Théâtre: «Autobiographie du rouge» d’Anne Carson: C’est servi !
- Yanik Comeau
- 10 oct.
- 2 min de lecture
par Yanik Comeau (Comunik Média/ZoneCulture)
Plonger dans l’univers toujours déjanté, baroque, absurde de Gabriel Charlebois-Plante, tant ses mises en scène que ses textes, est toujours un plaisir. J’ai aimé son Histoire populaire et sensationnelle, sa relecture du Cid de Corneille, son exploration du mythe de Sisyphe avec Cette colline n’est jamais vraiment silencieuse et, comme je suis fasciné par la mythologie grecque depuis le début de l’adolescence, j’avais hâte de voir ce qu’il allait faire avec l’histoire de Géryon, ce petit «garçon pas comme les autres», ce monstre («c’est pas d’sa faute») profondément humain qui rédige un journal intime pour trouver un semblant de normalité dans sa vie disons… un peu décalée.

«Dans la légende classique, Géryon, créature monstrueuse dotée de trois têtes et de trois corps, est tué d’une flèche aux flancs par Héraclès qui avait pour mission de lui voler son bétail. C’était le 10e des 12 travaux du célèbre héros. Dans cette réécriture contemporaine, [la Canadienne] Anne Carson transforme l’affrontement mortel en un désir amoureux, libre de toute formalité, et crée une fable intemporelle sur la découverte de soi.» C’est ainsi qu'Espace GO nous décrit l’histoire, le texte dans son argumentaire. Sur papier, la proposition est intéressante, pour ne pas dire fascinante. Le problème, c’est sa transposition à la scène. Enfin, pas sa transposition, mais plutôt l’absence d’adaptation. Parce qu’on a choisi de prendre la très belle traduction de Vanasay Khamphommala du «roman en vers libres» et la mettre sur scène. Certes dans des bouches expertes (les comédiennes Juliette Gariépy, Amélie Dallaire et Céline Bonnier sont foudroyantes, le comédien Étienne Lou est fantastique) et une scénographie spectaculaire de la grande complice de Gabriel Charlebois-Plante, Odile Gamache (on verra la reprise de son spectacle Le Magasin plus tard cette saison à Espace GO aussi)...

La mise en scène de Gabriel Charlebois-Plante ne déçoit pas non plus mais le choix de ne pas toucher au texte, de ne pas l’adapter un tant soit peu pour une transposition à la scène est une erreur à mon avis. On a beau raffoler d’un texte, même avec un emballage sublime (et c’est le cas ici, la musique de Navet Confit, les costumes d’Anne-Sophie Gaudet et les éclairages de Julie Basse sont tout aussi somptueux), il faut néanmoins créer un pont entre la page et le spectateur. Où est le travail de dramaturgie d'Émilie Martel?

Autobiographie du rouge d’Anne Carson
Traduction: Vanasay Khamphommala
Mise en scène: Gabriel Charlebois Plante
Assistance à la mise en scène et régie: Claudie Gagnon
Avec Céline Bonnier, Amélie Dallaire, Juliette Gariépy, Etienne Lou et Elisabeth Smith
Dramaturgie: Émilie Martel
Conseil artistique: Félix-Antoine Boutin
Scénographie: Odile Gamache
Costumes: Anne-Sophie Gaudet
Lumières: Julie Basse
Musique: Navet Confit
Coach de voix: Luc Chandonnet
Direction technique: Audrey Belzile
Direction de production: Maxime Pouliot
Direction de production et de création (GO): Suzanne Crocker
Direction technique (GO): Cello Ponce
Gestion de projet décor: Charlie Loup Turcot
Une production Création Dans La Chambre en collaboration avec Espace GO
30 septembre au 19 octobre 2025 (durée : 1h25 sans entracte)
Théâtre Espace GO, 4890, boulevard Saint-Laurent, Montréal.
Billets: 514-845-4890
Photos: Maxime Paré-Fortin




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