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Danse: «SOFTLAMP.autonomies» de Ellen Furey et Malik Nashad Sharpe: Mantra chorégraphique

Dernière mise à jour : 28 févr. 2022

par Yanik Comeau (Comunik Média / ZoneCulture)


Avec leur tout nouveau duo, SOFTLAMP.autonomies, dont je ne m’explique toujours pas le titre, Ellen Furey et Malik Nashad Sharpe, deux artistes multidisciplinaires qui roulent leur bosse depuis un moment et multiplient les performances et les résidences de création aux quatre coins de la planète, créent une méditation chorégraphique, un mandala dansé qui, par la force des choses, est tellement lassant qu’il finit par avoir l’effet contraire de celui que l’on croit souhaité par les artistes.


Le soir de la première, le spectacle a commencé plus de vingt minutes en retard, soit à 19h25, une situation inexcusable, particulièrement quand un deuxième spectacle est programmé à 21 heures, et que la majorité des spectateurs sont bien en place dans leurs sièges à 19h10. Puis, lorsque le spectacle s’est enfin mis en marche, comme une locomotive à vapeur qui tarde à prendre son air d’aller (pourtant, on parle ici de deux interprètes déjà en scène, dans un dispositif scénique vide, avec des bâtons d’encens), on a droit à une vingtaine de minutes de quasi immobilité de la part des danseurs. Dans un silence tout aussi absolu. Comme regarder de la peinture sécher. Ou attendre qu’un mime bouge d’un demi-centimètre pour obtenir la confirmation qu'il n’est pas en plâtre. Les interprètes font preuve d’une excellente maîtrise de leurs corps, mais… encore ?


Puis, la musique part, faisant sursauter les spectateurs. On se dit : «[soupir de soulagement.] Oh ! Il va se passer quelque chose !» Les interprètes bougent avec une précision impressionnante, une énergie électrisante, dans une chorégraphie saisissante qui fait du bien. Qu’ils répètent une trentaine de fois avant de s’effondrer sur le plancher. Après quinze, on se demande où ils veulent en venir. La musique continue. La même musique qui dure environ une minute et qui se répète en boucle sans arrêt pendant ce qui semble une éternité mais n’est peut-être qu’une trentaine de minutes en réalité. Une bonne musique. Agréable. Bien foutue. Mais dont on finit par se lasser et même qui finit par taper royalement sur les nerfs. On sent le malaise – pour ne pas dire l’exaspération – du public qui monte. Puis, après quelques minutes d’immobilité supplémentaire, les interprètes se relèvent et reprennent la même chorégraphie une douzaine de fois de plus, comme s’ils s’étaient arrêté seulement pour reprendre leur souffle un moment. Ou nous donner un répit. Mais ils reprennent la même chose. Et quand il y a la moindre variation, on devient tout excité parce que «wow, regarde donc ça! Ils se font miroir au lieu d’être côte à côte! » Très étrange sentiment.


On finit par comprendre – si on ne le comprenait pas déjà – que cette répétition incessante, tant au niveau musical que chorégraphique, est ni plus ni moins qu’un mantra. Le problème, à mon sens, c’est que les interprètes ne nous emmènent pas avec eux dans leur voyage méditatif. Ils font leur exercice, dépensent leur énergie, brûlent leurs calories, mais nous laissent assis là comme des patates … et on sort de la salle vides et pas plus avancés dans notre propre cheminement que nous l’étions en entrant. Sauf si, pendant quelques minutes, on a fermé les yeux et pris quelques bonnes respirations, médité un peu. Comme j’ai fini par faire. Au lieu de me lever et sortir comme un seul spectateur a fini par le faire.


Le soir de la première, à la fin du spectacle, les interprètes ont reçu une généreuse pluie d’applaudissements chaleureux, mais ceux-ci étaient complètement à l’opposé du body language exprimé par le public tout au long de la représentation. Ça n’enlève rien à la qualité des mouvements, au talent des interprètes, mais on se demande, concrètement, ce qu’ils avaient à nous dire, même après avoir lu l’argumentaire obscur et pseudo-savant du programme. On aurait tant aimé que ça aille plus loin, qu’on en tire une quelconque émotion. Ce n’est peut-être que partie remise. J’ose l’espérer.

SOFTLAMP.autonomies

Co-créateurs et performeurs: Ellen Furey, Malik Nashad Sharpe

Dramaturgie/regard extérieur: Dana Michel

Lumières: Paul Chambers

23 avril 19h, 26 avril 20h, 30 avril 19h, 3 mai 2018 à 20h (approximativement 60 minutes sans entracte)

La Chapelle, Scènes Contemporaines, 3700, rue Saint-Dominique, Montréal

Réservations : 514-843-7738 – www.lachapelle.org

Photos : Ellen Kinga Michalska

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