top of page
  • Photo du rédacteur

«Bilan» de Marcel Dubé: C’est l’heure


par Yanik Comeau (Comunik Média / ZoneCulture)


Cinquante ans après sa création sur scène et encore plus longtemps après sa création à la télévision dans le cadre du très populaire Monde de Marcel Dubé qui a fait les beaux jours des téléthéâtres, le Théâtre du Nouveau Monde et sa directrice Lorraine Pintal, qui a déjà, elle-même, monté l’auteur avec beaucoup de succès, confient à Benoît Vermeulen, codirecteur du Théâtre Le Clou!, le mandat de faire redécouvrir Bilan à un nouveau public. Bien sûr, plusieurs de ceux et celles qui ont vu la pièce à sa création peuvent encore s’en souvenir. Cinquante ans, c’est un demi-siècle… pas un siècle complet !



Néanmoins, la pièce, datant d’avant et pendant la Révolution Tranquille, raconte une période de l’histoire du Québec qui semble bien loin, tout en semblant tristement proche à la fois. Dépoussiérant l’œuvre solidement et la présentant dans un décor qui s’avère un heureux mélange d’ancien et de nouveau (avec un DJ, des projections, une bande sonore qui marie différents univers), le metteur en scène y va à fond la caisse et assume pleinement ses choix.

Pigeant dans les différentes versions du texte, Vermeulen, qui fait son entrée au TNM comme metteur en scène (lui qui avait été dirigé par Lorraine Pintal dans Comme il vous plaira de Shakespeare au Cégep Lionel-Groulx alors qu’il était finissant en interprétation), fait un joyeux clin d’œil au téléthéâtre avec la projection de l’extrait d’une présentation par Henri Bergeron des Beaux Dimanches de la Société d’État. C’est ainsi que l’on passera au salon de William Larose pour la deuxième de trois parties de la pièce, après une première partie très dansée, très chorégraphiée et dynamisée par un tel choix.

La distribution – imposante – est impressionnante. À sa tête, le phénoménal Guy Jodoin qui semble faire le choix de jouer avec une diction inégale rappelant à la fois Jean Duceppe (le premier interprète de Larose et une des muses de Dubé), Pierre Péladeau (un «personnage» bien réel, pas très loin de l’homme d’affaires fictif de la pièce) et Maurice Duplessis, le Premier Ministre dont les valeurs se rattachent pas mal à celles du patriarche. À ses côtés, une Sylvie Léonard tout aussi formidable dans le rôle de Margot, sa femme, un personnage riche qui rappelle parfois les héroïnes troublantes de Tennessee Williams. Mickaël Gouin (étonnant et remarquable à la fois), Rachel Graton (saisissante) et Jonathan Morier (touchant) incarnent la génération suivante de la famille Larose alors que Christine Beaulieu (délicieusement vaporeuse), Mathieu Quesnel (agressif, troublant et aussi jaloux que le Curley de Des Souris et des hommes) et Rebecca Vachon (que j’ai eu le plaisir de découvrir dans La Place Rouge à la salle Fred-Barry plus tôt cette saison) jouent leurs pas toujours douces moitiés. Complétant la distribution, Jean-Philippe Perras (Raymond, le séducteur qui donne des boutons au mari de Suzie), Denis Trudel (dans le rôle du Sénateur Lacroix), Philippe Cousineau (nuancé dans le rôle de Gaston, l’ami et associé de William) et Joseph Bellerose en Albert, fidèle serviteur.



Bien que l’époque que l’on décrive puisse sembler dépassée – et le langage que l’on utilise aussi, malgré un travail évident de ce côté pour cette production – il reste que le théâtre de Dubé, celui qui raconte la famille, les machinations politiques, les confrontations sociales, ne sera jamais complètement caduc. Comme les vêtements, les costumes, ceux de Bonjour, là, Bonjour tout autant que ceux de Bilan, et les modes qui vont et qui viennent, les pièces vintage ne sont pas toutes pertinentes à reprendre, mais parfois, quand le moment est bien choisi…




Pour les performances impressionnantes et pour le faste de cette belle production tout autant que pour la leçon d’histoire bien dépoussiérée, il fait bon voir Bilan et découvrir ou redécouvrir l’œuvre d’un auteur qu’il ne fallait pas balayer du revers de la main trop rapidement. Parlez-en aussi au jeune metteur en scène Christian Lapointe qui monte ces jours-ci, à La Chapelle – Scènes contemporaines, Les Beaux Dimanches – la pièce de Dubé, pas la soirée culturelle hebdomadaire de Radio-Canada ! – que Lorraine Pintal avait aussi reprise dans ses premières années à la barre du TNM.


Bilan de Marcel Dubé Mise en scène: Benoît Vermeulen Avec Christine Beaulieu, Joseph Bellerose, Philippe Cousineau, Mickaël Gouin, Rachel Graton, Guy Jodoin, Sylvie Léonard, Jonathan Morier, Jean-Philippe Perras, Mathieu Quesnel, Denis Trudel et Rebecca Vachon. Une production du Théâtre du Nouveau Monde. 13 novembre au 8 décembre 2018 (Durée: approx. 2 heures sans entracte) Théâtre du Nouveau Monde, 84, rue Sainte-Catherine Ouest, Montréal Billetterie: 514-866-8668, poste 1 Tournée Les Sorties du TNM, du 16 janvier au 14 février 2019 Drummondville: 16 janvier, Maison des arts Desjardins Terrebonne: 18 janvier, Théâtre du Vieux-Terrebonne Sherbrooke: 22 janvier, Salle Maurice-O’Brady Gatineau: 25 et 26 janvier, Maison de la Culture Trois-Rivières: 29 janvier, Salle J. Antonio Thompson Laval: 1er février, Salle André-Mathieu Québec: 5 février, Salle Albert-Rousseau Rimouski: 7 février, Salle Desjardins-Telus Saint-Jean-sur-Richelieu: 10 février, Théâtre des Deux Rives Granby: 14 février, Le Palace Pour en savoir plus : https://ticket.tnm.qc.ca https://www.tnm.qc.ca/piece/bilan/

42 vues0 commentaire
bottom of page