Théâtre: «Paul à la maison» de Michel Rabagliati: La petite vie
- 17 juin
- 3 min de lecture
par Yanik Comeau (Comunik Média/ZoneCulture)
Dans la même saison, Duceppe, dans sa série EN RAPPEL, aura présenté deux spectacles sortis tout droit de l’univers de la bande dessinée, du roman graphique. Whitehorse de Samuel Cantin et Paul à la maison de Michel Rabagliati sont des œuvres illustrées qui nous transportent dans des univers très différents, la première follement drôle et absurde, l’autre plus introspective et touchante. Au-delà des cases et des phylactères, les metteurs en scène, Simon Lacroix et Lorraine Côté – bien que de générations différentes, auront tous les deux habilement capturé l’essence du 9e art dans leurs transpositions à la scène.

Dans le cas de Paul à la maison, c’est la formidable autrice et femme de théâtre Anne-Marie Olivier qui a signé l’adaptation, se collant le plus possible à l’univers semi-autobiographique de Rabagliati et de son alter ego. Les dessins du bédéiste sortent des cases pour être habilement projetés comme toiles de fond et vont même jusqu’à bouger, plongeant le spectateur dans le quotidien de l’artiste ahuntsicois. Visuellement, c’est léché, rafraîchissant - de la scénographie de Christian Fontaine aux costumes de Julie Morel en passant par les éclairages de Mathieu C. Bernard... malgré que Paul puisse être quelque peu terne et rabougri par moments.

Dans le rôle de Paul, le comédien Hugues Frenette ne pourrait pas être mieux choisi. Il incarne avec une justesse déconcertante le everyman, le «vrai gars ordinaire dans sa petite vie ordinaire», un peu solitaire, souvent isolé dans son demi-sous-sol qu’il a transformé en atelier de création (dessin et écriture). Sa mère est incarnée par la nouvelle «mère à tous», Marie-Ginette Guay, la nouvelle Juliette Huot du Québec, la belle-mère du Simple Soldat, la mère des Plouffe, la mère de François Morency… et la mère de Paul, se renouvelant pourtant toujours d’un rôle à l’autre, oscillant être le comique et le touchant avec une aisance qui la rend irrésistible. Marie-Ginette Guay, comme tous les autres acteurs entourant Hugues Frenette, incarne aussi plusieurs autres personnages, parfois pendant quelques secondes seulement, avant de reglisser dans la peau de maman Aline.

Étienne d’Anjou, qui incarne et manipule la marionnette de Biscuit-le-chien, est très habile et malgré sa présence physique et ses changements de voix, parvient à amener le spectateur à croire à ce petit chien, fidèle compagnon de Paul. On ne peut que se réjouir de découvrir en même temps les talents de Paul Fruteau de Laclos (qui incarne principalement Tonio, un vieux voisin bougon), Odile Gagné-Roy (qui joue Rose, la fille de Paul), Valérie Boutin (qui incarne Lucie, l’ex de Paul et mère de Rose) et Nadia Girard Eddahia qui joue Kathie.

Bercé par la magnifique musique de Mathieu Turcotte, enracinée dans le jazz, Paul à la maison est du vrai de vrai feel-good théâtre comme on en a grandement besoin dans cette ère de morosité, de terreur et de violence.
Paul à la maison de Michel Rabagliati Adaptation pour la scène: Anne-Marie Olivier Mise en scène: Lorraine Côté Assistance à la mise en scène: Thomas Royer Avec Valérie Boutin, Étienne d’Anjou, Hugues Frenette, Paul Fruteau de Laclos, Odile Gagné-Roy, Nadia Girard Eddahia et Marie-Ginette Guay Musique: Mathieu Turcotte Scénographie: Christian Fontaine Costumes: Julie Morel Éclairages: Mathieu C. Bernard Accessoires: Marianne Lebel Coiffure: Myriam Richer Maquillages: Vanessa Cadrin Conception de la marionnette: Annabelle Roy Vidéo: Étienne d’Anjou Une production du Théâtre du Trident (Québec) en coprésentation avec le Grand Théâtre de Québec présenté à Montréal dans le cadre de Duceppe EN RAPPEL 12 au 22 juin 2025 (durée: 1h40 sans entracte) Théâtre Jean-Duceppe, Place des arts, Montréal Billets: 514-842-2112 Informations: https://duceppe.com/paul-a-la-maison/ Photos: Stéphane Bourgeois
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