Théâtre: «Rue Duplessis – Ma petite noirceur» de Jean-Philippe Pleau: De Drummond à Rosemont
- Yanik Comeau
- 16 sept.
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 12 oct.
par Yanik Comeau (Comunik Média/ZoneCulture)
À l’instar des Bordeline de Marie-Sissi Labrèche, Rú de Kim Thúy, La Déesse des mouches à feu de Geneviève Pettersen, La Femme qui fuit d’Anaïs Barbeau-Lavalette et Là où je me terre de Caroline Dawson (le dernier plus tard cette saison à La Bordée), pour ne nommer que ceux-là, des autofictions ou romans autobiographiques qui ont été de méga-succès de librairie et qui ont été adaptés pour le cinéma ou la scène, Rue Duplessis – Ma petite noirceur du sociologue et animateur de radio Jean-Philippe Pleau prend d’assaut la méga-scène du Théâtre Jean-Duceppe de la Place des Arts dans une adaptation d’un des codirecteurs de Duceppe, David Laurin, celui-là même qui a adapté le film Gaz Bar Blues de Louis Bélanger il y a quelques années pour la même scène.

Bien que l’on puisse reprocher à l’adaptation d’être justement pas assez adaptée (puisque dans la réalité, on est très collés au texte original du «roman» et on a surtout élagué des passages – plusieurs diraient parmi les plus intéressants, mais ça, c’est très subjectif – dont ceux et celles qui pourraient exacerber la chicane de famille causée par le livre et qui a provoqué une poursuite de l’auteur par quelque onze membres de sa famille). Donc, au-delà de l’intérêt du sujet, abordé avec la lorgnette sociologique de Jean-Philippe Pleau lui-même qui fait ses débuts sur scène (bien «coaché» par sa metteure en scène, le répétiteur Frédéric Fournier et le comédien Luc Bourgeois qui a agi comme «coach de voix»), on a un peu l’impression que, pour permettre à l’auteur de se jouer sans qu’il ait à sortir encore plus de sa zone de confort, on a choisi de le camper dans son rôle d’animateur de radio (ce qui lui permet d’avoir le texte sous les yeux et de ne pas avoir à trop se déplacer).

L’idée de scinder le personnage principal dans un passé et un présent et de faire jouer Jean-Philippe par deux autres acteurs aussi (le Jean-Philippe de milieu modeste à Drummondville incarné par Michel-Maxime Legault et le Jean-Philippe embourgeoisé et gentrifié de Rosemont incarné par Steve Laplante) est bien pensée et efficace. On exploite aussi très bien les talents formidables de ces deux grands acteurs en leur faisant jouer tous les personnages «secondaires»: la mère, le père, l’intimidateur de l’école, les amis.

Le décor de Geneviève Lizotte est splendide et troublant de réalisme. Ce bungalow aux plafonds très bas (on domine que c’est pour illustrer le milieu oppressant de l’enfance) rappelle les années de direction du fondateur où l’on retrouvait régulièrement des décors hyperréalistes. Était-ce nécessaire ici? On peut se poser la question, mais une chose est certaine, selon où l’on est assis dans la salle, quand le décor «s’ouvre», on apprécie parce que, de certains angles, les cadres de fenêtres cachent les comédiens.

Cela étant dit, Rue Duplessis – Ma petite noirceur au théâtre plaira sans doute au public qui n’aura pas lu le livre. Bien que je connaisse et soit fan de Jean-Philippe Pleau et de son émission de radio, il m’est pas nécessaire de l’être pour apprécier non plus. Mais peut-être est-il préférable de lire le livre après avoir vu la pièce? On a néanmoins l’impression d’assister à quelque chose de spécial, à un moment important. Et ça, c’est précieux.
Rue Duplessis de Jean-Philippe Pleau Adaptation théâtrale de David Laurin Mise en scène: Marie-Ève Milot Assistance à la mise en scène: Josianne Dulong-Savignac Interprétation: Steve Laplante, Michel-Maxime Legault et Jean-Philippe Pleau Scénographie: Geneviève Lizotte Costumes: Cynthia St-Gelais Éclairages: Paul Chambers Musique: Antoine Berthiaume Accessoires: Camille Walsh Une production Duceppe Du 3 septembre au 4 octobre 2025 (durée: 1h35 sans entracte) *** Supplémentaires: Mardi, le 16 septembre Mercredi, le 30 septembre Théâtre Jean-Duceppe, Place des Arts, Montréal Info: https://duceppe.com/rue-duplessis/ En tournée:
8 mars 2026 — Brossard — Théâtre Manuvie
11 mars 2026 — Drummondville — Salle Principale
13 et 14 mars 2026 — Gatineau — Salle Odyssée
18 mars 2026 — Montréal (Collège Ahuntsic) — Espace le vrai monde?
20 mars 2026 — Laval - Salle André-Mathieu
26 mars 2026 — Rivière-Du-Loup — Centre culturel Berger
29 mars 2026 — Québec — Salle Albert-Rousseau
31 mars 2026 — Sherbrooke — Salle Maurice O'Bready
2 avril 2026 — Saguenay — Théâtre C de Chicoutimi
4 avril 2026 — St-Jean-sur-Richelieu — Théâtre des Deux Rives
9 avril 2026 — Montréal (Sainte-Geneviève) — Salle Pauline-Julien
12 avril 2026 — St-Eustache — Le Zenith PROMUTUEL Assurance
14 avril 2026 — Ottawa — Salle Harold-Shenkman
24 avril 2026 — Joliette — Centre culturel Desjardins Photos: Danny Taillon




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