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«Candide ou L’Optimisme» de Pierre Yves Lemieux, d’après Voltaire: Dans les coulisses de la création

Dernière mise à jour : 9 mars 2021

par Yanik Comeau (Comunik Média)


Le théâtre de tous les classiques, ceux d’hier et de demain, le Théâtre du Nouveau Monde ouvre sa saison avec une production résolument moderne qui naît d’un classique de la littérature émergeant du siècle des Lumières, le Candide de Voltaire. Porté à la scène par Pierre Yves Lemieux – qui n’en est pas à ses premières adaptations théâtrales d’œuvres marquantes, lui qui a revisité Faulkner, Goldoni, Shakespeare, Tchekhov, Dumas – et la metteure en scène Alice Ronfard qui n’en est pas à ses premières collaborations avec le cofondateur de l’Opsis, le conte philosophique à la fois porteur de messages universels et toujours aussi rafraîchissant et lucide n’est pas bêtement transposé mais savamment remis dans le contexte de sa création par son auteur.


Sur scène, on retrouve donc François-Marie Arouet dit Voltaire, rajeuni d’une trentaine d’années (si l’on se fie à ce que l’on sait de la chronologie de l’écriture de Candide bien que l’on en connaisse, semble-t-il, plusieurs versions et que les historiens se disputent laquelle serait la plus récente, la finale, la plus achevée) et interprété magistralement par Emmanuel Schwartz qui habite la scène du TNM comme sa maison, exilé à Ferney (une autre chose qui est arrivée en réalité beaucoup plus tard dans sa vie), entouré d’amis et de complices dont il se «sert» pour incarner les personnages de son roman en devenir. Ainsi, Candide ou l’Optimisme, une des œuvres les plus célèbres de l’auteur, historien et philosophe, sera workshoppé avec l’aide de sa nièce madame Denis (Valérie Blais, véritable vent de fraîcheur, qu’il fait bon retrouver sur la scène du TNM), l’acteur parisien Armand Lebault (excellent Patrice Coquereau malgré quelques ratées le soir de la représentation à laquelle j’ai assisté) qui sera Pangloss, mademoiselle Adrienne (Larissa Corriveau qui incarne à merveille le prototype de la jeune comédienne en début de carrière) qui sera sa Cunégonde, et son complice, ami et serviteur Wagnière (sublime Benoît Drouin-Germain) qui deviendra son Candide avec toute la générosité, l’abandon, le positivisme (pour ne pas répéter l’autre mot) et la dévotion qu’il faut.



La mise en scène d’Alice Ronfard, à la fois épurée et efficace, fait la place belle aux acteurs béton qu’elle a choisis. Dans un décor minimaliste, à l’exception du lustre colossal qui par moments écrase, ajoute une lourdeur qui fait contraste et qui pourrait, en quelque sorte, illustrer la réflexion de l’auteur-créateur face aux choix qu’il doit faire et qui ne viennent pas toujours facilement, la distribution semble évoluer ni plus ni moins dans une salle de répétition ! Cette mise en situation n’est pas sans rappeler le formidable Shakespeare in Love de John Madden qui nous racontait l’écriture de Roméo et Juliette et les répétitions à la création de la plus célèbre histoire d’amour de l’histoire.Malgré que la pièce soit truffée de clins d’œil aux créateurs, aux interprètes, aux auteurs, elle n’en demeure pas moins accessible et universelle. Pierre Yves Lemieux l’insuffle clairement de ses propres réflexions sur la création sans pour autant s’éloigner de tout ce qui a dû torturer Voltaire pendant l’écriture de ce qui devait, à la base, être une «belle petite histoire» presque anodine et banale mais qui est devenue, avec son Traité sur la tolérance, une de ses œuvres les plus marquantes.



À une époque où l’être humain est peut-être à son moins tolérant, à son moins optimiste, à son plus cynique, à son plus triste et à son plus égoïste et individualiste, il fait bon se faire mettre en plein visage une belle et profonde réflexion sur l’art, la création, l’humain et sa place dans le monde. La saison du TNM s’amorce donc de belle façon en ouvrant ses portes à une création ancrée dans un classique intemporel. *** Candide ou l’Optimisme Une création pour la scène de Pierre Yves Lemieux d’après le roman de Voltaire Mise en scène: Alice Ronfard Avec Valérie Blais, Patrice Coquereau, Larissa Corriveau, Benoît Drouin-Germain, Emmanuel Schwartz. Une production du Théâtre du Nouveau Monde. 11 septembre au 6 octobre 2018 (Durée: 1h50 sans entracte) Théâtre du Nouveau Monde, 84, rue Sainte-Catherine Ouest, Montréal Billetterie: 514-866-8668, poste 1 - https://ticket.tnm.qc.ca Photos: Yves Renaud

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