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Théâtre: «Moi, dans les ruines rouges du siècle» d’Olivier Kemeid: Sasha en Sibérie

Dernière mise à jour : 13 avr.

par Yanik Comeau (Comunik Média/ZoneCulture)


   Avec le conflit Israëlo-palestinien qui prend toute la place, les médias parlent de moins en moins de la guerre en Ukraine, mais les théâtres montréalais ont attrapé la balle au bond même si ce n’est pas pour parler de la guerre, mais de la vie en Ukraine et en ex-Union Sovietique. Pendant que le Quat’Sous présente La Fin de l’homme rouge et que le Centre du Théâtre d’Aujourd’hui accueille Chevtchenko dans son intime salle Jean-Claude-Germain, Duceppe reprend Moi, dans les ruines rouges du siècle, pièce d’Olivier Kemeid (ancien directeur du Quat’Sous) inspirée de la vie du comédien ukréno-québécois Sasha Samar, créée au Théâtre d’Aujourd’hui en 2012. Tout est dans tout.



   Sur l’immense scène du Théâtre Jean-Duceppe, on retrouve sensiblement le même décor de Romain Fabre adapté par Xavier Mary, plusieurs des mêmes acteurs, des «mêmes costumes» adaptés… bref, on s’étonne – pour ne pas dire s’émerveille – de revoir presque la même production à quelques comédiens près. On ne s’étonne pas que cette pièce intemporelle et universelle (parce qu’elle parle de famille, d’abandon, d’arts vivants, d’amour,…) soit tout aussi touchante, drôle, pertinente qu’à sa création mais on se réjouit que lentement mais sûrement, nos théâtres – tout en continuant de promouvoir et favoriser la création – commencent à faire un effort pour reprendre d’excellentes pièces de chez nous comme on le faisait seulement à l’époque pour les pièces de Gratien Gélinas, Marcel Dubé et Michel Tremblay.



   Dans Moi, dans les ruines rouges du siècle, Sasha Samar, qui est à l’origine de «l’idée originale» parce que c’est sa vie dont il racontait des p’tits bouts à Olivier Kemeid qui en a fait un vrai de vrai texte accessible, sensible, drôle et touchant (je l’ai déjà dit) avec des références culturelles qui rejoignent le public de chez nous (Nadia Comanecci aux Olympiques de Montréal – encore jouée à 46 ans par Sophie Cadieux avec une aisance incroyable ! – et Guy Lafleur pendant la Série du siècle), joue toujours son propre rôle, est toujours le «narrateur du spectacle». Ce serait difficile de ne pas dire qu’il est comme un poisson dans l’eau.



   Marie-France Lambert est magnifique dans le rôle de la mère qui avait été créé par Annick Bergeron. Jean Maheux est formidable dans le rôle du père qui avait été créé par Robert Lalonde. Geoffrey Gaquère revient avec bonheur en Anton mais on a confié les rôles de Youri Gagarin, du voisin, de l’étudiant et de Vladimir à Peter Meltev, acteur bulgare qui ajoute une délicieuse saveur slave. Tout comme la Moldave Aliona Munteanu, Roumaine d’adoption, qui incarne quatre personnages où son accent est joliment mis à profit. J’en glissais un mot plus tôt, mais encore une fois, la formidable Sophie Cadieux, ici, même toutes ces années plus tard, ne semble pas avoir pris une ride et joue toujours ses jeunes personnages comme si elle avait la moitié de son âge.



   Il est rafraîchissant de voir que notre dramaturgie vieillit bien, que nos pièces peuvent être reprises, que Duceppe fait encore ici œuvre de mémoire avec une pièce de chez nous. Merveilleux que l’on monte Molière, Shakespeare, Racine, Steinbeck, Williams, mais tout aussi merveilleux que l’on remonte Tremblay (Larry – Michel n’a même pas besoin qu’on le dise !), Bélanger (l’adaptation de Gaz Bar Blues), Lepage, Kemeid… à quand Mouawad, Danis, Dubois, Ronfard… ?



Moi, dans les ruines rouges du siècle d’Olivier Kemeid Idée originale et mise en scène: Olivier Kemeid Assistance à la mise en scène: Stéphanie Capistran-Lalonde Régie: Lou Arteau Interprétation: Sasha Samar, Sophie Cadieux, Marie-France Lambert, Geoffrey Gaquère, Jean Maheux, Peter Meltev et Aliona Munteanu Scénographie et costumes originaux: Romain Fabre Adaptation scénographie: Xavier Mary Adaptation costumes: Fruzsina Lanyi Accessoires: Éliane Fayad Éclairages: Martin Labrecque Musique: Philippe Brault Mouvement: Estelle Clareton et Annie Gagnon Coiffure et maquillage: Florence Cornet Une production Trois Tristes Tigres Du 28 février au 30 mars 2024 (durée: 2h sans entracte) Théâtre Jean-Duceppe, Place des Arts, MontréalInfo: https://duceppe.com/moi-dans-les-ruines-rouges-du-siecle/ Photos: Danny Taillon

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