par Yanik Comeau (Comunik Média/ZoneCulture)
Pour faire suite aux Noces de Figaro de Mozart qui a ouvert la saison dernière, l’Opéra de Montréal y va du premier volet de la trilogie de Beaumarchais, cette fois adaptée à l'opéra par l’Italien Rossini, Le Barbier de Séville dans une production du Canadian Opera Company (à l’origine une coproduction entre le Houston Grand Opera, l’Opéra National de Bordeaux, l’Opera Australia et le Canadian Opera Company).
La première impression, en apercevant la scénographie, c’est que ce spectacle ne sera pas aussi festif que ce à quoi on a droit de s’attendre avec Rossini. Pourtant, rapidement, la mise en scène phénoménale de Joan Font, une direction d’acteurs vibrante, inventive, joyeuse, connecte naturellement avec les influences commedia dell’artesque qui ont marqué le théâtre de Beaumarchais tout autant que celui de Molière. Les joyeuses chorégraphies de Xevi Dorca et la troupe espagnole Els Comediants ajoutent des touches de cirque et de pantomime rigolote qui font que l’œil est sollicité de partout tout au long du spectacle. Un délice!
Ici, on n’est pas du tout dans la rigidité de la direction du jeu des interprètes que j’avais reprochée à Alain Gauthier pour La Traviata la saison dernière. Joan Font redouble d’audace et ne se gêne pas pour demander à ses interprètes de belles folies qui auraient ravi Beaumarchais tout autant que Rossini, j’en suis certain. C’est le baryton québécois Hugo Laporte qui livre un Figaro tout en voix mais pas moins coquin et frondeur, des qualités qu’il ne faut pas oublier quand on joue l’héritier d’Arlequin et de Scapin. Idem l’agile et charismatique ténor australien Alasdair Kent qui incarne un Comte Almaviva qui n’hésite pas à se transformer en quelques personnages loufoques pour obtenir accès à la belle Rosina (la charmante et séduisante mezzo-soprano canadienne Pascale Spinney, ex-membre de l’Atelier lyrique de l’Opéra de Montréal). Difficile de ne pas être emportés par le talent du bariton italien Omar Montanari qui incarne un formidable Dr. Bartolo, le tuteur de Rosina qui souhaite maintenant épouser la jolie jeune femme. On pense aux grandes interprétations des Sganarelle, Géronte et même Argan et Harpagon. Un joyeux mariage entre le talent lyrique, l’habileté physique et le sens du comique.
Les jolis costumes et les accessoires flamboyants de quelques-uns des tableaux ajoutent d’importantes touches de couleur à la scénographie somme toute assez sobre. C’est au niveau de la mise en scène, je le répète, que ça se joue.
Ce Barbier de Séville, grand classique du répertoire classique, ouvre donc de manière bien festive cette nouvelle saison qui se poursuivra avec un Hamlet contemporain en novembre. Entre temps, ne boudez pas votre plaisir. Laissez Figaro vous faire la barba… que vous en ayez ou non !
Le Barbier de Séville (en italien avec surtitres en français et en anglais) Compositeur: Gioachino Rossini d’après la pièce de Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais Mise en scène: Joan Font Metteur en scène associé et chorégraphe: Xevi Dorca Chef d’orchestre: Pedro Halffter dirigeant l’Orchestre Métropolitain et le Chœur de l’Opéra de Montréal Interprétation: Hugo Laporte (Figaro), Pascale Spinney (Rosina), Omar Montanari (Bartolo), Alasdair Kent (Comte Almaviva), Gianluca Margheri (Basilio), Bridget Esler (Berta), Mikelis Rogers (Fiorello), Jamal Al Titi (un officier) et Thomas Lussier (Ambrogio) Concepteur scénographie et costumes: Joan Guillen Concepteur éclairage original: Albert Faura Conceptrice éclairage Montréal : Anne-Catherine Simard Deraspe Une production du Canadian Opera Company Originalement une coproduction du Canadian Opera Company, le Houston Grand Opera, l’Opéra National de Bordeaux et l’Opera Australia Les 28 septembre, 1er, 3 octobre à 19h30 et 6 octobre 2024 à 14h (durée: 2h40 incluant un entracte de 25 minutes) Salle Wilfrid-Pelletier, Place des Arts, Montréal Info: https://www.operademontreal.com/programmation/le-barbier-de-seville Photos: Vivien Gaumand
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