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«Mythe» de Mykalle Bielinski: Chaos douillet, maelström harmonieux

Dernière mise à jour : 6 juil. 2019

Par Yanik Comeau (Comunik Média / ZoneCulture)


Mykalle Bielinski est une artiste multidisciplinaire que j’ai d’abord découverte dans Titus d’après Shakespeare présentée à Québec puis à Montréal au Prospero la saison dernière. J’ai été soufflé par sa voix puissante et d’une agilité impressionnante, par sa créativité de musicienne et son talent de comédienne. Depuis ce temps, elle a signé, pour quelques spectacles de théâtre, des musiques et des ambiances sonores que j’ai beaucoup aimées et j’ai eu envie de la suivre, de la regarder aller, se déployer dans toute sa splendeur.


Avec Mythe, présenté à l’Espace Libre ces jours-ci, elle propose un spectacle qui allie poésie, chant et incantations, une expérience pour les sens offerte par un chœur de cinq femmes. Bien que le spectacle gagnerait à chercher une cohésion plus serrée et peine à proposer une véritable «dramaturgie» (où exactement doit-on sentir la présence de Sophie Devirieux ? Quel était son rôle au juste ?), le spectateur est néanmoins invité, assis ou étendu sur une courtepointe d’édredons blancs qui fait le plancher complet de cette ancienne caserne de pompiers qu’est l’Espace Libre, à un festin pour les oreilles. La beauté des arrangements vocaux, des voix individuelles, des sonorités enivrantes rachète toutes les faiblesses narratives et suggère une introspection tout autant qu’une expérience collective.


Mythe se veut une réflexion sur la mort et sur les questions identitaires. On aurait sans doute gagné à moins créer de cacophonie dans les dialogues si l’on souhaitait que ceux-ci pénètrent l’âme. On parle souvent de chaos au cours du spectacle et pas de doute que l’on y parvient régulièrement, mais n’aurait-on pas pu permettre une communion plus facile aux mots ? On est aussi intrigués par le mélange des langues – le français et l’anglais auxquels semblent aussi s’ajouter des bribes de dialectes autochtones ou peut-être que je me trompe ? – mais certaines des interprètes gagneraient à s’en tenir à la langue de Molière ou à parfaire leur diction, leur prononciation lorsqu’elles s’attaquent à celle de Shakespeare.


Qu’à cela ne tienne, Mykalle Bielinski et ses comparses, notamment Florence Blain Mbaye et Élizabeth Lima que j’ai particulièrement appréciées, offrent une expérience enrichissante et hypnotique par moments. On pourrait y ajouter de la chaleur, mais ce ne sont pas l’énergie ou le tonus qui manquent.




Cette première mouture de Mythe sera peut-être ajustée, retravaillée, rehaussée par un travail plus approfondi au niveau dramaturgique, au niveau de sa structure et peut-être qu’on aura droit un moment donné à des tableaux moins décousus, moins enfilés sans conducteur clair. Mais se laisser aller à vivre un moment intense avec cinq interprètes de talent qui y mettent tout leur cœur ? Toujours.


Mythe de Mykalle Bielinski Idéation, musique, texte et mise en scène: Mykalle Bielinski Dramaturgie: Sophie Devirieux Avec Mykalle Bielinski, Florence Blain Mbaye, Laurence Dauphinais, Élizabeth Lima et Émilie Monnet Scénographie: Odile Gamache Conception sonore: Joël Lavoie Conception lumières: Hugo Dalphond Direction technique et assistance à la mise en scène: Claudie Gagnon Mentor au mouvement: Mélanie Demers Direction de chœur : Stacey Brown et Mélodie Rabatel Du 12 au 16 février 2019 (1h10 sans entracte) Production déléguée: LA SERRE – Arts vivants Espace Libre, 1945, rue Fullum, Montréal Réservations : 514-521-4191 – espacelibre.qc.ca

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