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Performance danse-théâtre: «À bout de bras» de David Albert-Toth et Emily Gualtieri: Soif de vivre

par Yanik Comeau (Comunik Média / ZoneCulture)

Quand la danse et le théâtre se marient bien, on a droit à un véritable moment de grâce, comme c’est le cas présentement à l’Agora de la danse avec À bout de bras de Parts+Labour_Danse. Quand les compagnies de danse s’associent à un auteur dramatique à la plume forte, singulière comme Étienne Lepage, la portée dramatique du spectacle est d’autant plus pertinente et la danse contemporaine devient plus accessible à tous ceux qui ont tendance à la fuir parce qu’ils ne la comprennent pas (même si vous me direz qu’il ne faut pas nécessairement comprendre, mais plutôt sentir… ce que j’ai moi-même compris rapidement chaque fois que j'ai donné la chance à la danse de me toucher).



À bout de bras, c’est en effet une amusante et pertinente exploration de «nos paradoxes les plus intimes». En partant de son «je» très personnel, en brisant constamment le quatrième mur, David Albert-Toth touche le «nous» complice et intime des quelque cent spectateurs devant lui, chacun se reconnaissant dans la soif de solitude et la peur de l’isolement que tous ont vécue de force pendant les confinements, la soif concrète de boire (en l’occurrence un Coke en canette bien froid jusqu’au désir érotique, inaccessible comme le St-Graal – un splendide monologue, véritable pièce d’anthologie) et la soif plus métaphorique d’une chose et de son contraire. Quand on parle de paradoxes, on est happé par celui entre la puissante charge anticapitalisme du début du spectacle et cette obsession pour ce Coca-Cola classique, symbole on-ne-peut-plus criant de ce gros méchant capitalisme. Comme quoi on a beau… ce n’est pas si évident.



Entrecoupés de mouvement, de moments de danse qui mettent en valeur la grande souplesse et l’élégance de l’interprète, les textes bilingues – parfois en français, parfois en anglais – sont tout aussi divertissants que percutants. David Albert-Toth semble presque par moments improviser la langue dans laquelle il livrera telle ou telle phrase, tel ou tel paragraphe. Sans surtitres, on espère que tous les spectateurs peuvent saisir les deux langues, mais votre tout-dévoué s’est régalé de toutes les nuances et de l’interprétation généreuse du comédien-danseur dans les deux langues. On a droit aussi à un monologue qui devient presque rap pendant lequel David Albert-Toth se traine au sol et qui ravit par son niveau de virtuosité.



Quatre représentations, c’est très peu parce qu’avant que le public de la première puisse faire son œuvre de bouche à oreilles, déjà, les représentations seront terminées. Mais quel bonheur que de découvrir de tels bijoux d’arts vivants, ce pourquoi j’aurai toujours une grande soif.



À bout de bras

Cocréation : David Albert-Toth et Emily Gualtieri

Interprète: David Albert-Toth

Direction: Emily Gualtieri

Textes: Étienne Lepage, David Albert-Toth

Directrice des répétitions: Jamie Wright

Conception des éclairages: Paul Chambers

Compositeur: Antoine Berthiaume

Design illusions: Marc-Alexandre Brûlé

Direction de production: Dominique Sarrazin

Directeur technique et régie: Mateo Barrera

Production: Parts+Labour_Danse

Coproduction: Agora de la danse

Résidences de création: Banff Centre for Arts and Creativity, Centro per la scena contemporanea de Bassano del Grappa, Danse à la carte, La Rotonde, Studio Flak

Du 2 au 5 novembre 2022, 19h (samedi 16h) (durée: 60 minutes sans entracte)

Information: https://agoradanse.com/evenement/a-bout-de-bras/

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