon (bon casting avec Sylvain Marcel) et Legault (Claude qui joue François comme il en a l’habitude maintenant) au casino pour jouer l’argent des contribuables avec la débâcle de Northvolt était bonne, l’exécution n’était pas à la hauteur.
Moins heureuse aussi la parodie de l’émission Les Chefs. À l’exception d’Anne-Élisabeth Bossé en Éric Duhaime et Sonia Cordeau en Gabriel Nadeau-Dubois, ce sketch était un gros paquet de n’importe quoi trop burlesque.
Anne-Elisabeth Bossé en Eric Duhaime et, en arrière-plan, Sonia Cordeau en Gabriel Nadeau-Dubois qui veut libérer les homards étaient les deux points positifs dans un sketch généralement grossier et insignifiant.
ROUGE:
Ratée la cible du sketch sur le sondage qui estimait que 90% des femmes se sentent plus en sécurité avec un ours qu’avec un homme. On comprend le message, mais on roule des yeux. Ça ne marche juste pas.
Je mets le TOP des mâles alpha dans le rouge… peut-être juste parce que je ne suis pas le public cible et que pour moi, le sketch est aussi stupide que ses personnages.
Dans le rouge, je mettrais aussi le fait qu’on a amputé le Bye Bye de 15 minutes. Évidemment, on sait que les pubs, les vraies (à peu près toutes réussies), celles qui rapportent beaucoup d’argent pour payer tout ça, prennent beaucoup de temps d’antenne mais concrètement, sur 75 minutes d’émission, il en restait 49. Pensez-y!
Comme à l’habitude, le Bye Bye a permis à des centaines de Québécois et de Canadiens de souhaiter bonne année aux téléspectateurs. On aime toujours ça!
Bye Bye 2024 Script-éditeur: Maxime Caron Auteurs principaux: Suzie Bouchard, Maxime Caron, Valérie Caron, Julien Corriveau, Simon Olivier Fecteau, Philippe Gendron Auteurs supplémentaires: Alexandre Champagne, Jonathan Roberge et Pierre-Yves Roy-Desmarais Avec Sarah-Jeanne Labrosse, Claude Legault, Guylaine Tremblay, Pierre-Yves Roy-Desmarais Comédiens supplémentaires: Rose Adam, Chadi Alhelou, Juan Arango, Marc Auger Gosselin, Olivier Beauchemin, Carol Beaudry, Christine Beaulieu, Marc Bélanger, Patrice Bélanger, Dave Bélisle, Nabila Ben Youssef, Diana Bérubé, Sandrine Bisson, Martin Boily, Anne-Élisabeth Bossé, Victoria Bouchard, Jean-Carl Boucher, Jade Brind’Amour, Michel Brouillette, Léo Brouillette, Charlie Cameron-Verge, Marie Cantin, Jean-François Chagnon, Alexandre Champagne, Annie Chartrand, Claudio Colangelo, Céline Cossette, Sonia Cordeau, Corneille, Julien Corriveau, Kevin Côté, LeLouis Courchesne, Pascal Darilus, Daniel Deburghgraeve, Yannick De Martino, Boom Desjardins, Simon Olivier Fecteau, Hugo Girard, Jean-Sébastien Girard, Karine Gonthier-Hyndman, Louise Hébert, Schelby Jean-Baptiste, Fernand Lavoie, Noémie Leduc-Vaudry, Katherine Levac, Alexandre L’Heureux, Bruno Ly, Sylvain Marcel, Richard Martineau, Angie Medrano, Élizabeth Meunier, Sid Michailidis, Méghane Miron Trudeau, Dominic Montplaisir, Olivier Morin, France Parent, Devi Julia Pelletier, Diane Perreault, Thérèse Perreault, Pierre Pinchiaroli, Christopher Price, Jean-François Provençal, Jai Pun, Naïla, Rabel, Edwina Rai, Roody Renelus, Michaël Richard, Jonathan Roberge, Julie Roussel, Kevin Sin, Arnaud Soly, Carmen Sylvestre, Rita Tabbakh, Christina Tannous, Blaise Tardif, Charles Tisseyre, David Tremblay, Marie-Josée Tremblay, Ricardo Trogi, Lisa Willia Volcy, Martin Watier et Holden Wong. Cracheur de feu: Carl Bouchard Marionnettiste: Renaud St-Laurent Réalisateurs : Simon Olivier Fecteau, Isabelle Garneau et Pascal L’Heureux Producteur: Guillaume Lespérance Producteur exécutif: Christian Ménard Production: A Media IV Inc. avec la collaboration de Radio-Canada Rediffusion ICI.Radio-Canada 1er janvier 2024 à 21h30 Disponible en rattrapage sur Ici.Tou.tv
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