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«Une Maison de poupée» de Henrik Ibsen: Voilà Nora et Marie-Pier est le soleil!

Dernière mise à jour : 9 mars 2021


par Yanik Comeau (Comunik Média/ZoneCulture)


Créée il y a 140 ans, Une Maison de poupée du Norvégien Henrik Ibsen est considérée comme un classique de la dramaturgie contemporaine au même titre que les pièces de Tchekhov. D’ailleurs, si Ibsen et Tchekhov sont tant joués chez nous, c’est parce qu’ils sont encore si universels, étonnamment contemporains et résolument nordiques. Ils nous parlent, nous touchent, nous rejoignent de leur Norvège et leur Russie natales. Comme l’Américain Lucas Hnath qui a revisité Une Maison de poupée en en créant une suite il y a quelques années avec grand succès (A Doll’s House, Part 2 a triomphé sur Broadway et a été jouée ici au Segal Centre plus tôt cette saison), la jeune dramaturge Rebecca Déraspe a cru bon relire l’originale et la transposer à notre époque sans la dénaturer pour autant. Le résultat est criant de vérité et sa contemporanéité donne des frissons dans le dos.


Le mythique personnage de Nora, cette mère au foyer qui semble se complaire dans la fainéantise et la consommation pendant qu’une bonne s’occupe de ses trois jeunes enfants, est incarné par la sublime Marie-Pier Labrecque qui est littéralement en feu cette année. Elle multiplie les rôles au théâtre et livre des performances inoubliables, qu’il s’agisse de la Femme de Curley dans Des Souris et des Hommes chez Duceppe à l’automne, de Chrysothémis, la sœur d’Électre à Espace Go jusqu’à il y a quelques semaines à peine ou Nora maintenant. Son jeu est tout en finesse, en nuances, criant de vérité. Elle irradie comme le soleil au milieu du salon familial pensé par Xavier Mary au centre de la salle Fred-Barry.


Dans une mise en scène sobre et efficace, une direction d’acteurs qui respire, qui sent l’humanité et la confiance, le codirecteur de La Shop Royale Benoit Rioux est un digne héritier de nos plus grands. J’ai eu des flashbacks de la mise en scène d’André Brassard lors de la création des Muses orphelines de Michel Marc Bouchard à l’ancien Théâtre d’aujourd’hui de la rue Papineau.


Le rôle de Kristine, la vieille amie de Nora, est joué sans faille par Kim Despatis tout comme le troublant personnage de Nils incarné par Simon-Pierre Lambert. Dans le rôle de Torvald, le mari de Nora, un homme qui s’est en quelque sorte effacé derrière la beauté de sa poupée de femme tout en la contrôlant en se maintenant comme seul pourvoyeur de la famille, le comédien de Québec, Jean-René Moisan, que je découvre avec bonheur, est étonnant. Mathieu Lepage, dans le rôle de Rank, le médecin et ami de la famille, compose un personnage à la fois attendrissant et vulnérable qui, par moments, m’a fait penser à la vie de Tchekhov qui était, rappelons-le, un contemporain d’Ibsen mais qui a vécu beaucoup moins vieux, comme Rank.



Bien que j’aie vécu un tout petit doute devant le monologue ajouté par l’adaptatrice Déraspe vers la fin de la pièce (très bien écrit mais peut-être un peu «gros sabots»), dans lequel Nora sort de son personnage pour s’adresser au public et s’exprimer sur sa triste contemporanéité, j’ai néanmoins été séduit par la proposition de La Shop Royale. Il faut voir Une Maison de poupée pour les performances des acteurs, pour la fine adaptation et pour l’ensemble de l’œuvre, une production non-subventionnée dans laquelle l’équipe a mis – plus que jamais, par infinie nécessité – tout son cœur et son âme.

Après l’excellente La Place rouge de Clara Prévost inspirée de Tchekhov présentée à Fred-Barry à l’automne, il est vraiment fascinant de revisiter ainsi Une Maison de poupée d’Ibsen à l’orée du printemps.



Une Maison de poupée de Henrik Ibsen Adaptation : Rébecca Déraspe Mise en scène: Benoit Rioux Assistance à la mise en scène: Andrée-Anne Garneau Avec Marie-Pier Labrecque, Jean-René Moisan, Kim Despatis, Simon-Piere Lambert et Mathieu Lepage) Éclairages : Julie Basse Décor et costumes: Xavier Mary Conception sonore : Laurier Rajotte Régie: Chloé Ekker et Andrée-Anne Garneau Une création de La Shop Royale Du 12 au 29 mars 2019 (1h45 sans entracte) Salle Fred-Barry (Théâtre Denise-Pelletier), 4353, rue Sainte-Catherine, Montréal Réservations : 514-253-8974 Photos: Maxime Paré Fortin

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