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Théâtre musical: «Amsterdam» de Mélissa Cardona d’après Jacques Brel: Cartonner avec les classiques

Dernière mise à jour : 2 janv. 2021

par Yanik Comeau (Comunik Média / ZoneCulture)


Un peu comme Catherine Johnson a fait avec les chansons d’Abba pour Mamma Mia !, créant ainsi ce que l’on appelle maintenant un jukebox musical, Mélissa Cardona a eu la brillante idée de prendre les chansons déjà tellement théâtrales de Jacques Brel et d’en faire un théâtre musical d’une épatante efficacité. L’auteure et metteure en scène ne s’est cependant pas contentée d’inventer une histoire de toute pièce. Elle s’est aussi inspirée de la biographie du monstre sacré de la musique qui, lui-même, composait ses chansons à partir de personnages de son entourage qui l’inspiraient.



Ainsi naît Amsterdam avec l’accord de la fille de l’auteur-compositeur-interprète, France Brel, «qui a octroyé les droits d’auteurs (sic) des chansons de son père avec une générosité émouvante», nous dévoile le programme. Pas de doute que l’héritière du catalogue «brelien» se réjouit du résultat final né l’an dernier et remonté ces jours-ci au TNM, sur la scène qui a accueilli le Grand Jacques lui-même en 1972. Une histoire traditionnelle, un bon vieux A Star Is Born, bien ficelé, faisant évoluer des personnages étoffés et attachants. Pas juste une excuse pour coller un paquet de chansons ensemble comme c’est parfois tristement le cas en théâtre musical.


Pour défendre ce texte, ces chansons classiques desquelles tout le monde a un souvenir ou un autre, il faut une distribution solide. On ne monte pas L’Homme de la Mancha (encore Brel pour la version française) sans choisir minutieusement sa distribution. Parlez-en à René Richard Cyr qui assistait à la première d’Amsterdam au TNM jeudi.



Dans le rôle de Jacques lui-même, Jean-François Pronovost ne pourrait pas être plus extraordinaire. Il irradie ! Sans parodier l’accent du grand Brel, il s’y colle juste assez, livrant des interprétations mémorables de certaines des plus célèbres chansons parmi les plus célèbres. Et que dire de son époustouflante Valse à mille temps, au retour de l’entracte, parsemée d’interactions et de clins d’œil au public pendant qu’il circule, danse, gambade, court dans les allées du théâtre mythique comme s’il y était né ? Délirant de bonheur !


On se réjouit des interprétations et des voix d’Albane Sophia Château (sublime Marieke), Véronique Savoie (une Madeleine à la fois drôle et pleine de verve), Elodie Bégin (magnifique et touchante Clara), Annie Kim Thériault (une Mathilde toute en nuances) et Sarah Leblanc-Gosselin (drôle et naïve Fanette). On retrouve avec bonheur Eve Gadouas (en Éliza, actrice «vieillissante» et méchante de service), Jean-François Blanchard (solide en impresario Romain Mitchell) et Mathieu Richard (touchant et vulnérable à souhait en Jef, amoureux éperdu de Mathilde) que j’avais adoré dans La Nuit où Laurier Gaudreault s’est réveillé de Michel Marc Bouchard sur la même scène et qui ajoute le chant ici. Bien que j’aie été un peu moins impressionné par le jeu de Martin Lebrun (Casanova/Pierre) et d’Eloisa Cervantes (Frida la prostituée qui pourrait s’en sortir en devenant chanteuse/actrice), leurs voix sont belles et ajoutent à l’ensemble.


Le seul bémol de cette production ? Les chorégraphies infantiles et «malaisantes» de Marie-Eve Archambault. Tant qu’à faire danser des niaiseries à nos excellents interprètes, vaudrait mieux les laisser bouger librement et juste interpréter les chansons avec passion. À l’exception de Madeleine, tous les numéros qui comportent de la danse semblent avoir été chorégraphiées par des fillettes qui veulent ajouter des mouvements à leur chanson de Marie-Mai dans le spectacle amateur de l’école primaire. Particulièrement désolant ? L’excellente interprétation de Jean-François Blanchard et Eve Gadouas dans leur duo où on les fait bouger sur un étrange mélange de valse, de ballet-jazz, de flamenco… bref, on ne sait pas trop quoi et dans lequel ils ne semblent vraiment pas à l’aise. Heureusement, leur chimie et le baiser final rachète un peu le numéro mais pitié, exit la danse !


Même si de nombreux pépins techniques (voire sonores) ont miné la première et que quelques choix d’arrangements musicaux pourraient être repensés, l’histoire et les chansons sont tellement bonnes, la distribution tellement solide, tellement forte que personne n’en a vraiment souffert. Aucun doute que ces problèmes seront rapidement résolus alors il ne faudrait pas bouder son plaisir.


Il est toujours heureux quand un excellent spectacle de théâtre musical s’ajoute au répertoire mondial de cette discipline si difficile, si exigeante. Amsterdam, comme Mamma Mia, Rock of Ages, Jersey Boys et Beautiful – The Carole King Musical dans le genre dit jukebox, comme Belles-Sœurs – Musical, Le Chant de Sainte-Carmen de la Main, Noël 1933, Les Parapluies de Cherbourg et L’Homme de la Mancha dans le genre chefs d’œuvre du théâtre musical/adaptation plus traditionnelle (voire à partir d’une histoire venant d’un autre médium).


Un hommage magnifique aux chansons inoubliables de Jacques Brel.


Amsterdam de Mélissa Cardona d’après Jacques Brel Mise en scène et texte: Mélissa Cardona Chansons de Jacques Brel Œil extérieur et mentor : Alain Zouvi Avec Jean-François Pronovost, Mathieu Richard, Elodie Bégin, Annie Kim Thériault, Eve Gadouas, Jean-François Blanchard, Sarah Leblanc-Gosselin, Véronique Savoie, Martin Lebrun, Eloisa Cervantes et Albane Sophia Château. Assistante à la mise en scène, direction technique et régie: Ariane Roy Chorégraphie: Marie-Eve Archambault Direction vocale: Othniel Petit-Frère Scénographie: Gabriel Dufault Conception d’éclairage: François Genest Arrangements musicaux: Sébastien Marchand Les Productions Jean-Bernard Hébert avec la participation des Productions Maison Corbeau 25 juillet au 10 août 2019 (Durée: 2h15 incluant l’entracte) Théâtre du Nouveau Monde, 84, rue Sainte-Catherine Ouest, Montréal Billetterie: 514-866-8668, poste 1 - https://ticket.tnm.qc.ca

Photos: André Chevrier

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