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  • Photo du rédacteurYanik Comeau

«Qui veut la peau d’Antigone ?»: Sépulture universelle

par Yanik Comeau (Comunik Média / ZoneCulture)


Après Plácido_Mo – Montréal qui amenait les spectateurs à déambuler dans les rues du quartier Centre-Sud, Espace Libre fait place à La Sentinelle, seule compagnie théâtrale francophone dirigée entièrement par des Afro-descendants, et son exploration du mythe d’Antigone, la sœur rebelle de Polynice et Étéocle, les jeunes guerriers qui se sont entre-tués pour le trône de Thèbes. Leur oncle Créon, le nouveau roi, juge qu’Étéocle mérite une sépulture mais pas son frère. Antigone refuse de voir le corps de Polynice pourrir et être profané par les charognards.



S’inspirant des «versions» de Brecht, Sophocle et Anouilh, La Sentinelle revisite ce personnage qui a, depuis la nuit des temps, inspiré des milliers d’artistes (plus récemment Rébecca Déraspe et Olivier Arteau au Trident à Québec et Sophie Deraspe au cinéma).


La proposition est audacieuse. Présenter en trois semaines consécutives, trois monologues joués tour à tour par Tatiana Zinga Botao (Foirée montréalaise, Ceux qui se sont évaporés, Coriolan, L’Énéide), Philippe Racine Cantate de guerre, Nyotaimori et bientôt Lysis) et Lyndz Dantiste (Le Bizarre Incident du chien dans la nuit, Héritage, Soifs matériaux) qui offriront un éclairage différent selon le point de vue des protagonistes. Dans le premier monologue, joué avec un aplomb ensorcelant et saisissant par Tatiana Zinga Botao, celle-ci est à la fois narratrice, comédienne brisant le quatrième mur, interprète de l’anti-héroïne et de son oncle, Créon, ce dernier avec un accent congolais. J’hésite aussi à utiliser le mot monologue au lieu de solo puisque mon interprétation du monologue est une partition pour un seul personnage et ce n’est pas le cas ici. Mais tout cela n’est que sémantique.


Photo: Jules Bédard


Jouant au milieu et autour de tissus rouges qui tombent du plafond et qui peuvent être à la fois une forêt, des fleuves de sang, des drapés sur les épaules du roi, Tatiana Zinga Botao prend d’assaut la scène d’Espace Libre et envoûte le public pendant 50 minutes. Elle est puissante, vulnérable, drôle, touchante, fine. Elle commande l’attention dès les premières secondes, avant même d’avoir ouvert la bouche.


Encore ce soir et demain pour Tatiana (du 7 au 11 septembre) avant qu’elle cède la scène à Philippe Racine (14 au 18 septembre) et Lyndz Dantiste (21 au 25 septembre). Comme j’aurais aussi voulu voir ces deux interprètes-là ! Espérons que La Sentinelle offre éventuellement des captations des trois solos côte à côte. À voir absolument !



Qui veut la peau d’Antigone ? Conception: Philippe Racine, Ange Blédja, Sarah-Judith Hinse Paré et Valérie Bourque d’après les textes de Sophocle, Jean Anouilh et Bertolt Brecht Création et mise en scène: La Sentinelle Dramaturgie: Philippe Racine Collaboration: Olivia Palacci, Xavier Huard Assistante à la mise en scène: Delphine Rochefort Production : La Sentinelle en codiffusion avec Espace Libre Du 7 au 25 septembre 2021 (55 minutes sans entracte) Du mardi au samedi à 20h (sauf jeudi 19h) Espace Libre, 1945, rue Fullum, Montréal Réservations : 514-521-4191 Information : https://espacelibre.qc.ca/evenement/qui-veut-la-peau-dantigone/

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