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Théâtre: «Coup de vieux» de Larry Tremblay: Où allons-nous?

Dernière mise à jour : 3 avr.

par Yanik Comeau (Comunik Média/ZoneCulture)


   Dès le début de sa carrière, Larry Tremblay semble faire un effort conscient et constant pour surprendre, pour se réinventer, pour explorer des styles et des genres différents tout en laissant toujours sa touche, sa marque personnelle. De son Déclic du destin à son Tableau final de l’amour en passant entre autres par Ogre, Panda Panda, Cantate de guerre, La Leçon d’anatomie, Téléroman, Le Génie de la rue Drolet et Le Joker, Larry Tremblay a exploré la langue, les codes de la société, fait des clins d’œil au théâtre, à l’histoire, dénoncé la guerre, flirté avec plusieurs niveaux d’humour, généralement avec succès. Comme son «cousin» Michel, il a connu des succès phénoménaux, publics et critiques, commis des œuvres moins transcendantes et écrit de véritables bijoux pour ne pas utiliser trop librement l’expression chefs d’œuvre.



   Avec Coup de vieux, une œuvre qui l’amène dans un tout autre univers que celui du Tableau final de l’amour, son œuvre précédente, Larry Tremblay semble vouloir explorer la fin de la vie, celle qui vient au bout d’existences sobres, relativement tranquilles, en opposition totale avec celles de Francis Bacon et George Dyer. Le contraste est pour le moins étonnant.




   L’écriture, les niveaux de langage des différents personnages, est aussi étonnante. Larry Tremblay semble vouloir explorer des avenues inusitées, lui qui nous a pourtant habitués à des sorties de sentiers battus encore plus prononcées mais avec beaucoup plus de succès. Ici, on s’étonne des dichotomies, on fronce les sourcils, on se questionne, on se perd un peu dans les méandres de la forme au détriment du fond.



   Pour défendre ce texte – testament ? (espérons que non) –, Claude Poissant, grand metteur en scène et connaisseur de Tremblay devant l’Éternel, réunit une distribution Québec-Montréal cinq étoiles pour une coproduction avec le Trident. On ne peut que se réjouir de voir sur scène les Jacques Leblanc, Marie Gignac et Jacques Girard aux côtés des transcendantes Sylvie Drapeau et Linda Sorgini auxquels s’ajoute le jeune Thomas Boudreau-Côté, absolument magnifique, mignon, drôle, habile comme clown polyvalent qui cimente la signature Tremblay.



   Mais malgré les forces du texte – pas un des plus forts de l’auteur, loin de là – on s’étonne aussi de la mise en scène de Poissant qui a pourtant tant contribué au succès de nombreuses créations de Larry Tremblay comme Abraham Lincoln va au théâtre, Grande Écoute, L’Orangeraie, Le Ventriloque et une reprise du Dragonfly of Chicoutimi. Claude Poissant propose de belles trouvailles qu’il ne semble pas mener au bout de sa proposition. On s’attriste de la sous-utilisation de ce beau clown au potentiel si riche et du piano sur la scène. On se questionne sur le choix de dépouillement scénographique. On s’étonne des choix de direction d’acteurs (ce jeu décalé de Sylvie Drapeau qu’on finit par accepter pour pouvoir aller de l’avant mais qui, dans la bouche et le corps d’une comédienne de moindre de talent aurait été insupportable), du texte très littéraire livré en Québécois qui ajoute à la théâtralité mais laisse perplexe.




   En sortant de la salle, malgré la réflexion que provoque la pièce sur notre propre mortalité, on a l’impression de rester sur notre faim tant au niveau du texte qu’au niveau de la mise en scène. Mais écouter du Larry Tremblay, côtoyer cette distribution délicieuse pendant 80 minutes, c’est certainement enrichissant malgré tout.



Coup de vieux de Larry Tremblay

Mise en scène: Claude Poissant

Interprétation: Thomas Boudreau-Côté, Jacques Girard, Sylvie Drapeau, Jacques Leblanc, Marie Gignac et Linda Sorgini

Assistance à la mise en scène et régie générale: Andrée-Anne Garneau

Scénographie: Jean Bard

Lumière: Philippe Lessard Drolet

Environnement sonore: Joris Rey

Costumes: Virginie Leclerc avec l’assistance de Danielle Boutin

Accessoires: Marie McNicoll

Maquillages: Élène Pearson

Coiffures: Florian Van Wambeke avec la collaboration de Sarah Tremblay

Conseil au mouvement: Josiane Bernier

Direction de production: Laurence Croteau-Langevin avec l’assistance de Janie Lavoie

Direction technique: Jean-Félix Labrie

Construction des décors: Astuce Décors

Chefs machinistes: Nicolas Dupuis et Éric-William Quinn

Cheffe lumière: Judith Rémillard

Cheffes son: Gabrielle Couillard et Chloé Rivest

Chef vidéo: Vladimir Cara

Équipe technique: Alexis Aubé, Emmanuel Bossé-Messier, Philippe Bélanger, Kevin Clément, Frédéric Dessoly, Anaé Lajoie Racine, Caroline Lortie, Louis-Charles Lusignan, Jonathan Massové Guerville, Victor Papineau-Holdrinet, Hugo Pires et Alexy Trottier

Une création du Centre du Théâtre d’Aujourd’hui et du Théâtre du Trident

Du 16 janvier au 10 février 2024 au Théâtre du Trident (Québec)

Du 18 mars au 13 avril 2024 (1h20 sans entracte)

Salle Michelle-Rossignol – Théâtre d’Aujourd’hui, 3900, rue Saint-Denis, Montréal

Billetterie: 514-282-3900 poste 1

Photos: Stéphane Bourgeois

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