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Théâtre: «Anna – Ces trains qui foncent sur moi» de Steve Gagnon: Ici comme ailleurs

  • Photo du rédacteur: Yanik Comeau
    Yanik Comeau
  • il y a 5 heures
  • 3 min de lecture

par Yanik Comeau (Comunik Média/ZoneCulture)

   Étant fan de l’homme de théâtre Steve Gagnon, l’auteur autant que le comédien, après des textes comme Pour qu’il y ait un début à votre langue et Les Étés souterrains et des performances comme celles qu’il a donné dans Vertiges et Inès Pérée et Inat Tendu jusqu’à Oslo, Un Ennemi du peuple et Je t’écris au milieu d’un bel orage, je trépignais à l’idée de retrouver sa plume sensible et engagée et son jeu sincère et tout en simplicité.

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   Avec Anna – Ces trains qui foncent sur moi (un titre qui aurait pu faire sans le Anna parce que le personnage en est un parmi tant d’autres dans une véritable fresque – Pourquoi pas Ces trains qui foncent sur nous?, mais clairement pour garder le lien avec Anna Karenine), l’auteur s’éloigne de l’intimité du solo Les Étés souterrains qu’il a écrit pour Guylaine Tremblay mais en même temps, pas tant. Malgré les nombreux personnages, on est dans un environnement champêtre, un univers de vacances (troubles, soit, mais vacances quand même) et… un huis-clos au grand air, si je peux me permettre.

   Parce qu'Anna – Ces trains qui foncent sur moi semble une magnifique excuse pour créer des personnages truculents, aux convictions politiques campées, qui pourront à la fois explorer les convictions de l’auteur, son engagement social (les personnages, même s’ils sont presque tous de la même famille politique, s’opposent et se confrontent… à eux-mêmes et à leurs alliés/opposants) et sa profonde humanité.

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   À l’instar du Cher Tchekhov de Michel Tremblay, on a l’impression que Steve Gagnon rend hommage à Tourgueniev, à Tchekhov, à Tracy Letts (August: Osage County), entre autres… autant qu'il s'inspire d'Anna Karenine de Tolstoï. Qu’il en soit conscient (le contraire m’étonnerait) ou non. J’ai même senti une certaine parenté avec Le sang des promesses, la tétralogie de Wajdi Mouawad. L’écriture, malgré quelques longueurs (c’est ça qui arrive avec les fresques), est fine – pour ne pas dire raffinée parce qu’elle contient néanmoins des moments de brutalité, de déchirement –, poétique et savoureuse. Et qu'on ait su ou non que la pièce est librement inspirée du roman Anna Karénine de Tolstoï, l’expérience que l’on vient de vivre en sortant du théâtre est d’une richesse incommensurable.

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   Sur la scène du TNM, le metteur en scène français Vincent Goethals, qui avait d’abord monté la pièce au Diamant à Québec dans le cadre du Festival des francophonies des écritures à la scène avec presque toute la même distribution en juin 2023 (seuls David Boutin et Sophie Desmarais s’ajoutent pour remplacer Sébastien Amblard et Nathalie Lambert), réunit une brochette d’acteurs impressionnante, provenant des deux continents, des machines d’interprétation qui, malgré leurs différentes «écoles» parviennent à créer une étonnante cohésion. Parce que ce n’était pas évident. Faire jouer des Français dans un texte éminemment québécois aurait pu être une catastrophe. Évitée parce qu’on a sans doute serrer la visse à quelques répliques, question d’ajuster, pour que ces excellents acteurs français parviennent à nous faire croire qu’ils pourraient avoir émigrer au Québec et s’être fait élire dans leurs comtés respectifs et s’être retrouvés à l’Assemblée Nationale.

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   Parlant de cette brochette, quatorze acteurs, je ferai un peu de chauvinisme québécois en disant à quel point j’ai trouvé particulièrement jouissives les performances de quatre de nos plus grandes actrices (Marie-Josée Bastien, Annick Bergeron, Violette Chauveau et Sophie Desmarais) tout en soulignant le jeu de la formidable Lise Castonguay. Je dirai aussi que ce fut un véritable plaisir de retrouver la (surtout depuis un moment) metteure en scène Édith Patenaude sur scène… comme un poisson dans l’eau.

   Bref, on passe par de grands moments d’émotions devant cette fresque poétique que l’on doit à un duo d’hommes de théâtre binational.

Anna – Ces trains qui foncent sur moi de Steve Gagnon Mise en scène: Vincent Goethals Avec Marie-Josée Bastien, Annick Bergeron, David Boutin, Lise Castonguay, Violette Chauveau, Frédéric Cherboeuf, Véronique Côté, Sophie Desmarais, Steve Gagnon (remplacé par Alex Bergeron le 23 octobre), Clément Goethals, Edith Patenaude, Marc Schapira, Julie Sommervogel et Salim Talbi Décor: Anne Guilleray Costumes: Steve Gagnon Éclairages: Philippe Catalano Musique: Olivier Lautem Regard chorégraphique: Sébastien Amblard Cœur tête mains et regard dramaturgique dans la première version du texte: Clara Prévost Régie de plateau: Olivier Straumann Direction de production: Camille Robillard et Claudiane Ruelland Production Théâtre Jésus, Shakespeare et Caroline Du 9 septembre au 8 octobre 2025 (Durée: 3h30 incluant un entracte) Théâtre du Nouveau Monde, 84, rue Sainte-Catherine Ouest, Montréal Billetterie: 514-866-8668, poste 1 - https://tnm.qc.ca/ Photos (tirées des représentations à Limoges): Christophe Pean

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