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  • Photo du rédacteurYanik Comeau

Perfo interdisciplinaire: «M. Gros» de Geneviève et Matthieu: J’connais rien à l’art contemporain

par Yanik Comeau (Comunik Média / ZoneCulture)


La Chapelle nous a habitués à des spectacles déjantés, éclatés, qui repoussent les barrières, toutes des expressions galvaudées et tristement surutilisées. Cependant, avec M. Gros de Geneviève et Matthieu, un duo de Rouyn-Noranda qui fait la pluie et le beau temps en matière d’exploration multi et interdisciplinaire en Abitibi-Témiscamingue depuis plus de vingt ans, difficile de ne pas tomber dans le piège de tels mots.



M. Gros, on pourrait penser que c’est un pied de nez à la grossophobie, une attaque frontale contre les bien-pensants de notre société qui, malgré toutes les mutations sociales, continuent de nous bombarder d’images de corps parfaits improbables, retouchés aux photoshops et compagnie de ce monde. Y a peut-être un peu de ça, mais M. Gros, traduction de Mr. Big évidemment (et on ne parle pas de la tablette de chocolat!), se veut surtout une création qui «s’inspire de la technique canadienne d’investigation appelée Mr. Big qui permet à un policier, sous couverture, d’obtenir la confession d’un suspect de crime grave non résolu». Devant le résultat, en évolution si l’on se fie aux infos sur le site internet, ce délicieux – et protéiforme (pas de doute) – amalgame musical, théâtral, performatif, ce feu roulant d’images, de sons, d’ambiances pour presque tous les sens, au bout d’une longue exploration, il semble rester très peu de l’inspiration initiale, mais le spectateur qui s’abandonne n’est pas moins stimulé de partout par ce qu’on lui propose.



Geneviève et Matthieu, avec leurs complices, au milieu d’un décor qui pourrait ressembler au fantasme d’un fan fini de l’émission Hoarders mais dans lequel chaque objet, chaque accessoire est pourtant placé stratégiquement et utilisé de manière évocatrice, prennent vie lentement et finissent par se déchaîner pendant près d’une heure jusqu’à ce que Geneviève, le soir de la première du moins, annonce que c’est terminé. «C’EST FINI! ALLEZ-VOUS EN CHEZ VOUS!». Absolument hilarant.



Machine à coudre, clavier électronique, pédales à effets sonores (vous me pardonnerez mon manque de vocabulaire), costumes saisissants, ventilateur, souffleuse à feuilles (électrique, dieu merci !), marionnettes géantes, machine de barbe à papa (qui en fabrique pour vrai) et j’en manque plutôt qu’en passer passent tous et toutes entre les mains des interprètes de manière étonnante.


Malgré le côté complètement délinquant, clinquant, l’apparence d’à la va-comme-je-te-pousse, M. Gros est offert avec générosité par des interprètes talentueux et disciplinés. On aime le côté frondeur, effronté même, l’audace des contacts physiques amenés avec originalité, l’humour, l’ingéniosité tant dans les déplacements que dans la manipulation des accessoires et éléments de décor.



Bien que le spectacle soit principalement en français, certains éléments sont dans la langue de Shakespeare. De petits éléments – surtout en chanson – qu’on ne devrait pas perdre pour autant même si l’on n’est pas bilingue.



M. Gros Signataires : Geneviève & Matthieu Collaborateurs: Stefan St-Laurent, Peter James, Dominique Pétrin Directeur technique : Guillaume Lafontaine-Moisan Partenaires : Salon58, Fonderie Darling Coproduction : La Chapelle Scènes Contemporaines 12 au 15 octobre 2021 19h mardi/mercredi, 20h jeudi/vendredi (1h05 sans entracte) La Chapelle, Scènes Contemporaines, 3700, rue Saint-Dominique, Montréal Réservations : 514-843-7738 – www.lachapelle.org

Photos: David Wong

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