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Théâtre: «Je suis William» de Rébecca Déraspe: Oh Marguerite!

  • Photo du rédacteur: Yanik Comeau
    Yanik Comeau
  • 30 oct.
  • 3 min de lecture

par Yanik Comeau (Comunik Média/ZoneCulture)

   Depuis plus de trente-cinq ans, le Théâtre Le Clou, fondé par Monique Gosselin, Sylvain Scott et Benoit Vermeulen et maintenant dirigé par les deux derniers, fabrique du théâtre pour adolescents qu’on pourrait presque qualifier d’artisanal. Rassemblant un auteur et un metteur en scène parfois pour développer sur un thème, souvent pour faire germer une histoire, toujours pour explorer l’humain d’aujourd’hui… même quand il puise dans le passé comme c’est le cas pour Je suis William, Le Clou a aussi un faible pour le théâtre musical, comme en témoigne la carrière de Sylvain Scott qui, non seulement est un comédien/musicien/chanteur ayant participé à plusieurs musicals comme L’Homme de la Mancha et La Famille Addams mais en a aussi écrit et mis en scène, bien sûr.


À la création de Je suis William, Renaud Paradis, Edith Arvisais et SImon Labelle-Ouimet jouaient les personnages maintenant interprétés par Guillaume Rodrigue, Rosalie Scott et Léonard Turgeon. Photo: Jean-Charles Labarre.
À la création de Je suis William, Renaud Paradis, Edith Arvisais et SImon Labelle-Ouimet jouaient les personnages maintenant interprétés par Guillaume Rodrigue, Rosalie Scott et Léonard Turgeon. Photo: Jean-Charles Labarre.

Avec Je suis William, c’est à Rébecca Déraspe que Le Clou s’est associé pour créer un théâtre musical qui explorera le mythe derrière le grand William Shakespeare. À l’époque où les femmes ne pouvaient même pas jouer au théâtre, encore moins en écrire, même que lire était considéré comme de la sorcellerie pour une «personne du sexe faible», serait-il possible que Marguerite, la sœur de William, ait vraiment été la plume derrière son frère qui voulait devenir comédien mais qui n’était peut-être pas l’écrivain dans la famille? Avec cette prémisse (pas si farfelue même si jamais prouvée malgré bien des recherches et des études sur le sujet), Le Clou peut explorer le féminisme, la place de la femme de la société actuelle, les avancées spectaculaires mais les dangers qui nous guettent dans un monde où la misogynie n’est malheureusement pas une chose du passé.


   C’est en 2018 que cette pièce a vu le jour et depuis, elle a remporté une multitude de d'honneurs dont le Prix Louise-LaHaye pour le meilleur texte jeune public porté à la scène en 2019 et le prix de la meilleure production jeune public décerné par l’AQCT. Au fil des années, les comédiens originaux, Édith Arvisais (que j’avais découverte dans Belles-Sœurs – Musical), Renaud Paradis (un autre comédien-chanteur, partenaire de jeu de Sylvain Scott dans Un Violon sur le toît) et Simon Labelle-Ouimet (qui a brillé par la suite dans La Corriveau, entre autres), ont cédé la place à d’autres et celle qu’on pourrait appeler la troisième distribution jouait récemment sur les planches de la Maison-Théâtre.


   Rosalie Scott (la fille de Sylvain que j’avais aussi vue l’an dernier dans l’adaptation de son père de Belles-Sœurs – Musical comme finissante en théâtre musical à Lionel-Groulx, l’alma mater du paternel aussi) est excellente en Marguerite, un personnage à la fois de son époque et de la nôtre, tiraillée entre son rôle de «fille traditionnelle» et ses ambitions «féministes» appartenant davantage à notre époque. Léonard Turgeon, une découverte pour moi, incarne un William vulnérable qui manque parfois de modestie mais qui n’a d’autre choix que faire preuve d’humilité s’il ne veut pas subir l’humiliation. Le formidable Guillaume Rodrigue, un de mes jeunes comédiens favoris, excelle dans la multiplication des rôles, jouant tour à tour cinq personnages, dont la mère et le père Shakespeare.


   La musique de Benoit Landry et Chloé Lacasse explore plusieurs styles musicaux, donnant aux jeunes spectateurs un éventail de sons à se mettre dans les oreilles, du classique au hip hop, de la pop au slam.


   Le texte de Rébecca Déraspe est à la fois inspirant, motivant et instructif sans perdre de vue son aspect ludique et divertissant… mais il est amusant de voir que le monologue de la fin, quand la mère s’adresse à sa fille (un peu pour lui donner des ailes), fait écho au monologue que livrera Janette Bertrand (Guylaine Tremblay), sept ans plus tard, dans Janette sur la scène de Duceppe. Comme quoi pour inspirer les filles et leur dire qu’elles ont leur place, qu’elles ont le droit de la prendre, les mots, parfois, peuvent se ressembler.



Je suis William – Théâtre musical

Texte et paroles: Rébecca Déraspe

Mise en scène et scénographie: Sylvain Scott

Assistance à la mise en scène: Dominique Cuerrier

Avec Rosalie Scott, Guillaume Rodrigue et Léonard Turgeon

Musicien sur scène: Jean-François De Bellefeuille

Éclairages: Luc Prairie

Costumes: Linda Brunelle assistée de Marie-Audrey Jacques

Chapeaux: Lyne Beaulieu 

Musique: Benoit Landry et Chloé Lacasse

Une production du Théâtre Le Clou

Du 28 octobre au 4 novembre 2025 (durée : 1h10 sans entracte)

La Maison-Théâtre, 245, rue Ontario Est, Montréal.

Billets: 514-288-7211, poste 1 (billetterie générale) poste 2 (billetterie scolaire)

En tournée:

16 décembre 2025 10h et 14h : Spect’Art Rimouski

6 au 9 mai 2026: Théâtre Français de Toronto

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