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Théâtre anglophone: «Birthmark» de Stephen Orlov: Territoires occupés

Dernière mise à jour : 13 juil. 2019

par Yanik Comeau (ZoneCulture/Comunik Média)


Dans Birthmark, le deuxième volet de sa trilogie sur la diaspora juive israélienne, Stephen Orlov, le dramaturge bostonnais vivant à Montréal, fait une sortie à contrecourant à propos du conflit israélo-palestinien et s’attaque à la radicalisation de la jeunesse au Canada avec un point de vue différent. Bien que son histoire soit captivante et que ses personnages soient riches et attachants, plusieurs éléments de sa pièce ratent malheureusement la cible.


Justement titrée Birthmark, la pièce raconte l’histoire d’un jeune Juif de 21 ans, Nelson/Yitzhak (incarné par le charmant et adorable Patrick Keeler dont l’interprétation est néanmoins inégale), élevé par David, son père veuf (Howard Rosenstein qui n’est pas toujours à la hauteur lui non plus). Nelson découvre que l’embryon qui a été injecté dans l’utérus de sa mère était peut-être l’ovule d’une femme d’origine palestinienne du nom de Jamila (l’exquise Natalie Tannous qui impressionne dans le rôle et qui est sans aucun doute l’élément le plus fort de la distribution) qui cherchait elle-même à concevoir un enfant avec l’aide de la clinique de fertilité, mais sans succès. Jamila, récemment devenue veuve elle aussi, a une fille adoptive, Karima (Dalia Charafeddine qui manque d’expérience et n’est pas toujours convaincante), une étudiante allumée, brillante, qui fréquente l’UQAM et dont les convictions en ce qui a trait à la libération de la Palestine provoquent en elle le désir de faire plus que juste protester. Stephen Spreekmester complète la distribution, incarnant à la fois le rabbin de Nelson et un agent de la GRC étrangement baptisé Jean Jacques Jones.



Bien que l’histoire et la pièce d’Orlov soient charmantes et intéressantes, bien structurées et pertinentes socialement et politiquement, la pièce souffre souvent d’une écriture trop appuyée, misant sur du dialogue qui essaie trop d’être drôle et qui n’est pas si fin que ça, faisant appel à des lieux communs surutilisés et des blagues qui rejoignent le public mais qui ne sont pas si habiles. J’irais même jusqu’à dire que certaines des répliques «drôles» sont tellement faibles que l’on pardonne aux acteurs leur manque de véracité. Un des problèmes principaux de cette production, à mon avis, est la trop grosse caricature que l’on brosse du rabbin qui passe pour un bouffon alors qu’il se veut le guide spirituel de Nelson.


Mise en scène par la codirectrice artistique du Teesri Duniya Theatre Liz Valdez et la jeune metteure en scène prometteuse Michelle Soicher, la production possède plusieurs éléments positifs, notamment les transitions brillamment chorégraphiées et l’utilisation très habile du décor multifonction conçu par Sabrina Miller. Tout au long de la représentation de 95 minutes, je me suis surpris à m’agripper à l’histoire bien roulée et à la performance puissante et émouvante de Natalie Tannous.



Birthmark propose sans contredit un message signifiant et – encore plus important – la pièce peut s’avérer un excellent catalyseur de conversations puisqu’elle est écrite sans véritable parti pris apparent, sans ton moralisateur. C’est une pièce généralement rafraîchissante qui gagnerait à ne pas vouloir être drôle à tout prix, mais qui mérite de connaître une belle vie puisqu’elle vient du cœur et qu’elle peut ouvrir des portes au dialogue dans un contexte géopolitique où rien n’est encore vraiment gagné. *** Birthmark de Stephen Orlov Mise en scène: Liz Valdez et Michelle Soicher Avec Dalia Charafeddine, Patrick Keeler, Howard Rosenstein, Stephen Spreekmester et Natalie Tannous Une production du Teesri Duniya Theatre Du 3 au 18 novembre 2018 (approx. 1h35 sans entracte) Mercredi au samedi 20h, dimanche 15h MAI, 3680, rue Jeanne-Mance, Montréal Réservations : 514-982-3386 Pour plus d’informations : http://www.m-a-i.qc.ca/billetterie/

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